Mohamed Hattab aura-t-il la latitude, le temps et les moyens financiers pour mener à bien sa politique en direction des jeunes pour les dissuader de choisir la harga ? Le ministre de la Jeunesse et des Sports veut, en effet, se pencher sur les grands problèmes qui hantent les jeunes. Il affirme en outre «que le ministère n'est pas une entité de gestion. Pour cette tâche, il y a les structures et les règlements». Il veut, par contre, produire de la réflexion, des thématiques et, par conséquent, des programmes qui redonneront de l'espoir aux jeunes lesquels sont, d'une part, perturbés par ce qui se passe dans leur pays et, d'autre part, constatent que les perspectives économiques de l'Algérie s'annoncent moroses ou plus exactement difficiles et, pour noircir le tableau, ce qui se passe sur la scène politique du pays rend ces jeunes de plus en plus sceptiques. Encore faut-il ne pas commettre l'erreur fatale de transformer les rencontres prévues dans quelques semaines pour discuter de la pratique sportive, collective et individuelle, et des problèmes des jeunes en rencontre préélectorale. A l'issue de sa tournée à travers plusieurs communes de la wilaya de Boumerdès le ministre a été questionné sur la part du travail de son département dans la politique du gouvernement sur la sensibilisation et la lutte contre la harga des jeunes Algériens lesquels mettant en jeu leur vie, tentent de fuir une réalité amère. Le thème le plus en vogue au sein de la frange juvénile est présentement la harga. A priori, le ministre de la Jeunesse a beaucoup d'idées qu'il veut mettre en pratique. Il tire d'abord un constat négatif sur la nomenclature des activités dans les instances de jeunes qui, selon lui, date de l'indépendance du pays. «Le jeune a quitté la maison de jeunes parce qu'il ne se retrouve plus dans ces activités et comme la nature a horreur du vide, les dégâts sont constatés sur notre société. Nous sommes aussi le ministère de la Jeunesse ; la jeunesse d'aujourd'hui qui constitue, selon le sondage de 2018, 66% de la population, moins de 30 ans. Nous sommes convaincus que c'est une force et que nous avons une jeunesse intelligente et exigeante. Nous avons mis, par ailleurs, le doigt sur la plaie par rapport au programme qui est décidé et injecté en lieu et place des jeunes. Pour changer d'approche, nous avons donc envisagé et lancé une nouvelle démarche : penser avec les jeunes.» Pour le ministre de la Jeunesse et des Sports, la présence des structures de jeunes dans tout le territoire national est un atout très important pour la réussite d'un encadrement encore faut-il que cette politique d'encadrement soit réfléchie et conçue par les jeunes et pour les jeunes. «C'est pourquoi nous avons décidé d'organiser dans le court terme, c'est-à-dire fin février, début mars 2019, deux importantes rencontres. La première rencontre sera consacrée à l'évaluation avec exactitude et de manière responsable de la pratique sportive collective et individuelle. Nous poserons deux problématiques, comment mieux gérer le sport et réfléchir comment devra être la pratique sportive moderne et quelle est la place du sport dans la société. Comme seconde action envisagée dans le court terme également la tenue des assises nationales ou plutôt des rencontres nationales thématiques modernes qui seront pensées avec des jeunes et destinées exclusivement aux jeunes. Nous voulons penser et réfléchir avec les jeunes. Nous allons surtout écouter les jeunes. Nous allons certainement profiter de ces nouvelles attentes des jeunes. Nous n'avons plus le droit de tourner le dos à nos jeunes d'autant plus que cette jeunesse est d'abord très importante.» Pour le ministre, le jeune doit être le cœur de toute stratégie pour le rendre utile dans la société et l'intégrer dans la vie économique. Abachi L.
