Le président fondateur d'Amazon a profité de la période qui lui est ouverte après la publication des résultats annuels du groupe pour vendre la semaine dernière 1,7 million d'actions d'une valeur totale de 3,5 milliards de dollars. Passionné de fusée, avec Blue Origin, son deuxième bébé après Amazon, Jeff Bezos ne pouvait pas rater la fenêtre de tir lui permettant de vendre des actions du numéro un mondial du e-commerce juste après la publication de ses résultats annuels fin janvier.
Espace et philanthropie L'homme le plus riche du monde, avec une fortune estimée à quelque 130 milliards de dollars (environ 117 milliards d'euros) suite au bond du cours de l'action du fait des bons chiffres de fin d'année du géant de Seattle, a ainsi empoché près de 3,5 milliards de dollars. Jeff Bezos a cédé à peine 3 % de sa participation dans Amazon. De quoi lui faire oublier, peut-être ses dernières mésaventures - il vient de passer un séjour mouvementé en Inde à cause de petits commerçants en colère et d'apprendre que son téléphone aurait été piraté par l'Arabie saoudite. En août dernier, l'homme d'affaires avait vendu pas loin de 1,5 million de titres pour environ 2,84 milliards, rappelle le site spécialisé. Il figure, avec son ex-femme, parmi les principaux philanthropes américains en 2018, donnant ensemble cette année-là quelque deux milliards de dollars pour aider les sans-abri et améliorer la prise en charge préscolaire des jeunes enfants. La même année, le patron d'Amazon avait mis un milliard de dollars dans son entreprise spatiale Blue Origin.
Des chiffres impressionnants Amazon est l'une des quatre entreprises américaines qui ont dépassé les mille milliards de capitalisation boursière ces dernières semaines . Le numéro un mondial du e-commerce affiche en outre une série de chiffres impressionnants, comme le souligne l'analyste français indépendant Alexandre Casas, spécialiste des valeurs de distribution. Le groupe, qui était en situation de trésorerie positive au 31 décembre 2019, affiche ainsi un taux de marge brute proche de 40 %, en progression constante cette dernière décennie au rythme de la montée en puissance dans le cloud, avec Amazon Web Services (AWS). Elle illustre aussi l'évolution du business model de l'entreprise dont le taux de marge brute tournait autour de 20 % pendant la première décennie des années 2000. La marge d'excédent brut d'exploitation (Ebitda) s'affiche proche de 13 %, pour un Ebitda de 35 milliards de dollars. Selon Alexandre Casas, les fonds propres d'Amazon s'élèvent à 60 milliards et la rentabilité des capitaux investis (ROCE) à 8 milliards. De quoi assumer pendant des années encore des pertes à l'international, et d'assurer à Jeff Bezos une retraite bien méritée, si tant est qu'il la prenne. Mais cette réussite insolente pourrait aussi mettre la pression sur l'entreprise, à l'heure d'une prise de conscience mondiale de la nécessaire adaptation du modèle capitaliste aux impératifs environnementaux et sociétaux.