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Décès hier de Kamal-Eddine Fekhar
IL ETait EN DETENTION PREVENTIVE DEPUIS DEUX MOIS À GHARDAIA
Publié dans Liberté le 29 - 05 - 2019

Après le journaliste Mohamed Tamalt, décédé alors qu'il purgeait une peine d'emprisonnement à El-Harrach, un autre détenu vient de rendre l'âme dans des conditions presque similaires.
Le détenu d'opinion Kamal-Eddine Fekhar, militant des droits de l'Homme, est décédé, hier, au pavillon carcéral de l'hôpital Frantz-Fanon de Blida. Le défunt a été transféré, dans un état comateux, durant la même journée de l'établissement hospitalier de Ghardaïa où il a était hospitalisé depuis le 26 avril dernier.
Le Dr Fekhar, militant politique et figure de proue des activistes mozabites, était en détention provisoire depuis la fin du mois de mars écoulé.
Pour dénoncer sa détention, il a entamé une grève de la faim avec son codétenu, Hadj-Brahim Aouf. Après plus d'un mois de privation, le Dr Fekhar et le syndicaliste Aouf, sur insistance de leurs familles et des avocats, ont décidé de mettre fin à leur action. Leur état de santé s'est dangereusement dégradé durant ces longues semaines de grève de la faim.
Au début de cette semaine, l'épouse du Dr Fekhar a tiré la sonnette d'alarme quant au danger qui guettait son mari.
Dans un témoignage repris par l'avocat Salah Dabouze , Mme Fekhar a lancé l'alerte en informant que son mari "perd la mémoire" et qu'il "était inconscient durant la durée de la visite" qu'elle lui avait rendue au début de cette semaine. La même alerte a été donnée par Me Dabouze qui a accusé les autorités judiciaires de Ghardaïa de vouloir "liquider physiquement" le Dr Fekhar. Rien n'est fait.
Le Dr Fekhar est resté détenu au pavillon carcéral de l'hôpital de Ghardaïa jusqu'à avant-hier soir, où son état nécessitait son transfert vers un autre établissement. Etant dans le coma, le Dr Fekhar a été transféré pour examen, mais l'équipe médicale du CHU de Blida n'a rien pu faire.
Le patient était déjà mourant. La nouvelle du décès du détenu a mis en émoi tout le pays. À 54 ans, le Dr Fekhar a passé la majeure partie de sa vie à lutter et à militer pour le respect des droits de l'Homme. Il a fait de ce combat sa raison d'être.
Lui qui a connu les geôles du pouvoir depuis la fin des années 2000 alors qu'il était militant au sein du FFS, Fekhar n'a pas baissé les bras pour autant, même si toutes les incarcérations qu'il avait subies ont été orchestrées dans le but de le faire taire. Durant cette même période, le Dr Fekhar perd son poste de travail à l'hôpital de Ghardaïa. La décision de l'écarter de la Fonction publique n'était autre que politique. Le but, châtier un homme qui refuse de se plier et de rendre les armes.
Lors de la grève des commerçants de la Vallée du M'zab en 2009, le Dr Fekhar sera arrêté et traduit devant la justice qui s'était appuyée sur une accusation aussi banale que farfelue : l'incendie d'un véhicule de police.
Le Dr Fekhar subira la pression durant deux années de contrôle judiciaire. En 2010, le Dr Fekhar quitte définitivement le FFS après plus de douze ans de militantisme au sein de cette formation politique. Il crée, immédiatement, une cellule de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme.
C'est à travers cette structure qu'il entame sa "nouvelle vie" de militant politique.
Convaincu et résolument engagé, le Dr Fekhar jouera un rôle important dans la prise de conscience de la communauté mozabite quant à sa réalité identitaire et cultuelle, notamment.
Les déboires du médecin avec la justice ne viennent, finalement, que de commencer. Lors des événements meurtriers qu'a connus la Vallée du M'zab depuis 2013, le Dr Fekhar sera encore une fois arrêté et condamné avec plusieurs autres militants mozabites.
Détenu pendant près de deux ans, il a observé une grève de la faim qui a duré une centaine de jours.
La détention du militant Fekhar a été dénoncée à travers le monde. Un rapport du groupe de travail relevant du Conseil des droits de l'Homme des Nations unies, datant d'avril 2017, la dénonce et spécifie "les affres subies par le célèbre militant des droits de l'Homme de la Vallée du M'zab". Le même rapport a estimé que "les accusations portées par le gouvernement à l'encontre de M. Fekhar manquent de substance", ce qui a conduit le groupe onusien "à douter de l'équité de la procédure pénale" contre le détenu.
Mort suspecte ?
L'onde de choc provoquée par la mort du Dr Fekhar en détention est telle que des soupçons sur l'existence d'une volonté d'en finir avec le militant se font de plus en plus persistants.
Les réactions sur les réseaux sociaux n'ont pas tardé à désigner le coupable. Idem pour les étudiants, hier, lors de leur marche hebdomadaire. Sur Facebook ou dans la rue, un seul slogan est entonné : "Pouvoir assassin".
D'aucuns estiment que si le Dr Fekhar avait été libéré ou pris en charge à temps, peut-être qu'il serait toujours de ce monde. Son avocat, Me Dabouze, qui n'a pas cessé, depuis quelques jours, d'appeler à la libération du Dr Fekhar, a ouvertement accusé les autorités judiciaires d'avoir "programmé" sa mort.
Dans un post qu'il a publié, avant-hier soir, sur son compte Facebook, Me Salah Dabouze a souligné que le Dr Fekhar "vient d'être évacué en urgence à l'hôpital de Blida", mettant l'accent sur le fait que le prisonnier "était inconscient" après "les grandes souffrances et la négligence dont il avait été victime à l'hôpital de Ghardaïa". Une grave accusation qui appelle nécessairement l'ouverture d'une enquête pour déterminer les circonstances de la mort de ce militant. À noter que suite au décès du Dr Fekhar, plusieurs actions de rue ont eu lieu, hier.
À Ghardaïa, plusieurs citoyens ont tenu un sit-in devant le tribunal de la ville. Sur les pancartes qu'ils ont brandies, les manifestants dénoncent "une justice aux ordres", "un appareil judiciaire partial". À Paris, un rassemblement a été organisé, hier, place de la République pour dénoncer ce qu'ils ont qualifié de "crime". Ils ont également exigé la protection "des détenus mozabites".
À noter également qu'un député de la région, Mohamed Abi Ismaïl en l'occurrence, a interpellé le ministre de la Justice, à travers une question orale, sur ce décès. Le député a demandé dans sa question au ministre de situer les responsabilités des uns et des autres dans ce décès. Il faut souligner que plusieurs autres militants mozabites croupissent en prison depuis des années, à l'image de Mohamed Baba-Nadjar.
Mohamed Mouloudj


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