Le pouvoir mène, depuis quelques jours, une véritable offensive, aux plans politique, législatif et institutionnel pour réussir son pari, qu'il sait du reste extrêmement difficile, de tenir l'élection présidentielle avant la fin de l'année. Et face à la gravité de la situation, c'est l'institution militaire qui prend les choses en main, notamment en fixant, depuis la semaine dernière, l'agenda de la présidentielle. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Une présidentielle que l'armée considère comme une urgence nationale, la seule option à même de permettre de fermer la parenthèse de la plus grave crise politique que connaît le pays depuis l'indépendance. La seule option aussi, à même d'éviter au pays de s'engluer dans de périlleuses transsections, forcément fatales pour l'Etat et la nation algériens. En ce début de la rentrée, donc, le processus est enclenché à tous les niveaux, depuis la sortie du vice-ministre de la défense nationale, qui, à partir de Ouargla, suggérait la convocation du corps électoral dès le 15 septembre. S'en suivra, juste après, la remise du rapport final élaboré par le panel présidé par Karim Younès, au chef de l'Etat qui, à son tour, réunira dès le lendemain le conseil des ministres exclusivement consacré à l'examen et à l'adoption des deux textes devant régir le prochain scrutin. Le projet de loi portant révision du code électoral et celui portant création de l'autorité indépendante d'organisation et de supervision des élections sont d'ailleurs, d'ores et déjà, soumis à l'examen et à l'approbation du parlement qui devrait tout finaliser, dès le début de la semaine prochaine. En parallèle, le président du désormais ex-panel est sollicité officiellement par Abdelkader Bensalah pour la formation de cette nouvelle autorité d'organisation des élections. Une autorité qui, faut-il le souligner, sera dotée de très larges prérogatives pour gérer le processus électoral , en amont et en aval, et, pour la première fois dans l'histoire de l'Algérie, sans la moindre implication du pouvoir, via ses traditionnels leviers en la matière, à savoir les ministères de l'Intérieur, de la justice, des affaires étrangères et de la communication, en plus des walis et des chefs de daïra. Concrètement, cette autorité indépendante remplacera le gouvernement dans l'organisation de l'ensemble de l'opération électorale. L'on croit savoir d'ailleurs de sources très au fait de ce dossier, que le gouvernement de Nourredine Bedoui, si unanimement décrié du reste, sera sacrifié dans les tout prochains jours. «Dès l'adoption des deux textes de loi portant code électoral et création de l'autorité indépendante par le parlement» avancera même une source bien informée. La mesure est anticonstitutionnelle ? «Certes, mais il ya bien eu deux précédents, avec les limogeages des ministres de la justice et de la culture. En plus, la situation est exceptionnelle et l'intérêt du pays prime sur toute autre considération», nous explique notre source qui considère, également, qu'il s'agira là, d'une lourde mesure d'apaisement, le départ du gouvernement Bedoui étant une revendication partagée par l'ensemble des parties agissantes sur le terrain, à commencer par le mouvement populaire, les partis en acteurs de la société civile toutes tendances confondues, même parmi les plus proches du pouvoir. K. A.