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Qui aura les Dix de der ?
Par Djamel Laceb *
Publié dans Le Soir d'Algérie le 25 - 05 - 2010

Les interventions, les contributions, les commentaires et autres droits de r�ponse provoqu�s par la parution du dernier livre de Sa�d Sadi nourrissent la majeure partie des d�bats et sont la mati�re principale des pol�mistes partout, m�me dans les caf�s maures. Souvent on y entend quelques v�rit�s, audacieusement �nonc�es, devant un parterre cr�dule, parfois aussi des noms de lieux, de personnalit�s disparues ou d��v�nements majeurs de l�histoire r�cente de notre pays, fusent de quelques tables dans l�espoir de poivrer le d�bat.
Quand le claquement sec des dominos cesse, quand les cartes de belote se figent et quand l�ench�re aux atouts s�arr�te, le cafetier lui-m�me tend l�oreille : quelqu�un pr�tend savoir de source s�re que �. Encore un tourbillon de mots, le MALG, Nasser, Ben Boula�d, Krim, Abane, Tunis, Melouza, Rabat, la Bleuite� paroles incomprises; la foule recouvre ses droits, le tintamarre reprend et l�heureux mastroquet relance les commandes. Une cacophonie identique � celle des intervenants dans la presse francophone, arabophone et surtout � celle dans les forums d�Internet. On n�y d�c�le que le v�u, presque pieux, de certains de diaboliser une r�gion qui souffre d�j� beaucoup d�une marginalisation aux cons�quences palpables sur tous les nivaux de l�existence. Il appara�t clairement que le principal d�faut des h�ros kabyles est leur lieu de naissance. C�est une qualit� qui ouvre droit automatiquement au classement dans la case francophile des nostalgiques, pas de Gide ou de Sartre, ce qui serait bienveillant, mais de Massu et d�Aussaresses. Ce climat malsain ne peut pas d�plaire � tout le monde puisqu�entretenu depuis, parait-il, la fameuse crise dite berb�riste, au milieu du si�cle pass�. Le moment de l�analyse est venu ; la majorit� des survivants sont au cr�puscule de leur vie et nous savons de quoi l��ge orne les affirmations. Surench�rir � la belote exige d�avoir en main quelques atouts et la superstition qui entoure ce jeu fait croire que certaines couleurs peuvent porter chance. Dans cette joute m�diatique, passionn�e et passionnante, nous les lecteurs de journaux, assistons aux ench�res, � l�achat aux annonces et au jeu. Chaque joueur doit montrer de la ma�trise et si possible une connaissance du jeu de l�autre. Les attitudes pompeuses � l�achat peuvent intimider le joueur inexp�riment�, il n�y a que le tapis sur lequel les cartes s�abattent une � une pour juger de la valeur et d�signer le vainqueur. Comme disait Mohia, nous les courtauds, citoyens lambda (nekni si kerrucen agi) n�avons qu�� subir, �couter les derni�res sentences et les prendre pour v�rit� absolue. Quand un chef de parti, m�decin, ex-candidat aux pr�sidentielles est somm� de se taire pour incomp�tence en mati�re d�histoire ou pour fortune de jeunesse, que dirait-on � un simple enseignant tout droit venu de haute montagne ? Que p�serait son avis dans un d�bat aussi houleux ? Au risque de d�plaire, participons � l�ench�re et demandons l�atout de c�ur. Un atout porte bonheur. Quelques cartes du jeu sont chiffonn�es � force d�utilisation r�p�t�es � l�exemple des chiffres d�Ageron qui recouvre en r�alit� les victimes de purges s��talant sur toute la p�riode de la guerre et sur tout le territoire national. Mais ne voyons que notre main : Amirouche ne pouvait pas �tre l�ogre que voulait nous faire accepter une rumeur persistante jusqu�� ce jour. Le d�bat actuel a au moins le m�rite de soulever la chape de plomb pesant sur un sujet devenu tabou. Discuter d�Amirouche, m�me ici, en haute montagne, est devenu p�nible � cause de quelques mots qui, m�me ceux qui les prononcent ne savent et ne peuvent approfondir. Il suffit de dire �Melouza� pour ternir la beaut� d�un po�me chant� par nos grands-parents. Le mot �Bleuite� � lui tout seul chapardait toutes les couleurs d�une �pop�e l�gendaire. Des accusations graves se chuchotent, sans preuves, sans consistances mais d�vastatrices et jetant une sorte de voile pudique sur la face d�un h�ros national, comme s�il devait, et nous tous avec, s�excuser d��tre ou d�avoir �t�. Pourtant il faisait partie de ceux qui voulaient donner une �dimension r�solument moderne et la�que � la guerre de Lib�ration nationale�. � la fin du si�cle dernier, lors d�une embellie passag�re du militantisme culturel amazigh, des associations se sont mises entre autres � la collecte et � la transcription de la po�sie orale. Il se trouve dans ce r�pertoire une large partie consacr�e � la guerre de lib�ration et sp�cialement d�di�e au colonel de la Wilaya III. Amirouche, que tout le monde appelait par son pr�nom, sans particule sanctifiante ni pseudonyme solennel, �tait et reste le principal sujet d�odes au courage et � loyaut�. Dans le livre ; Amirouche, une vie, deux morts et un testament, pour la premi�re fois il est d�crit enfant et d�j� responsable, comme dans le conte : La vache des orphelins. (p.52), l�auteur se joue de nous en parlant de mariage, on s�attendait � quelques douceurs, pr�visibles dans ce cas de figure o� les liens du c�ur se tissent, mais judicieusement, les fils se tendent vers la patrie, la dame de c�ur, l��pouse �ternelle. Des parall�les de cet acabit foisonnent dans ce chef-d��uvre de construction. Ainsi en page 123 l�incident de la mule est si savamment mix� qu�il sugg�re l�existence d��tres humains encore plus t�tus que l�innocent solip�de. En page 220, une description du pays, � faire revenir tous les haragas, donne un aper�u de toute l�attention port�e au style. Il existe des po�mes o� la carri�re d�Amirouche est d�crite avec minutie car, dans notre culture � l�oralit� f�conde et ancestrale, l�Histoire avec un grand H se chante encore. Les voix, presque inaudibles, de nos po�tesses, confondues dans le vacarme assourdissant des t�l�visions, ne sont plus suffisantes. L�amn�sie ambiante, la surench�re des forts en gueule et la d�cimation naturelle des rares survivants imposent l��criture. � propos de d�cimation naturelle et de disparition, celle du s�duisant Dr Laliam (p.181) est un grand deuil. Lui qui recommandait la sinc�rit� au cr�puscule de la vie reconnaissait qu�il fallut toute l�habilit� de la psychanalyse pour le faire parler. Un As. Un livre o� on trouve noir sur blanc, toutes les accusations murmur�es. Elles �taient chuchot�es pour sugg�rer l�horreur et exciter l�imagination �d�un peuple d�j� port� � la violence pour avoir subi une colonisation de masse�. Il n�y a rien de mieux que le myst�re pour inspirer l�horreur, et nous, dont le subconscient draine des r�miniscences d�un pass� sanglant, sommes pr�ts � croire, � absoudre et pourquoi pas, au cas o�, laisser faire ou laisser refaire. C�est un livre, noir sur blanc, oui, mais pas en noir et blanc, loin de la vision manich�enne des simplets, il met en lumi�re des erreurs et m�me des fautes. En ce temps-l� �Les initiatives al�atoires toujours guid�es par la bonne foi� (p.173) se devaient d��tre toujours �assum�es avec courage et panache�. Un livre qui commence par un erratum ne peut pr�sager que de r�paration et il est vrai que le pr�judice le demande. La trag�die grecque ne commen�a r�ellement � se structurer et prendre forme qu�avec Antigone de Sophocle. Une �uvre majeure portant le sentiment filial aux nues, elle racontait justement la privation de s�pulture. Nos voisins �gyptiens furent les premiers � �difier des c�notaphes monumentaux dress�s pointes vers le ciel, ils briguent l��ternit� depuis des mill�naires. Depuis l�aube des temps, le tombeau est consid�r� comme le seuil d�une vie aupr�s de Dieu. Amirouche et Haou�s furent priv�s de tombe. Leurs corps, comme dans une c�l�bre chanson de Reggiani, furent longtemps introuvables. En r�alit�, ils hantaient des esprits jaloux de prestiges historiques. D�autres sont � ce jour priv�s d�Histoire, oubli�s parce que non conformes � des id�ologies idiotes, c�est le cas de M�barek A�t Menguelat, de Bena� Ouali et d�Amar At Hamouda. (p.99). Les Hell�nes anciens croyaient qu�on ne pouvait pas aller aux �Champs Elys�es� sans s�pulcre, aujourd�hui l�Eden grec est � Paris et Had�s r�gne en Afrique. Orph�e viendrait peut-�tre charmer avec sa Lyre, mais le Styx est plus ais� � traverser l�aller. Surtout, qu�aujourd�hui Charron dans sa fr�le felouque a affaire � une M�diterran�e en houle. Boris Vian, faisant parler le directeur de prison, serinait la m�me question : o� est le corps ? Dans un texte d�un humour sublime chant� avec brio par un Serge au sommet de son art. Ce n�est qu�� la fin de la chanson qu�on comprend que ceux dont les corps ont disparu sont au paradis. Dans ce livre, on d�couvre un Amirouche humain, veillant sur tout, capable d��motion et de justice. L�infatigable marcheur offrait ses chaussures. Le court dormeur ordonnait � ses hommes de se reposer et restait debout � �chauffer ses membres engourdis par le froid : son manteau servant de couverture � son jeune secr�taire. En page 211, Amirouche pleure. En page 232, il �coute et suit le conseil d�une vieille femme. Un Roi de c�ur. Amirouche ne pouvait pas �tre l�ogre que nous d�crivait l�histoire susurr�e, quand un homme, un demi-si�cle apr�s sa mort, arrive � �mouvoir ses subalternes encore en vie, c�est qu�il fut hors du commun en bont� et en humanisme. Ce livre nous r�v�le un brillant tacticien qui, sans sortir de West-Point ou de St Cyr (p.248), savait improviser de judicieuses d�fenses et de fulgurantes ripostes. Un As de c�ur. Une lecture qui permet de replacer d�finitivement un h�ros national dans le camp des justes. Le contraire ne se peut pas pour un homme qui respectait le bien public jusque dans des d�tails imperceptibles (p.231) et surtout demandait justification du moindre acte ou� d�pense ; forc�ment d�rangeant. Amirouche qui envoyait d�importantes sommes d�argent vers la Tunisie (p.169), des sommes r�colt�es par ses soins pour financer le centre des �tudiants, ne pouvait pas d�tester les lettr�s tout en les subventionnant. On sait d�sormais que le seul moyen de r�int�grer l�humanit�, c�est d�accepter de d�battre de tout, de parler de nous, entre nous, de reconna�tre nos errements loin de l�humanit�, nos erreurs et nos fautes et de continuer � poser la m�me question : �Arthur, o� t�as mis le corps ?� Les corps ne disparaissent pas comme �a ! Et puis, un demi-si�cle, c�est largement suffisant pour apprendre la belote. Atout c�ur, et en avant, quand on a en main des As, des Rois et du c�ur la partie ne peut �tre que belle, malgr� le bruit, la catharsis est salutaire. Il est seulement regrettable que la belote soit si injuste, car dans ce jeu
bizarre, il arrive que des valets cassent des As. Quant � la chanson de Serge, elle se termine sur un retour fracassant d�Arthur qui annonce dans un rire tonitruant : Belote, Rebelote et Dix de Der.
D. L.


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