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La raison arabe perd l'un de ses théoriciens
Décès du philosophe marocain Al Jabri
Publié dans Le Midi Libre le 06 - 05 - 2010

Le philosophe marocain Mohamed Abed Al Jabri est décédé lundi dernier à Casablanca à l'âge de 75 ans. Né en 1935 à Figuig dans le sud-est du Maroc, Al-Jabri a laissé une quarantaine d'ouvrages qui proposent des lectures rationnelles de la culture arabe et musulmane.
Le philosophe marocain Mohamed Abed Al Jabri est décédé lundi dernier à Casablanca à l'âge de 75 ans. Né en 1935 à Figuig dans le sud-est du Maroc, Al-Jabri a laissé une quarantaine d'ouvrages qui proposent des lectures rationnelles de la culture arabe et musulmane.
Il fut également l'un des dirigeants du parti de l'Union socialiste des forces populaires (USFP) avant de claquer la porte en 1981 et se consacrer entièrement à l'écriture. Sa première thèse a porté sur le penseur maghrébin Ibn Khaldoun : Tribalisme et Etat: repères pour une théorie khaldounienne de l'histoire musulmane (1970). Cette étude sur le penseur maghrébin lui a fourni les outils théoriques pour l'analyse de la raison arabe. Une démarche largement inspirée du philosophe allemand Emmanuel Kant. Al Jabri par touches successives met au point une théorisation aussi dense que précise. En 1984 il publie Takwin al-aql al-arab (La formation de la raison arabe) puis en 1986 il enchaîne avec Bounyat al-aql al-arabi (La structure de la raison arabe). Son œuvre se fait ensuite l'écho de préoccupations politico-éthiques. En 1990, il fait paraître Al-aql al-siyassi al-arabi (La raison politique arabe) puis en 2001 Al-aql al-akhlaqi al-arabi  (La raison éthique arabe). Dans La formation de la raison arabe, Al-Jabri restitue la genèse de l'esprit intellectuel arabe en étudiant la théologie, la jurisprudence, la philosophie et la littérature. La pensée jabrienne suit un peu une démarche semblable à cette de Michel Foucault. Dans La structure de la raison arabe, il démonte le mécanisme "archéologique" et "généalogique" du système des idées ayant circulé dans le monde arabe tandis que dans La raison politique arabe il va décortiquer les étapes successives de la construction de la pensée politique depuis Médine jusqu'à nos jours en passant par les Omeyyades, les Abbassides, les Fatimides, etc. Dans sa Critique de la raison arabe, Al-Jabri propose une restitution originale des faits culturels. Il y décèle l'opposition entre la tradition orientale d'orientation mystique, représentée par Ibn Sina (Avicenne, 980-1037) et la théorisation rationnelle musulmane d'inclination occidentale, représentée par Ibn Rochd ( Averroès,1126-1169). Il explicite le pourquoi du déclin de la pensée arabe moderne et la marginalisation qui en a découlée. C'est ainsi, explique-t-il, que la pensée progressiste d'Averroès va être abandonnée lors même que la philosophie européenne occidentale se l'approprie.
Al Jabri est avec l'Algérien Mohammed Arkoun, auteur de la Critique de la raison islamique  l'un des penseurs du monde musulman qui a osé forger une analyse de la société et de la théologie musulmanes sans se référer au dogme religieux. Ses travaux du reste ont été pris pour cible par les clercs musulmans traditionnels notamment les «intellectuels» partisans de l'islam fondamentaliste pour qui seule l'étude s'appuyant sur la "sunna" (la Tradition musulmane) mérite d'avoir droit de cité.
Il fut également l'un des dirigeants du parti de l'Union socialiste des forces populaires (USFP) avant de claquer la porte en 1981 et se consacrer entièrement à l'écriture. Sa première thèse a porté sur le penseur maghrébin Ibn Khaldoun : Tribalisme et Etat: repères pour une théorie khaldounienne de l'histoire musulmane (1970). Cette étude sur le penseur maghrébin lui a fourni les outils théoriques pour l'analyse de la raison arabe. Une démarche largement inspirée du philosophe allemand Emmanuel Kant. Al Jabri par touches successives met au point une théorisation aussi dense que précise. En 1984 il publie Takwin al-aql al-arab (La formation de la raison arabe) puis en 1986 il enchaîne avec Bounyat al-aql al-arabi (La structure de la raison arabe). Son œuvre se fait ensuite l'écho de préoccupations politico-éthiques. En 1990, il fait paraître Al-aql al-siyassi al-arabi (La raison politique arabe) puis en 2001 Al-aql al-akhlaqi al-arabi  (La raison éthique arabe). Dans La formation de la raison arabe, Al-Jabri restitue la genèse de l'esprit intellectuel arabe en étudiant la théologie, la jurisprudence, la philosophie et la littérature. La pensée jabrienne suit un peu une démarche semblable à cette de Michel Foucault. Dans La structure de la raison arabe, il démonte le mécanisme "archéologique" et "généalogique" du système des idées ayant circulé dans le monde arabe tandis que dans La raison politique arabe il va décortiquer les étapes successives de la construction de la pensée politique depuis Médine jusqu'à nos jours en passant par les Omeyyades, les Abbassides, les Fatimides, etc. Dans sa Critique de la raison arabe, Al-Jabri propose une restitution originale des faits culturels. Il y décèle l'opposition entre la tradition orientale d'orientation mystique, représentée par Ibn Sina (Avicenne, 980-1037) et la théorisation rationnelle musulmane d'inclination occidentale, représentée par Ibn Rochd ( Averroès,1126-1169). Il explicite le pourquoi du déclin de la pensée arabe moderne et la marginalisation qui en a découlée. C'est ainsi, explique-t-il, que la pensée progressiste d'Averroès va être abandonnée lors même que la philosophie européenne occidentale se l'approprie.
Al Jabri est avec l'Algérien Mohammed Arkoun, auteur de la Critique de la raison islamique  l'un des penseurs du monde musulman qui a osé forger une analyse de la société et de la théologie musulmanes sans se référer au dogme religieux. Ses travaux du reste ont été pris pour cible par les clercs musulmans traditionnels notamment les «intellectuels» partisans de l'islam fondamentaliste pour qui seule l'étude s'appuyant sur la "sunna" (la Tradition musulmane) mérite d'avoir droit de cité.


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