Crise politique. Rebaïne veut une présidentielle avant la fin de l'année. Ah là, si Faouzi veut ça, ça change tout ! C'est même un tournant ! Mais non ! Je ne dis pas qu'il faille le faire défiler lui aussi en bus à impériale à travers les rues d'Alger ! Quoique ! Mais bon, en même temps, je ne suis pas un doux dingue féroce qui croit dur comme fer que la 2ème République est déjà en place. Y a encore du boulot. Ce que je dis est plus simple. Vendredi prochain, un vendredi exclusivement « manifs », sans foot ni pont aérien, ça serait bien qu'un hommage lui soit rendu. Genre, ce vendredi, il est pour toi mon p'tit gars, juste pour toi ! Que la génération du « 22 février » rende son dû à celui sans qui, quelque part, toutes proportions gardées, cette date n'aurait pas été entourée au stylo rouge dans le calendrier tourmenté de l'Histoire. Que les femmes et hommes qui défileront vendredi aient tous une pensée pour ce sacré bonhomme. Un mec isolé dans sa campagne, sans parti politique, sans comité logistique, sans moyens, sans concepteurs de pancartes, affichettes et tifos géants. Juste lui, sa conscience citoyenne, un gros marqueur, un bout de carton à peine dégrossi, et qui a griffonné dessus « Non au 5ème mandat ! ». Je ne sais pas si Hadj Ghermoul, aujourd'hui libéré de sa cellule et rendu aux siens, avait conscience de la vague gigantesque qu'il allait déclencher en sortant ainsi dans la rue, « affublé » de son panonceau. Je ne sais pas, non plus, si Hadj Ghermoul a entièrement absorbé le choc des images de ces foules électrisées par sa « kherdja », émancipées aussi par son courage à lui, juste à lui et ses petits bras tenant ce bout de carton devenu culte. Je sais juste que si nous pouvons aussi ouvertement, aussi fièrement, aussi joyeusement nous afficher dehors avec des slogans exigeant, en termes crus et souvent joliment et artistiquement tournés, le départ de la içaba, c'est grâce à ce monsieur marchant, manifestant seul et se faisant embarquer seul ! Ce gars-là mérite, au moins, un vendredi entièrement dédié par la foule du pays immense. Nous sommes aussi des femmes et des hommes parce qu'un homme, dans sa ville, a décidé de franchir le pas, de rompre la chaîne du silence, au moment précis où d'autres hommes mettaient des chaînes sur tout le pays et se préparaient, nous préparaient à 5 nouvelles années de rapine, de vols et d'adoration païenne d'un tableau ! A toi, Hadj ! A ton épopée, en attente d'un vrai hommage, je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue. H. L.