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Un militant des droits de l'homme meurt en prison
Kamel-Eddine Fekhar est décédé
Publié dans Le Soir d'Algérie le 29 - 05 - 2019

Les enfants de Kamel-Eddine Fekhar n'auront pas le bonheur de revoir leur père à nouveau libre, le militant des droits de l'Homme, symbole de la région du M'zab endolorie, est décédé hier matin des suites d'une grève de la faim qu'il observait pour dénoncer son incarcération.
Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Les photos de ses trois enfants portant des affiches réclamant la libération de leur père ont fortement ému les Algériens ces trois derniers jours.
Largement diffusées sur les réseaux sociaux, ces photos avaient été prises il y a deux ans au 1er-Mai lors d'un rassemblement organisé pour exiger la liberté d'un homme qui avait fait l'objet d'un long séjour carcéral (deux années) durant les évènements du M'zab. En les mettant une nouvelle fois en ligne, la famille, son avocat et ses camarades militants avaient tenté une ultime sensibilisation des autorités les alertant sur la fin tragique qu'encourait le détenu s'il n'était pas immédiatement remis en liberté et correctement soigné. Mais peut-être était-il déjà trop tard.
Dimanche, son épouse, qui lui rend visite fait déjà face à un homme qui a sombré dans l'inconscience. Son état se détériore d'heure en heure. Dans la soirée, son avocat, Me Salah Dabouze, annonce que son client agonise. Aucune réaction n'est enregistrée. Hier matin, la triste nouvelle est tombée : Fekhar est décédé à l'hôpital Frantz-Fanon de Blida où il a été transféré de toute urgence.
Très ému, l'avocat qui l'a accompagné tout au long de la tragédie s'exprime dans une vidéo postée sur son compte Facebook. Au bord des larmes, Salah Dabouze rappelle que Fekhar a été arrêté à la fin du mois de mars dernier près de son lieu de travail à Ghardaïa, et qu'il a entrepris aussitôt une grève de la faim. Il condamne et accuse «cet acharnement et cette mort programmée prévus par les autorités judiciaires de Ghardaïa. Kamel-Eddine a été mis en détention pour un dossier vide décidé par le procureur général de Ghardaïa, exécuté par le juge d'instruction de la première chambre sous la pression du procureur de la République et du procureur général», dit-il. Il ajoute : «le wali de Ghardaïa a toujours stigmatisé les militants des droits de l'Homme, ils les a condamnés, avant que la justice n'examine leur dossier (…) j'ai tiré la sonnette d'alarme depuis trois semaines pour dire que Fekhar et Aouf Hadj Brahim étaient détenus dans des conditions inhumaines dans le pavillon carcéral de Ghardaïa. Rien n'a été fait. J'ai déposé pour le compte de Me Zahi une demande de mise en liberté pour Aouf et Kamel, le juge d'instruction l'a refusée en un temps record (…) j'accuse toutes les autorités judiciaires et administratives qui ont traité ce dossier. J'appelle les autorités centrales et onusiennes à examiner le dossier. Il n'y a que le dossier qui peut nous dire si Fekhar a commis des actes graves. Il n'a rien fait, il n'a fait qu'une interview sur ma page».
Dès son annonce, la nouvelle soulève une vague d'indignations, de condamnations mais aussi d'accusations à l'encontre de tous ceux qui savaient et qui n'ont rien fait ou laissé faire. Saïd Sadi s'est exprimé en termes durs : ce décès, dit-il, n'est «ni un accident, ni un hasard» il «met brutalement fin à l'existence d'un citoyen qui ne demandait qu'à s'exprimer librement et pacifiquement dans son pays pour se mettre au service de la collectivité. Sa vie comme son terme sont des messages forts. Il a préféré la mort digne à la vie de soumission à laquelle on voulait l'assigner entre deux arrestations».
Le FFS lui «exige justice et vérité et que toute la lumière soit faite sur les circonstances de ce décès». Il exige également «la libération immédiate des autres détenus d'opinion qui croupissent d'une manière illégale et despotique dans les geôles de la mort et des pires entraves à la dignité humaine» et appelle les «vrais décideurs» de l'Algérie à «prendre rapidement des mesures d'apaisement dont la libération immédiate des détenus d'opinion afin d'éviter au pays de s'enliser dans des scénarios chaotiques».
Le RCD estime, quant à lui, qu'il «est temps de rétablir les vérités et de rendre justice (…) le docteur Kamel-Eddine Fekhar est le deuxième détenu d'opinion, après Mohamed Tamalt, à être poussé à la mort en moins de 3 ans. Combien de morts faudra-t-il encore enregistrer avant que les dirigeants de notre pays comprennent que les conflits politiques et les différences d'opinion ne se traitent pas par l'acharnement judiciaire, la répression et ou la violence armée ?», s'interroge-t-il.
Le Parti des travailleurs, en lutte pour la libération de sa secrétaire générale détenue depuis le 9 mai dernier, «fait porter l'entière responsabilité de cette tragique disparition aux pouvoirs publics car ils l'ont laissé mourir en prison alors qu'ils étaient régulièrement alertés par les avocats et la famille du défunt de la détérioration de sa santé, de la situation de danger de mort dans laquelle il se trouvait après une grève de la faim qui a duré 50 jours». Il appelle à la libération de tous les autres détenus politiques.
Le décès de Fekhar a donc fait ressurgir le drame vécu par un autre citoyen, le journaliste Mohamed Tamalt décédé en 2016 dans des circonstances non encore élucidées à la prison d'El-Harrach où il avait été incarcéré pour des écrits (sur sa page Facebook) portant atteinte aux proches de certains hauts responsables. Récemment, son avocat, Me Mecheri, a annoncé qu'il avait réintroduit une plainte contre Tayeb Louh, ministre de la Justice à l'époque, car il est considéré comme étant le premier responsable de la situation carcérale.
En est-il de même dans la cas Fekhar ? L'opinion assistera-t-elle à des explications comme celles qu'ont été amenées à fournir les autorités pénitentiaires d'El-Harrach qui soutenaient avoir tout fait pour prodiguer des soins à Tamalt victime d'un traumatisme crânien d'origine inconnue ? Le fait n'avait pas suffi à dissiper les lourds doutes qui pèsent sur cette affaire. Dans le cas Fekhar, ses avocats évoquent une «volonté claire d'avoir laissé faire».
L'accusation est lourde et l'affaire d'autant plus grave qu'elle intervient dans une conjoncture bien plus sensible où de simples explications ne peuvent contenter une opinion scandalisée et qui a suivi avec grande attention l'appel lancé par l'avocat du général Benhadid incarcéré, lui, à la prison d'El-Harrach pour avoir publié une lettre dans laquelle il commente la démarche des responsables du moment. Selon Me Mecheri, Benhadid, atteint de plusieurs maladies qui se sont aggravées en prison, risque lui aussi la mort.
Le Parti des travailleurs a tenté lui aussi de dépêcher une équipe médicale pour s'enquérir de la santé de Louisa Hanoune, elle aussi atteinte de plusieurs maux, mais la démarche a été refusée, le centre pénitentiaire de Blida étant «pourvu en équipes médicales», leur a-t-on fait savoir.
Les voix qui s'élèvent pour exiger la libération de tous les détenus d'opinion seront-elles
entendues ?
A. C.


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