Etonnant parcours de Nabil Neghiz cette saison. Après avoir débuté avec le NAHD qu'il a mis sur de bons rails, il a fait une virée en Arabie Saoudite avant de revenir au sud du pays pour driver la JS Saoura. Cette dernière, invaincue à domicile depuis trois ans, était fragile à l'extérieur mais avec l'ex-coach adjoint de Gourcuff, elle est redevenue conquérante même hors de ses bases comme en témoigne son dernier succès à El-Harrach. Entretien en toute sincérité avec un entraîneur très apprécié. Le Soir d'Algérie : Une belle victoire en déplacement à El-Harrach et la JSS qui est troisième qui est qualificative à la Coupe de la CAF mais vous visez la deuxième place pour accrocher la Champions League... Nabil Neghiz : Oui, tout à fait, on vise toujours le meilleur et c'est normal d'avoir de l'ambition. Je suis dans un club ambitieux. Qui a déjà goûté à la Champions League et qui veut y participer à nouveau ? Absolument. Le président du club nourrit de grandes ambitions de même que toute l'administration. Je suis donc obligé de suivre cette politique. Moi-même, je suis ambitieux et à partir de là, on veut toujours aller plus haut. Et le football est bizarre. Vous vous retrouvez à vous disputer cette deuxième place avec le NAHD, un club que vous aviez préparé et drivé en début de saison. Exactement, c'est un honneur pour moi de disputer cette deuxième place. C'est pratiquement Neghiz contre Neghiz ? En fait, si c'est le NAHD qui prend cette deuxième place, je serai content et évidemment si c'est la JSS, je le serai également. Peut-on dire que vous êtes aussi un des artisans de cette belle saison du NAHD, vu que vous aviez préparé et laissé sur de bons rails cette équipe ? Sincèrement, je ne veux pas parler de moi et de mon travail. Les gens du NAHD le savent que ce soit les joueurs, le staff technique ou les dirigeants. Il faut dire que l'encadrement technique a su travailler dans la continuité et c'est tout l'honneur de Dziri Billal. Les résultats sont là, on voit aussi sa touche dans cette réussite. Etes-vous fier de Dziri qui était votre adjoint en début de saison au NAHD ? Oui, je suis fier de lui. Je l'appréciais en tant que joueur et là je l'apprécie comme jeune entraîneur. C'est quelqu'un qui écoute, qui est modeste, qui est un passionné et qui aime son métier et à partir de là, il ne peut que réussir. Lors de ces deux dernières journées, la JSS va recevoir le MCO puis se déplacera à nouveau à Alger pour affronter le MCA. Pour le moment, on se concentre sur le match du MCO qui est une très bonne équipe qui a fait un bon parcours et une belle saison. Mais qui n'a plus rien à perdre dans ce championnat... Je sais, mais c'est le MCO et c'est un dernier match à domicile très difficile. Donc, on doit bien le préparer et essayer d'obtenir le meilleur résultat possible. Même le MCA n'est plus en course pour le podium, mais il y a une rumeur qui circule à Alger. Ah ! oui. Laquelle ? Il paraît que certains dirigeants du MCA attendent votre déplacement à Alger pour prendre contact avec vous afin de succéder à Casoni. Je dois dire que je connais tout le monde dans le milieu du football. Car n'oubliez pas que j'étais en équipe nationale. J'ai de bonnes relations avec tous les clubs mais pour le moment, ce n'est qu'une rumeur. Je suis bien à la JSS où j'estime que je fais du bon travail. J'ai un bon groupe et je vous confirme que je n'ai eu aucun contact avec le MCA. Vous étiez l'adjoint de Christian Gourcuff en sélection nationale. Qu'avez-vous appris avec lui essentiellement ? Avec lui, j'ai appris le haut niveau. C'est quelqu'un qui m'a recadré, c'est un homme très méthodique qui connaît très bien le football et qui a un projet de jeu. Voilà, en plus du haut niveau, j'ai appris cette façon de mettre en place un projet de jeu. Il a toujours été amoureux du beau jeu. Oui, et comme le football est un spectacle, on est toujours amoureux du beau jeu. Moi, je veux gagner avec la manière, mais même si je perds, je veux que ce soit avec la manière également. On dit que votre retrait de l'EN avec Gourcuff a précipité la chute des Verts. Qu'en dites-vous ? Oui, c'est vrai et personne ne peut nier qu'il y avait une grande stabilité. On ne gagne pas par sept buts d'écart par hasard. Les sélectionnés se sentaient bien, le staff technique également. Il y avait une bonne ambiance, du respect et un projet de jeu qui se mettait en place. L'EN évoluait d'une manière spectaculaire avec beaucoup de buts. C'était formidable ! Et puis patatras, Gourcuff décide de jeter l'éponge... Oui, il a décidé de partir en raison de l'énorme pression exercée par l'entourage extérieur. Quand l'EN gagne par sept buts à zéro avec l'art et la manière et qu'il y a encore des gens qui ne sont pas contents, alors là, il faut comprendre. Ensuite, on aurait pu vous faire confiance ? Ensuite, on m'a dit de conduire l'EN pour le match contre les Seychelles, ce que j'ai accepté avec beaucoup de fierté. J'ai assuré l'intérim pendant six mois et c'était extraordinaire d'autant plus que j'avais ramené la qualification en 2017 de là-bas et je crois que cela reste le meilleur résultat de l'EN à l'extérieur à ce jour. Que pourriez-vous dire sur l'actuelle EN drivée par Madjer ? C'est un chantier. L'EN est en pleine reconstruction et il y a du travail. Tout a changé. Le nouveau staff technique est à ses débuts. J'espère qu'ils vont réussir et qu'ils feront un bon parcours en Coupe d'Afrique en 2019. Vous avez exercé en Arabie Saoudite. Que pensez-vous des chances de ce pays à la prochaine Coupe du monde dans un groupe difficile avec la Russie, le pays hôte, l'Egypte et l'Uruguay ? C'est une très bonne équipe technique. Ses joueurs ont les qualités pour le haut niveau. Je pense que l'Arabie Saoudite peut faire un bon parcours et représentera dignement le monde arabe. Dans le groupe, les favoris sont la Russie et l'Uruguay de Luis Suarez et Cavani. Les Saoudiens ont-ils des chances pour passer au deuxième tour ? Oui, les Saoudiens peuvent créer la surprise agréable de ce groupe. Ils ont de bons joueurs et leur championnat a un niveau très élevé. Il y a neuf joueurs qui sont en Espagne pour côtoyer le très haut niveau. A partir de là, je pense que l'Arabie Saoudite peut surprendre. Le championnat d'Arabie Saoudite est-il plus fort ou plus faible que celui de l'Algérie ? Le championnat saoudien est non seulement supérieur à celui de l'Algérie mais je pense qu'il est le plus fort de tous les championnats du monde arabe. Il y a des joueurs de différentes nationalités qui évoluent là-bas. Des Egyptiens, des Tunisiens, des Brésiliens et tout cela contribue à en faire une compétition très relevée, la meilleure à mon sens de tous les pays arabes. Merbah, le jeune gardien du NAHD, que vous connaissez, est-il le futur gardien de l'EN ? Oui, s'il continue de travailler dur et dans l'humilité. Propos recueillis par Hassan Boukacem
