Dernier jour hier d'une campagne électorale aussi singulière que laborieuse. Les cinq candidats à l'élection présidentielle ont fait campagne, trois semaines durant, dans un contexte politique inédit, marqué par le refus d'un pan de la société du rendez-vous électoral et la détermination du pouvoir à respecter son agenda. Nawal Imès- Alger (Le Soir)- Hier soir à minuit, les cinq candidats à l'élection présidentielle étaient dans l'obligation de respecter un silence électoral que leur impose la loi. Il intervient trois semaines après le coup d'envoi de la campagne électorale. Elle aura été, à bien des égards, inédite. Jamais la scène politique n'aura été aussi inanimée que pendant ces trois semaines. Les partis politiques, engagés ou pas dans la course électorale, se sont fait discrets. Pointés du doigt car symboles d'un régime rejeté, ils se sont contentés du rôle d'observateurs passifs durant toute la campagne. La société civile, si encline à faire des offres de service et à battre le rappel des troupes pour faire allégeance aux favoris du moment, a adopté la même attitude. Les cinq candidats à l'élection présidentielle se sont retrouvés à faire face à la grogne de la rue. Aucun d'entre eux n'aura été épargné. Des salles de conférences ont été encerclées par des manifestations et des meetings chahutés par des manifestants hostiles à la tenue des élections dans les conditions actuelles. Dans certaines wilayas, la tension est montée d'un cran, entraînant des arrestations dans les rangs des manifestants. Les candidats y ont fait face en ignorant totalement les tensions qu'ils engendraient par leur passage. Certains ont minimisé l'impact de cette mobilisation alors que d'autres se sont souvent contentés d'affirmer que la liberté d'opinion était garantie. Aucun d'entre eux n'a, cependant, condamné les arrestations faites dans le sillage de leurs meetings. Autre signe d'une campagne particulière, les «activités de proximité» se sont limitées aux seules wilayas «sans risques». En lançant sa campagne à partir de la Grande-Poste, Abdelkader Bengrina a pu prendre la mesure du peu d'engouement de la rue algéroise pour l'élection présidentielle. C'est finalement une campagne au minima que les candidats ont eu à mener. Au plan du discours développé pendant ces 21 jours de campagne, l'appel à une forte participation aura été élevé au rang de priorité numéro une. Le taux de participation constitue, en effet, l'enjeu principal de cette élection et le thème de campagne favori des cinq candidats qui ont boudé cette année l'affichage. Les panneaux prévus à cet effet sont restés quant à eux désespérément vides. Les emplacements consacrés aux candidats au niveau de toutes les communes auront finalement été détournés de leur vocation. Des messages clairement opposés au processus électoral y ont été tagués et les portraits des nombreux détenus d'opinion y ont été affichés. Comme pour réanimer une campagne électorale morne et sans relief, l'autorité nationale des élections a organisé un débat télévisé entre les cinq postulants. Qualifié d'«historique», il n'aura finalement pas tenu toutes ses promesses. Censé dévoiler non pas les programmes mais la face cachée des candidats et leur charisme, le débat en question s'est contenté d'aborder des généralités. Hier, les cinq candidats s'attelaient encore à expliquer les contours de leurs programmes alors que le compte à rebours est bel et bien enclenché en attendant le jour J. N. I.