Comme une malédiction, la fraude est désormais systématiquement associée aux épreuves du baccalauréat. Les moyens déployés pour contrer les fraudeurs s'avèrent inefficaces. Aussi immorale soit-elle, cette pratique se banalise, menaçant la crédibilité de l'examen. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Tout comme les années précédentes, à l'approche des examens nationaux, la fraude s'invite. Elle éclipse du débat les problématiques liées à la qualité du diplôme. Les dernières sessions du baccalauréat sont toutes entachées de triche. Peu importe le nombre de fraudeurs, c'est l'impact de cette pratique qui inquiète. Pour la contrer, le ministère de l'Education avait mis en place une série de mesures censées mettre en échec toutes les tentatives de fraude. En plus d'interdire les téléphones à l'intérieur des centres d'examen pour les candidats, la mesure avait été élargie aux surveillants. Tout retard de plus de 15 minutes avait été non autorisé. Résultat ? A peine les sujets distribués dans les salles d'examen qu'ils se retrouvaient sur internet. Ultime mesure trouvée par l'exécutif, brouiller les réseaux téléphoniques. Là encore, c'était compter sans l'esprit retord des tricheurs qui ont tout de même trouvé le moyen de communiquer. La pratique consiste à diffuser les sujets sur le net. Il suffit aux candidats de simuler un retard pour avoir le temps de prendre connaissance du contenu des épreuves avant de rejoindre les salles d'examen. Les fraudeurs savent qu'ils peuvent compter sur l'indulgence des pouvoirs publics. L'année dernière, des centaines d'entre eux avaient été exclus avant d'être autorisés à nouveau à repasser les épreuves lors d'une session spéciale. Une décision qui n'avait pas fait l'unanimité au sein de la famille de l'éducation. Beaucoup avaient jugé injustes de permettre à des candidats sur lesquels pèsent des soupçons de tentative de fraude de bénéficier d'une seconde chance. Ce manque de fermeté encourage certainement le recours à la triche. Les candidats ne sont incontestablement pas les seuls responsables. En 2016, l'enquête menée par la Gendarmerie nationale sur les fuites des sujets du bac s'était soldée par l'arrestation de dizaines de personnes impliquées dont des cadres, des enseignants, des chefs de certains centres et des employés de l'Office national des examens et des concours (Onec). Les complicités sont avérées. Plusieurs personnes avaient alors été condamnées. Comment sortir de ce cercle infernal ? La ministre de l'Education place le débat dans la sphère de la morale. Sans une prise de conscience collective sur l'importance de l'effort, sur l'immoralité de la triche, il sera difficile de mettre un terme à cette pratique. Nouria Benghabrit en appelle à l'implication des parents qui doivent, selon elle, armer leurs enfants et leur inculquer des valeurs. En déplacement à Aïn-Defla, récemment, la ministre de l'Education, s'adressant à des lycéens, leur expliquait que «la fraude favorise l'injustice et la non-équité et, à la longue, ce phénomène ne pourra être dissocié de la personnalité de la personne qui la pratique, puisque même adulte et occupant des fonctions sensibles, elle ne pourra s'empêcher d'y recourir». Benghabrit espère, enfin, arriver à un examen «normalisé» avec des épreuves non entachées d'irrégularités pour enfin redonner à l'examen sa crédibilité et pouvoir franchir le pas, celui de la réforme. N. I.