Encore un vendredi d'écoulé dans la ferveur collective. Les slogans évoluent là où l'on ne manque jamais de rendre hommage aux victimes dont la sévérité du pouvoir a eu raison. Le Dr Kamel Eddine Fekhar, militant pour les droits humains, aura succombé à une grève de la faim entamée dans la prison où il était incarcéré. Son engagement en faveur de la liberté, de l'égalité des chances et d'un traitement équitable pour tous les Algériens a eu raison de lui. Sa quête de justice et son combat pour faire échec à la prédation et triompher la loi n'auront pas eu les faveurs d'une autorité intraitable lorsqu'elle sert une négation du même droit. D'autres ont entendu le message et pris conscience des dangers qu'il y aurait à céder à la manipulation du formidable mouvement populaire, pacifique et solidaire. J'ai parlé, jeudi dernier, de ces jeunes qui ne pensent plus à courir se noyer en mer, mais plutôt à prendre possession de ce qui leur revient de droit dans leur propre pays et j'ai cité l'exemple de Sofiane, un jeune lycéen de 18 ans qui n'a rien raté du Hirak depuis son déclenchement. J'ignore s'il était là hier, au milieu de marcheurs qui craquent au son de sa voix.Il doit passer son bac dans quelques semaines, mais je suis certaine qu'il n'a résisté ni à l'appel de la rue ni au besoin d'aller disserter sur les interdits, les pièges tendus par le système, les sommations de la rue et le bel avenir auquel il croit avec rage. Un niveau élevé de connaissances. Une âme, une force, un profil de leader et des certitudes qui se déclinent avec force et redonnent la pêche. On l'encourage à persévérer et il s'incline, amusé, avec une générosité prometteuse. Il est à l'aise, bien dans sa peau. il gravit les marches de la tribune improvisée avec assurance et s'empare du porte-voix pour expliquer la Constitution. Les mots coulent. La fluidité est surprenante et la pédagogie digne d'un maître de conférences. Avec son sourire ravageur, cette dose d'insolence que partagent les adolescents de son âge et une intelligence qui en dit long sur l'avenir qui l'attend, Sofiane, l'une des précieuses mascottes du mouvement, a des fans que l'on ne compte plus. M. B.