A propos de la crise du logement, cette extraordinaire khardja du Wali d'Alger, hafidhahou Allah, qui aurait déclaré hier « Nous avons demandé au ministère des Affaires religieuses que les prêches du vendredi soient consacrés à cette question en disant aux citoyens qu'ils seront tous relogés mais pas le même jour ». Parce que le probème est là ! Tout le monde veut être logé le même jour, et même à la même heure. Haka ! Skaaaaara ! Et pour cela, on fait appel à la sagesse de nos imams salariés pour raisonner les citoyens et les faire patienter ! Ce type de déclaration d'un Ô responsable démontre le fossé qui sépare le citoyen algérien de ses autorités politiques. Vendredi prochain donc, on pourra imaginer le prêche de l'Imam de Taougrite, déclarant à ses fidèles « Ya Khaouti, tout le monde sera logé. Ce n'est qu'une question de temps. Mais SVP, djazakoum Allah Kheiran, n'exigez pas d'être logés le même jour. L'Etat ne pourra le faire ! » Hada Makane ! Dans un pays qui se respecte, ce type de déclaration aurait valu à son auteur à minima un rappel à l'ordre, voire même sa démission. Dans le flot d'informations que l'on subit, surtout avec ce Mondial qui occupe les « masses populaires » au moins jusqu'au 26 juin, nous manquerons toujours de mots pour caractériser cette ubuesque situation d'un pays riche et pauvre à la fois : - riche de par sa rente énergétique, de la faiblesse de sa dette extérieure – moins de 2 % du PIB- , de ses réserves de change évaluées par les économistes à plus de 200 milliards de $ US, couvant ainsi 3 ans d'importation (contre 4 mois pour le Maroc, pays voisin) ; - pauvre par la gestion catastrophique de cette rente divine dont on commence à mesurer les effets, par sa dépendance alimentaire – 60 % de nos céréales et produits laitiers, la totalité de l'huile et du sucre sont importés – mais pauvre surtout par le mépris affiché pour celles et ceux qui auraient pu apporter leur contribution concrète à la résolution des problèmes économiques, sociaux et culturels du pays. Ya bou Galb ! Comme le rappelle A. HERAOU dans son excellente thèse de Magister en 2012 « Aussi loin que l'on puisse remonter dans l'histoire de l'humanité, on relève que les efforts déployés par les hommes ont longtemps été dirigés vers la satisfaction de deux besoins fondamentaux : se nourrir et s'abriter. Ainsi donc, immédiatement après la nourriture apparaît l'autre préoccupation essentielle de l'être humain : la nécessite d'avoir un toit pour s'y abriter. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si la déclaration universelle des droits de l'homme a reconnu en 1948 le droit de chaque individu à disposer d'un logement décent ». On en est loin ! Faire appel aux imams pour raisonner le peuple est une imposture inacceptable. L'Islam ne disposant pas de clergé, les représentants de l'Etat en profitent pour dicter à nos imams les messages à transmettre. Dans le même temps, le Touring Club d'Algérie affiche fièrement son exploit d'avoir écoulé 500 séjours, à 4000 euros pièce, au Brésil, pour la Coupe du monde de football en moins de 10 jours ! On a même dépêché un Imam spécialement pour assister les joueurs et diriger leurs prières, qui pour le moment du moins, n'ont pas encore été entendues. Problème de connexion paraît-il... Ainsi va l'Algérie ! L'Algérie des inégalités. L'Algérie des paradoxes. L'Algérie incertaine ! PS. L'excellent travail de Abdelkrim HERAOU « Evolution de l'habitat en Algérie : le LPS comme solution à la crise chronique du logement. Cas de Chelghoum Laid » est en ligne. Vous conseille vivement de le conseiller aux prêcheurs du vendredi. Question d'équilibre... Youcef l'Asnami