A Bouira, tout porte à croire que les revendications citoyennes qui sont auparavant faites d'une manière sporadique à travers des actions de rue, sont en train de faire tache d'huile pour devenir quasi quotidiennes à travers l'ensemble des communes de la wilaya. Pas un jour ne passe sans que des villageois de telle ou telle commune sortent dans la rue pour crier haut et fort leur ras-le-bol et réclamer leur part de droits, résumés le plus souvent en des droits sociaux et le bien-être. Et le comble dans toutes ces actions, c'est que le plus souvent, les villageois en colère ne croient plus aux promesses des responsables, et parfois y compris celles du premier magistrat de la wilaya. Une perte de confiance induite par des années de promesses sans lendemain et d'engagements jamais tenus. Ainsi, et après les actions de la semaine dernière enregistrées du côté d'El Hachimia et de Dirah, et après l'action de dimanche par les villageois de Guelta Zerga de Sour-el-Ghozlane, ce fut au tour des villageois de Ouled Barka qui regroupe quatre hameaux, et relevant de la commune de Maâmora, à 60 kilomètres au sud de Bouira, de procéder à la fermeture du siège de leur APC pour réclamer leur part de développement. Selon certains villageois que nous avons contactés par téléphone, ce grand village qui compte des centaines de familles, fait partie des oubliés. Un village qui manque de tout, selon nos interlocuteurs, à commencer par le gaz naturel, puis les routes et surtout l'eau potable. « Des produits de première nécessité qui ne sont plus un luxe pour notre pays et surtout pour la wilaya de Bouira qui se targue d'être parmi les pionnières en matière d'AEP et de ressources hydriques avec l'existence de trois barrages hydrauliques d'une capacité totale qui avoisine le milliard de mètres cubes». Encore une fois, le P/APC de cette commune qui intervenait sur les ondes de Radio Bouira essayait d'être rassurant en indiquant que ce village est inscrit au titre du budget 2020 pour l'AEP avec la réalisation d'urgence d'un château d'eau, alors que pour le gaz naturel, l'enveloppe existe et les études techniques sont engagées. Du côté de Guelta Zerga et malgré toutes les promesses faites par le maire de Sour-el-Ghozlane, et le chef de daïra, les villageois sont revenus à la charge en procédant à la fermeture de la RN8. Ceux-ci réclament toujours la présence du wali pour pouvoir être rassurés. Toujours au niveau du chef-lieu de wilaya, ce sont des dizaines de jeunes recrutés dans le cadre des dispositifs du pré-emploi et depuis des années, avec des promesses de recrutements définitifs, qui ont observé un sit-in au niveau du siège de la Wilaya. Ceux-ci dénoncent la précarité dans laquelle ils se retrouvent avec des salaires de misère. Outre la demande de leur intégration, ils réclament la comptabilisation de leurs années de travail dans le cadre du pré-emploi pour l'avancement de leurs carrières ainsi que le calcul des salaires avec les catégories et les échelons. Toujours au niveau du chef-lieu, les enseignants du primaire qui sont des centaines à quitter leurs postes pour la grève hebdomadaire, se sont rassemblés devant le siège de la Direction de l'éducation de Bouira. Sur place, ils dénoncent la charge qui leur est imposée par le système éducatif actuel et surtout des travaux supplémentaires qui n'ont rien à voir avec la pédagogie, comme la surveillance des élèves lors des récréations, ou encore au niveau des cantines, etc. En outre, ils réclament l'application immédiate du décret présidentiel 214/266 de 2014, qui stipule la classification des enseignants du primaire dans la catégorie 12, ce qui n'est jamais appliqué. Des enseignants qui semblent décidés à aller jusqu'au bout de leurs revendications puisque dès ce mardi, ils comptent refuser tout travail en dehors des cours à dispenser aux élèves à l'intérieur des classes. Enfin, du côté de M'chédallah, cette fois-ci, c'est du Hirak dont il s'agit puisque des dizaines de citoyens ont organisé un sit-in devant le siège du tribunal pour appeler à la libération du jeune Aloune Nabil arrêté le vendredi passé à Alger et mis sous mandat de dépôt dimanche dernier par le juge d'instruction du tribunal de Sidi M'hamed. Les manifestants ont, pendant plus de deux heures, réclamé la libération du jeune Nabil et tous les autres détenus du Hirak, tout en scandant les slogans propres au Hirak mais également en fustigeant les juges qui travaillent, selon eux, aux ordres. Y. Y.