Sur la route, il fait chaud mais il devrait y avoir surtout un peu plus de chaleur dans les cœurs. Même les températures ne sont d'ailleurs pas si affolantes que ça. Pourquoi on se plaint de la chaleur quand on a la clim ? Allez savoir. Mais il y en a qui savent déjà. Il paraît qu'il y a un vieux réflexe de ceux qui jouent aux riches quand ils n'ont pas le sou. Fulminer contre la chaleur, essuyer sur son front une sueur qui n'existe que dans… sa tête et s'aérer en brassant l'air des deux mains alors que tout le monde sait que le geste est dérisoire, sinon ridicule, c'est archi-connu. Il paraît que se plaindre de la chaleur est une attitude de riches. Comme par hasard, ils sont toujours là où ils se trouvent… par hasard. Une sorte de transit permanent où tout le monde peut les contredire mais personne ne le fait, parce que c'est ainsi et il n'y a pas de raison majeure pour qu'il en soit autrement. Qui osera dire à quelqu'un qu'il est en train de faire semblant d'avoir chaud ? Il paraît que pour comprendre quelque chose, il faut chercher et surtout trouver où est l'intérêt. Il n'y a aucun intérêt à s'inventer une canicule fictive. Pas plus d'intérêt d'ailleurs de faire remarquer à quelqu'un qu'il ment, quand le mensonge en question ne grossit pas son homme et ne le soulage pas de sa faim, comme il est dit quelque part, avec une traduction libre mais certainement approximative. On est un peu loin de la route mais ce n'est ni interdit ni difficile d'y revenir. Sur la route donc, surtout celle des vacances, on est toujours censé aller à l'air libre. En attendant, on peut brasser du vent et beaucoup s'en donnent à cœur joie, sans modération. Et la chaleur dans les cœurs alors ? Il y en a plus dans les moteurs et au loin les dégâts collatéraux des feux de forêt et des brasiers sans bois. Les résidus de poussière cendrée flottent dans l'air mais ils sont trop… résiduels pour qu'ils soient visibles à travers les vitres closes. Sur la route, quitte à se faire violence, on ferme ses fenêtres même quand on n'a pas la clim. Il ne faut pas jouer aux pauvres quand on peut éviter ça, surtout à moindres frais. Sur la route des vacances, on peut délirer comme on peut, sinon le jeu ne vaudrait pas la chandelle. Il paraît que personne ne fait semblant d'avoir froid. Le froid, il faut le cacher même quand on claque des dents et quand on a des gerçures aux pieds. C'est l'été, le gel est loin sur le calendrier et dans les pensées. Qu'on soit sur la route des vacances ou sur la route tout court, il faut délirer. C'est l'été et c'est les vacances pour tout le monde. S. L.