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Les affaires de corruption vues par des analystes politiques : Opération mains-propres ou clash dans le sérail ?
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 17 - 02 - 2010


El Watan, 17 février 2010
- Rachid Tlemçani : « Les scandales sont révélateurs des luttes au pouvoir »
- Abdelaziz Rahabi : « Nous avons désormais la confirmation que les dix ans de règne de Bouteflika sont des années de corruption. Une corruption éminemment politique »
- Me Ali Yahia Abdenour : « L'année 2010 est placée sous le signe de la rupture au sommet de l'Etat ». Jamais les affaires de grosses corruptions n'ont fait autant de scandales que depuis la réélection du président Bouteflika pour un 3e mandat. Le « déballage » à flux ininterrompus d'esclandres politico-financiers est d'une ampleur sans pareille. Les investigations du DRS – présentées par le Premier ministre comme une commande du chef de l'Etat – ont mis à nu des systèmes complexes et transnationaux de corruption nichée au cœur de l'Etat. Des chefs de cabinet et secrétaires généraux au sein de ministères à gros budgets, des cadres dirigeants dans de grandes entreprises nationales et étrangères, des officiers supérieurs de l'armée et surtout des membres ou d'ex-membres du gouvernement réputés être du « premier cercle présidentiel » ou de sa périphérie sont éclaboussés. Campagne de lutte contre la corruption ou lutte d'influence au sein du sérail, des acteurs de premier plan donnent leur avis.
Observateurs et analystes de l'interlope establishment algérien doutent des « bonnes intentions » qui animent les parrains de la campagne dite anticorruption. Le professeur de droit Mohand Issaâd ne croit plus aux vertus retrouvées de la lutte contre la corruption : « Une campagne mains propres ? Non… non… je ne le pense pas. Il y a trop de saletés pour penser qu'on puisse les faire partir ainsi, d'un simple coup de balai, en admettant bien sûr qu'il y ait une volonté de faire campagne. » Le juriste, ancien président de la Commission nationale pour la réforme de la justice, ne se fait aucune illusion sur la nature des opérations en cours. « Il n'y a que vous, les journalistes, qui qualifiaient ces opérations de « mains propres ». Aucune voix officielle ne le revendique. » « Les scandales révélés par la presse dénotent clairement qu'il y a des luttes de clans au sein du pouvoir. Des luttes entre le clan présidentiel et le DRS qui n'ont pas trouvé d'autre issue, d'autre moyen d'expression que le scandale », note le politologue Rachid Tlemçani.
Les enquêtes du DRS qui « ciblent » l'entourage du Président donnent lieu à de nombreuses interprétations. Le président Bouteflika est-il ciblé ? « Non. Je ne pense pas que c'est fait dans cet esprit, même s'il faut admettre que les règlements de comptes sont dans la nature même du système », estime Abdelaziz Rahabi, diplomate et ancien ministre. « Jamais un Président n'a été aussi soutenu par l'armée comme l'est le président Bouteflika », ajoute-t-il. M. Rahabi insiste par ailleurs sur le caractère « politique » des grandes affaires de corruption portées jusque-là sur la place publique. « Le fait de sortir massivement ces scandales, de façon simultanée, alors qu'ils couvaient en réalité depuis dix ans, dénote de leur connotation politique. Ce n'est pas une affaire des juges, une affaire ordinaire. Il y a à mon sens une volonté de solder tous les comptes. Une chose est sûre : le système n'est pas près d'admettre sa responsabilité politique dans la corruption. Ce qui fait que ces scandales qui mettent en cause le clan présidentiel et ses hommes leur serviront au moins à leur assurer l'impunité après leur départ. On fera certainement des procès retentissants, mais dont l'objectif est de disculper les politiques. En définitive, le politique gardera le monopole de la corruption, mais aussi le monopole de la lutte contre la corruption. »
Luttes d'influence au sein du sérail
Les services de renseignement ont-ils ouvert la boîte de Pandore ? Ont-ils agi – comme tend à le créditer la version officielle – sur ordre du président de la République ? Dans quel registre faut-il verser les enquêtes préliminaires du DRS qui ciblent par ricochet les « hommes du président » ? Lutte d'influence dans le sérail ? Guerre des clans ? Officier supérieur du renseignement à la retraite, le lieutenant-colonel Mohamed Chafik Mesbah exclut l'hypothèse que le DRS ait pu entreprendre les enquêtes en cours sans l'aval du président de la République. « En la circonstance, les services de renseignement algériens ne sont, dit-il, qu'un instrument d'exécution, en charge, sur ordre, d'une enquête on ne peut plus officielle. » « Si position de défiance il y a, précise-t-il, c'est celle du chef de l'Etat vis-à-vis du premier cercle de collaborateurs qu'il a lui-même ramenés. Je note avec insistance que le ministre de l'Energie est le seul responsable à s'efforcer, sans complexe, d'accréditer l'idée que le DRS, excroissance du système institutionnel algérien, se serait, à l'insu de la présidence de la République , autosaisi de l'affaire Sonatrach. »
Lors d'une entrevue avec la presse, le 6 février dernier, Chakib Khelil a déclaré ne s'être « jamais senti visé dans cette affaire (Sonatrach) ni (lui) ni le clan présidentiel ». La boutade du ministre, dictée sans doute par l'instinct de survie, restera certainement dans l'histoire pour avoir osé une reconnaissance officielle de la configuration « clanique » du pouvoir. Par pions interposés, la « guerre au sommet » semble faire rage. C'est du moins la grille de lecture la plus répandue aussi bien dans les milieux les plus initiés au fonctionnement du pouvoir politique que chez les profanes d'entre les Algériens.
Le bras de fer
L'hypothèse d'une lutte d'influence au sein du sérail, aussi sordide et réductrice puisse-t-elle d'emblée paraître, ne compte pas moins de sérieux adeptes. Une bonne partie de la classe politique est persuadée qu'il s'agit de « règlement de comptes », de « luttes de clans ». de « lutte d'influence ». Saïd Sadi, Moussa Touati, Ali Fawzi Rebaïne, Ali Yahia Abdenour et même un tantinet Abdelaziz Belkhadem, tous évoquent, par périphrases, les luttes âpres des « clans » au pouvoir. En bon connaisseur des rouages du système, le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), le docteur Saïd Sadi, se demande pourquoi les dossiers de corruption ne sont dévoilés qu'aujourd'hui alors qu'ils étaient disponibles chez les services de sécurité depuis longtemps. « On tape à la périphérie. Les gros dossiers sont enfouis. Les grosses corruptions ne sont pas dévoilées (…). Si le but était réellement de lutter contre la corruption, pourquoi les a-t-on mis sous le coude pendant toutes ces années pour ne les révéler qu'aujourd'hui ? » Il s'agit manifestement de lutte de clans, ajoute Saïd Sadi. « Il y a un clan qui veut régler ses comptes avec l'autre. Qu'on ne nous demande pas de choisir notre camp. »
Si la corruption a atteint de telles proportions, explique-t-il, c'est essentiellement dû aux dérives jacobines du régime, aux appétits voraces de Bouteflika pour l'accaparement de tous les leviers du pouvoir. « La centralisation est le coffre-fort de la corruption », lance Saïd Sadi. L'avocat des droits de l'homme, maître Ali Yahia Abdenour, parle de « rupture au sommet de l'Etat », d'un « déchirement au sein du pouvoir ». Le « duel » à distance opposant la Présidence au DRS, explique le président d'honneur de la Ligue algérienne des droits de l'homme, a pour objet le « contrôle » des services de renseignement, l'appareil le plus important du système, la colonne vertébrale du régime, qui jouit d'une autonomie et d'un pouvoir exorbitants et à la tête duquel trône depuis 1990 l'indéboulonnable général-major Mohamed Mediene dit « Toufik ». Le président Bouteflika aurait remis sur la table, soutient l'avocat, un vieux projet, celui de réunir dans un « superministère » tous les services de sécurité, le DRS y compris.


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