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Le débat évacué
Sortie de crise, quelle stratégie ?
Publié dans Le Midi Libre le 19 - 09 - 2007

C'est au moment où le gouvernement et l'UGTA signent un accord sur la grille des salaires de la Fonction publique que les organisations patronales annoncent une réunion de coordination. On se rencontre, on se congratule, mais sans le moindre débat de fond.
C'est au moment où le gouvernement et l'UGTA signent un accord sur la grille des salaires de la Fonction publique que les organisations patronales annoncent une réunion de coordination. On se rencontre, on se congratule, mais sans le moindre débat de fond.
La rentrée est certainement moins chaude que ne l'avaient prévu les Cassandres, mais force est de dire que la résolution des problèmes multiples qui se posent à la Nation n'a été que différée. Pour l'heure, les citoyens, dans leur grande majorité, sont pris par la rentrée scolaire et universitaire ou par le mois du Ramadan. Ils n'ont donc pas l'esprit à l'agitation sociale.
Trois forces principales sont montées au créneau pour jouer au pompier, chacune à sa manière : le gouvernement, l'UGTA et le patronat.
La première institution à être interpellée par la flambée des prix fut bien entendu le gouvernement. C'est sa mission de veiller à la bonne marche des affaires de la nation, entre autres l'approvisionnement des ménages en produits de première nécessité et de la stabilité du pouvoir d'achat. Un comité interministériel ad hoc fut mis sur place en plein mois d'août, qui prit un certain nombre de résolutions pour calmer le front social et anticiper sur la grogne à venir. Programme d'urgence pris à la hâte, ces mesures n'apportent pas grand-chose sur le fond, mais ont l'heur de montrer que le gouvernement fait quelque chose. C'est toujours ça. Car l'immobilisme est quelque chose de mortel.
La seconde force à monter au créneau fut la Centrale syndicale. C'est son rôle de défendre les intérêts socioprofessionnels des travailleurs, et comme ces derniers représentent l'ossature de la société, l'intervention de l'UGTA a eu pour effet de dire : «On est là, et on défend vos intérêts». Les discussions étaient biaisées, un peu techniques sur les bords, oiseuses sur le fond, mais toujours est-il qu'avec sa voix tonitruante, et sa bonhomie légendaire, Abdelmadjid Sidi Saïd a l'air de brasser de l'air tout en faisant croire que des milliards pleuvent dans la bourse des travailleurs. C'est aussi cela l'action syndicale : faire croire et vendre du vent. Ça a l'avantage de calmer les tempêtes et de faire patienter les travailleurs qui ne croient pas dans l'action syndicale version Sidi Saïd.
La troisième force à monter au créneau fut paradoxalement le patronat. Là aussi, les propositions furent très techniques, remettant sur le tapis de vieilles revendications, entre autres celle de la parité du dinar. Les patrons souhaitent, c'est connu, une monnaie nationale forte. On sait tous que de nombreux investisseurs furent ruinés au début des années 90 par une dévaluation trop importante du dinar. Beaucoup durent mettre la clé sous le paillasson. Retour de manivelle, les patrons ont voulu profiter des difficultés conjoncturelles pour amorcer un débat sur la question. La réponse du Chef du gouvernement fut, sinon cinglante, du moins négative. Une fin de non-recevoir fut opposée aux patrons. En expliquant qu'une appréciation du taux de change affecterait la compétitivité des secteurs hors hydrocarbures, stimulerait les importations des biens et services, alors qu'elles sont déjà trop élevées, causerait une érosion de la fiscalité pétrolière et impliquerait une érosion des réserves de change «qui seraient fortement sollicitées pour couvrir un dinar fort», le Chef du gouvernement a cru bon de clore un débat sur la question. Ce qu'il a oublié de préciser c'est que le gouvernement algérien a pris des engagements avec le FMI et les instances internationales sur le sujet, et qu'il n'est plus question de rouler les mécaniques quand on sort d'un plan d'ajustement structurel. La mondialisation, c'est aussi cela. La Banque centrale d'Algérie détermine peut-être la parité du dinar, mais elle est obligée de tenir compte des observations, voire des injonctions de ces institutions de Brettons Wood.
Le trio UGTA, Belkhadem, Patronat
Et voilà que début septembre les mêmes acteurs reviennent à la charge, chacun à sa manière toujours. UGTA, Gouvernement et patronat.
On appréciera les hasards du calendrier. C'est au moment même où MM. Belkhadem et Sidi-Saïd signent un accord sur la nouvelle grille des salaires de la Fonction publique que les organisations patronales annoncent une réunion de coordination. Dans les deux cas, on voit qu'il n'y aucun débat de fond. Si le Chef du gouvernement et Sidi-Saïd font de la politique politicienne à la place de la gestion des problèmes, les organisations patronales ne font pas autre chose. L'Algérie est peut-être le seul pays au monde où il existe autant d'organisations patronales. Des chapelles, des clans, des groupes d'intérêts, chacun veut tirer la couverture à soi. Maintes fois a été annoncée la mise en place d'une coordination nationale, mais on est toujours passé outre. C'est comme le mythe de Sisyphe. Une unification toujours recommencée, dans le désordre et le capharnaüm. Paradoxalement, ce sont les ministres réformateurs qui sont demeurés étrangement muets durant cette période. Où sont passés donc les Temmar et Medelci ?
Tous ces acteurs (UGTA, patronat, cadres de la nation) ne pourraient-ils pas tenir des assises pour discuter sans franquette de tous ces problèmes de la nation : la stratégie industrielle, la politique salariale, les charges patronales, le guichet unique, et bien sûr la politique agricole. Pourquoi a-t-on négligé le développement de la semence de pomme de terre ? Pourquoi faut-il l'importer du Canada ? Pourquoi n'encourage-t-on pas le lancement de fermes laitières de stature industrielle ? Pourquoi a-t-on favorisé une agriculture arboricole au détriment de la céréaliculture ? Toutes ces questions et bien d'autres devraient être débattues. Si le FMI est toujours en mesure de nous dicter notre politique monétaire et la parité du dinar, on voudrait savoir quelle est la place de l'Algérie dans la mondialisation. Car lorsque M. Belkhadem dit que l'augmentation des prix du lait et de la pomme de terre a été importée, parce que les cours de ces produits ont augmenté sur les marchés internationaux, il confirme que l'Algérie ne peut pas échapper à la mondialisation. Notre pays profite très certainement de l'envolée des prix du baril, mais cette envolée elle-même a des conséquences. Le paysan cubain ou brésilien, qui paie un pétrole plus cher, est obligé de répercuter cela sur les prix du sucre ou du café. Le paysan européen doit aussi vendre son lait, ou son blé plus cher. Ce n'est pas un cercle vicieux, mais ce sont des données que l'on doit prendre en considération. L'autarcie n'existe pas, surtout pour un pays qui dépend de l'étranger pour ses produits alimentaires, et qui n'exporte que les hydrocarbures.
C'est ce moment précis que choisit le FMI pour pondre une note succulente, et posant cette question pas du tout innocente: «Pourquoi le taux de chômage en Algérie est plus élevé que dans les pays de la région Moyen-Orient-Afrique du Nord et les pays en transition ?» Tout en reconnaissant qu'il a sensiblement été réduit, le document note tout de même que si le PIB hors hydrocarbure s'est développé en moyenne de 5,5 % (période 1995-2005), le taux de chômage, qui est de 15,5 % en 2005, reste à un niveau supérieur à la moyenne des deux ensembles étudiés.
Une stratégie nationale
de développement
Parmi les facteurs aggravants cités dans le document, il y a lieu de relever la faible productivité du travail, (impliquant que plus d'ouvriers seraient nécessaires pour produire le même volume de rendement), mais aussi le taux d'intérêt réel, dont l'élévation ralentit la demande domestique et augmente le coût du capital. Ce qui a pour conséquence de baisser la demande de travail.
L'étape actuelle nécessite de dépasser les clivages qui peuvent apparaître entre gouvernement, UGTA et patronat pour aller vers plus de concertation, et surtout débattre en toute franchise d'une stratégie nationale de développement, touchant à la fois l'agriculture, l'industrie, le tourisme, la PME-PMI, la place de la formation et de la recherche dans tout cet ensemble, et surtout chercher les interactions et les synergies entre tous ces secteurs. Tout a son importance et a une influence sur les autres : la parité du dinar, les missions des banques, le foncier industriel, la mise en place de pôles de compétence, le développement de la semence de pomme de terre et de céréales. Croire le contraire est une utopie et conduit à tourner le dos à la mondialisation.
La mondialisation est là, elle peut nous écraser ou au contraire, nous offrir une petite place dans son dynamisme. On ne peut pas hélas l'ignorer. Lorsque le cours de la poudre de lait augmente, il faut bien que quelqu'un paie la facture. Aujourd'hui, l'Etat peut le faire, grâce à l'aisance financière, mais il le fait au détriment d'autres choses et, surtout, il ne pourra pas toujours le faire, car la roue tourne.
La rentrée est certainement moins chaude que ne l'avaient prévu les Cassandres, mais force est de dire que la résolution des problèmes multiples qui se posent à la Nation n'a été que différée. Pour l'heure, les citoyens, dans leur grande majorité, sont pris par la rentrée scolaire et universitaire ou par le mois du Ramadan. Ils n'ont donc pas l'esprit à l'agitation sociale.
Trois forces principales sont montées au créneau pour jouer au pompier, chacune à sa manière : le gouvernement, l'UGTA et le patronat.
La première institution à être interpellée par la flambée des prix fut bien entendu le gouvernement. C'est sa mission de veiller à la bonne marche des affaires de la nation, entre autres l'approvisionnement des ménages en produits de première nécessité et de la stabilité du pouvoir d'achat. Un comité interministériel ad hoc fut mis sur place en plein mois d'août, qui prit un certain nombre de résolutions pour calmer le front social et anticiper sur la grogne à venir. Programme d'urgence pris à la hâte, ces mesures n'apportent pas grand-chose sur le fond, mais ont l'heur de montrer que le gouvernement fait quelque chose. C'est toujours ça. Car l'immobilisme est quelque chose de mortel.
La seconde force à monter au créneau fut la Centrale syndicale. C'est son rôle de défendre les intérêts socioprofessionnels des travailleurs, et comme ces derniers représentent l'ossature de la société, l'intervention de l'UGTA a eu pour effet de dire : «On est là, et on défend vos intérêts». Les discussions étaient biaisées, un peu techniques sur les bords, oiseuses sur le fond, mais toujours est-il qu'avec sa voix tonitruante, et sa bonhomie légendaire, Abdelmadjid Sidi Saïd a l'air de brasser de l'air tout en faisant croire que des milliards pleuvent dans la bourse des travailleurs. C'est aussi cela l'action syndicale : faire croire et vendre du vent. Ça a l'avantage de calmer les tempêtes et de faire patienter les travailleurs qui ne croient pas dans l'action syndicale version Sidi Saïd.
La troisième force à monter au créneau fut paradoxalement le patronat. Là aussi, les propositions furent très techniques, remettant sur le tapis de vieilles revendications, entre autres celle de la parité du dinar. Les patrons souhaitent, c'est connu, une monnaie nationale forte. On sait tous que de nombreux investisseurs furent ruinés au début des années 90 par une dévaluation trop importante du dinar. Beaucoup durent mettre la clé sous le paillasson. Retour de manivelle, les patrons ont voulu profiter des difficultés conjoncturelles pour amorcer un débat sur la question. La réponse du Chef du gouvernement fut, sinon cinglante, du moins négative. Une fin de non-recevoir fut opposée aux patrons. En expliquant qu'une appréciation du taux de change affecterait la compétitivité des secteurs hors hydrocarbures, stimulerait les importations des biens et services, alors qu'elles sont déjà trop élevées, causerait une érosion de la fiscalité pétrolière et impliquerait une érosion des réserves de change «qui seraient fortement sollicitées pour couvrir un dinar fort», le Chef du gouvernement a cru bon de clore un débat sur la question. Ce qu'il a oublié de préciser c'est que le gouvernement algérien a pris des engagements avec le FMI et les instances internationales sur le sujet, et qu'il n'est plus question de rouler les mécaniques quand on sort d'un plan d'ajustement structurel. La mondialisation, c'est aussi cela. La Banque centrale d'Algérie détermine peut-être la parité du dinar, mais elle est obligée de tenir compte des observations, voire des injonctions de ces institutions de Brettons Wood.
Le trio UGTA, Belkhadem, Patronat
Et voilà que début septembre les mêmes acteurs reviennent à la charge, chacun à sa manière toujours. UGTA, Gouvernement et patronat.
On appréciera les hasards du calendrier. C'est au moment même où MM. Belkhadem et Sidi-Saïd signent un accord sur la nouvelle grille des salaires de la Fonction publique que les organisations patronales annoncent une réunion de coordination. Dans les deux cas, on voit qu'il n'y aucun débat de fond. Si le Chef du gouvernement et Sidi-Saïd font de la politique politicienne à la place de la gestion des problèmes, les organisations patronales ne font pas autre chose. L'Algérie est peut-être le seul pays au monde où il existe autant d'organisations patronales. Des chapelles, des clans, des groupes d'intérêts, chacun veut tirer la couverture à soi. Maintes fois a été annoncée la mise en place d'une coordination nationale, mais on est toujours passé outre. C'est comme le mythe de Sisyphe. Une unification toujours recommencée, dans le désordre et le capharnaüm. Paradoxalement, ce sont les ministres réformateurs qui sont demeurés étrangement muets durant cette période. Où sont passés donc les Temmar et Medelci ?
Tous ces acteurs (UGTA, patronat, cadres de la nation) ne pourraient-ils pas tenir des assises pour discuter sans franquette de tous ces problèmes de la nation : la stratégie industrielle, la politique salariale, les charges patronales, le guichet unique, et bien sûr la politique agricole. Pourquoi a-t-on négligé le développement de la semence de pomme de terre ? Pourquoi faut-il l'importer du Canada ? Pourquoi n'encourage-t-on pas le lancement de fermes laitières de stature industrielle ? Pourquoi a-t-on favorisé une agriculture arboricole au détriment de la céréaliculture ? Toutes ces questions et bien d'autres devraient être débattues. Si le FMI est toujours en mesure de nous dicter notre politique monétaire et la parité du dinar, on voudrait savoir quelle est la place de l'Algérie dans la mondialisation. Car lorsque M. Belkhadem dit que l'augmentation des prix du lait et de la pomme de terre a été importée, parce que les cours de ces produits ont augmenté sur les marchés internationaux, il confirme que l'Algérie ne peut pas échapper à la mondialisation. Notre pays profite très certainement de l'envolée des prix du baril, mais cette envolée elle-même a des conséquences. Le paysan cubain ou brésilien, qui paie un pétrole plus cher, est obligé de répercuter cela sur les prix du sucre ou du café. Le paysan européen doit aussi vendre son lait, ou son blé plus cher. Ce n'est pas un cercle vicieux, mais ce sont des données que l'on doit prendre en considération. L'autarcie n'existe pas, surtout pour un pays qui dépend de l'étranger pour ses produits alimentaires, et qui n'exporte que les hydrocarbures.
C'est ce moment précis que choisit le FMI pour pondre une note succulente, et posant cette question pas du tout innocente: «Pourquoi le taux de chômage en Algérie est plus élevé que dans les pays de la région Moyen-Orient-Afrique du Nord et les pays en transition ?» Tout en reconnaissant qu'il a sensiblement été réduit, le document note tout de même que si le PIB hors hydrocarbure s'est développé en moyenne de 5,5 % (période 1995-2005), le taux de chômage, qui est de 15,5 % en 2005, reste à un niveau supérieur à la moyenne des deux ensembles étudiés.
Une stratégie nationale
de développement
Parmi les facteurs aggravants cités dans le document, il y a lieu de relever la faible productivité du travail, (impliquant que plus d'ouvriers seraient nécessaires pour produire le même volume de rendement), mais aussi le taux d'intérêt réel, dont l'élévation ralentit la demande domestique et augmente le coût du capital. Ce qui a pour conséquence de baisser la demande de travail.
L'étape actuelle nécessite de dépasser les clivages qui peuvent apparaître entre gouvernement, UGTA et patronat pour aller vers plus de concertation, et surtout débattre en toute franchise d'une stratégie nationale de développement, touchant à la fois l'agriculture, l'industrie, le tourisme, la PME-PMI, la place de la formation et de la recherche dans tout cet ensemble, et surtout chercher les interactions et les synergies entre tous ces secteurs. Tout a son importance et a une influence sur les autres : la parité du dinar, les missions des banques, le foncier industriel, la mise en place de pôles de compétence, le développement de la semence de pomme de terre et de céréales. Croire le contraire est une utopie et conduit à tourner le dos à la mondialisation.
La mondialisation est là, elle peut nous écraser ou au contraire, nous offrir une petite place dans son dynamisme. On ne peut pas hélas l'ignorer. Lorsque le cours de la poudre de lait augmente, il faut bien que quelqu'un paie la facture. Aujourd'hui, l'Etat peut le faire, grâce à l'aisance financière, mais il le fait au détriment d'autres choses et, surtout, il ne pourra pas toujours le faire, car la roue tourne.


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