Le président de Ahd 54 estime que sans la démission du chef de l'Etat par intérim et du Premier ministre, les acquis de dix semaines de mouvement populaire restent en deçà des espérances du peuple. Il reste également perplexe devant la position du chef d'état-major, qui, selon lui, passe d'un camp à un autre. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Dressant le bilan de dix semaines de mouvement populaire, Ali Fawzi Rebaïne énumère les quelques acquis, notamment la démission de Abdelaziz Bouteflika, celle du président du Conseil Constitutionnel, Tayeb Belaïz, ainsi que l'ouverture de dossiers de corruption. Toujours est-il, il estime que les principales revendications actuelles restent sans suite. «Après dix semaines de protestation, nous tournons toujours en rond puisque la revendication pour la démission de Bedoui et de Bensalah reste non satisfaite», explique-t-il. Et de s'interroger : «Combien de semaines faudrait-il encore pour qu'ils démissionnent ?». Il appelle, ainsi, les «parties qui ont exercé des pressions sur Bouteflika pour qu'il démissionne à ce qu'elles interviennent pour obliger Bensalah et Bedoui à démissionner à leur tour». S'agissant de Gaïd Salah, le président de Ahd 54 reste perplexe devant la position du chef d'état-major qui, selon lui, «une semaine est avec le peuple, une semaine plus tard est avec le pouvoir en place». Il fait remarquer, par ailleurs, la montée d'un cran des revendications du peuple, vendredi dernier. «Les manifestants ont exigé de juger Saïd Bouteflika. C'est lui la tête de la bande au pouvoir qui falsifiait les documents de la présidence de la République», dit-il. Il évoque également les consultations organisées par le régime en place qui, selon lui, «ont échoué», ainsi que la feuille de route pour l'organisation de l'élection présidentielle le 4 juillet prochain. «Nous ne comprenons pas comment ils vont faire pour organiser cette présidentielle sans le peuple.» Quant à l'ouverture des dossiers de corruption, Rebaïne affirme qu'il s'agit d'un point de départ même si, poursuit-il, «nous aurions aimé mettre d'abord, en place un Etat de droit avant de demander des comptes aux hommes d'affaires et responsables politiques». Toutefois, il considère qu'aujourd'hui, la justice s'est libérée notamment le corps des magistrats et même celui des avocats. Il a, ainsi, insisté sur la «libération» de la Cour des comptes, de l'Inspection générale des finances et des Douanes algériennes afin que ces institutions «puissent jouer convenablement leur rôle». Ahd 54 plaide, en outre, pour l'installation d'un gouvernement de consensus pour pouvoir aller vers une élection présidentielle avant la fin de l'année car «les exigences politiques et économiques du pays l'obligent». Son président suggère ainsi de recourir à la plateforme de la commission Sedikki de surveillance des élections installée en 2012, d'élargir ses prérogatives pour superviser la révision de la loi portant code électoral et organiser ensuite une élection présidentielle. Rebaïne est convaincu de la nécessité d'un président de consensus. «Il vaut mieux aller vers un président de consensus avec une feuille de route bien déterminée. La révision de la Constitution et la mise en place des Chambres parlementaires interviendront après», dit-il. Ry. N.