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Mère poule
Ya radjel ! Ya mra !
Publié dans Le Midi Libre le 13 - 12 - 2007

Il n'y a pas à dire : Aïcha avait beau présenter une apparence extérieure sévère, rébarbative, pour tout dire un caractère de cochon, passant le plus clair de son temps à critiquer, réprimander, à vitupérer, à blâmer, à passer en revue chaque membre de la nébuleuse qui s'appelle la famille, au sens très large du terme, à faire des portraits peints à l'acide, à refaire souvent la chronologie des petites rancunes en les réinterprétant différemment, à reconsidérer les rapports de «ces gens-là» avec sa propre cellule familiale, sa nichée, sa couvée, Aïcha a un sens du nif très développé. Messaoud lui-même le reconnaît et sur ce terrain-là, il ne mène pas large et préfère s'effacer : Aïcha avait plusieurs longueurs d'avance et déployait une énergie incroyable et elle était constamment sur la brèche.
A peine apprend-elle qu'il y a une naissance dans le large cercle de la famille qu'elle se rend aussitôt à la clinique, s'empresse de s'enquérir de l'état de la maman, s'agite, s'occupe des langes, du linge, lie connaissance avec la sage-femme, lui recommande sa protégée, vérifie si toutes les commodités sont réunies pour le nouvel arrivant, propose un prénom en vertu d'un aîné récemment disparu sans oublier bien entendu de se fendre d'un petit cadeau. Bref, elle met tout le monde mal à l'aise avec ses envahissantes attentions sans oublier, et c'est ce qui désole le plus Messaoud, que cela porte de sérieux coups au budget familial quand on connaît le degré de fertilité des jeunes couples. Pour les noces c'est pire. D'abord elle achète une nouvelle tenue pour chaque mariage, et pour éblouir ses belles-sœurs, offre un somptueux cadeau, histoire de marquer des points aux mesquins qui se présentent avec des trucs minables. Elle peut alors s'afficher et, des marmites jusqu'à la salle des fêtes, Aïcha met son grain de sel partout : heureusement elle ne sait ni chanter ni danser, cela ne l'empêche pas de battre des mains à se rompre les phalanges. Par contre elle peut à loisir critiquer la tenue ou le style d'une proche. Quand il ya un malade ou un décès, Aïcha est au premier rang des inquiètes ou des pleureuses. Tenez, quand Messaoud a eu sa première alerte côté cœur, elle s'est soudain métamorphosée en infirmière douce et attentive : elle s'était mobilisée une semaine durant pour le mener de cardiologue en cardiologue (deux diagnostics valent mieux qu'un, dit-elle), elle a supervisé tous ses examens et analyses. Messaoud s'est senti retomber en enfance. Mais cela n'a duré que le temps des diagnostics : une fois que Messaoud a recouvré la forme, Aïcha est redevenue Aïcha, celle qui veille sur tout et sur tous, toujours la première à se manifester quand un nuage obscurcit le ciel : comme par exemple à l'occasion des deux attentats barbares qui on ensanglanté la capitale, Aïcha est restée accrochée toute la matinée à son portable. Elle ne l'a lâché que quand elle a pu joindre (dans l'ordre) ses enfants, Messaoud, ses sœurs, ses neveux, s'enquérant de l'endroit où ils se trouvaient au moment du drame.
Et pendant ce temps, Messaoud passait d'une chaîne satellitaire à l'autre pour connaître le bilan des victimes innocentes et l'étendue des dégâts.
Il n'y a pas à dire : Aïcha avait beau présenter une apparence extérieure sévère, rébarbative, pour tout dire un caractère de cochon, passant le plus clair de son temps à critiquer, réprimander, à vitupérer, à blâmer, à passer en revue chaque membre de la nébuleuse qui s'appelle la famille, au sens très large du terme, à faire des portraits peints à l'acide, à refaire souvent la chronologie des petites rancunes en les réinterprétant différemment, à reconsidérer les rapports de «ces gens-là» avec sa propre cellule familiale, sa nichée, sa couvée, Aïcha a un sens du nif très développé. Messaoud lui-même le reconnaît et sur ce terrain-là, il ne mène pas large et préfère s'effacer : Aïcha avait plusieurs longueurs d'avance et déployait une énergie incroyable et elle était constamment sur la brèche.
A peine apprend-elle qu'il y a une naissance dans le large cercle de la famille qu'elle se rend aussitôt à la clinique, s'empresse de s'enquérir de l'état de la maman, s'agite, s'occupe des langes, du linge, lie connaissance avec la sage-femme, lui recommande sa protégée, vérifie si toutes les commodités sont réunies pour le nouvel arrivant, propose un prénom en vertu d'un aîné récemment disparu sans oublier bien entendu de se fendre d'un petit cadeau. Bref, elle met tout le monde mal à l'aise avec ses envahissantes attentions sans oublier, et c'est ce qui désole le plus Messaoud, que cela porte de sérieux coups au budget familial quand on connaît le degré de fertilité des jeunes couples. Pour les noces c'est pire. D'abord elle achète une nouvelle tenue pour chaque mariage, et pour éblouir ses belles-sœurs, offre un somptueux cadeau, histoire de marquer des points aux mesquins qui se présentent avec des trucs minables. Elle peut alors s'afficher et, des marmites jusqu'à la salle des fêtes, Aïcha met son grain de sel partout : heureusement elle ne sait ni chanter ni danser, cela ne l'empêche pas de battre des mains à se rompre les phalanges. Par contre elle peut à loisir critiquer la tenue ou le style d'une proche. Quand il ya un malade ou un décès, Aïcha est au premier rang des inquiètes ou des pleureuses. Tenez, quand Messaoud a eu sa première alerte côté cœur, elle s'est soudain métamorphosée en infirmière douce et attentive : elle s'était mobilisée une semaine durant pour le mener de cardiologue en cardiologue (deux diagnostics valent mieux qu'un, dit-elle), elle a supervisé tous ses examens et analyses. Messaoud s'est senti retomber en enfance. Mais cela n'a duré que le temps des diagnostics : une fois que Messaoud a recouvré la forme, Aïcha est redevenue Aïcha, celle qui veille sur tout et sur tous, toujours la première à se manifester quand un nuage obscurcit le ciel : comme par exemple à l'occasion des deux attentats barbares qui on ensanglanté la capitale, Aïcha est restée accrochée toute la matinée à son portable. Elle ne l'a lâché que quand elle a pu joindre (dans l'ordre) ses enfants, Messaoud, ses sœurs, ses neveux, s'enquérant de l'endroit où ils se trouvaient au moment du drame.
Et pendant ce temps, Messaoud passait d'une chaîne satellitaire à l'autre pour connaître le bilan des victimes innocentes et l'étendue des dégâts.


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