La semaine a été pénible. Au bout, une élection comme on l'attendait. Ceux qui ont suggéré que le pouvoir pouvait y renoncer parce que la mobilisation populaire avait atteint une telle ampleur qu'elle ne laissait aucun doute quant à sa représentativité en ont eu pour leurs illusions. Moins nombreux mais tout de même audibles sur la scène nationale, ceux qui pensaient- ou espéraient - que le mouvement populaire allait physiquement faire annuler le scrutin, avec tous les risques que ça comportait, ont eu la même désillusion. La semaine a été pénible. Les derniers jours ont été très marqués par des rumeurs sur un autre « choix » du candidat promis à la victoire. Dès le début, il a été question d'Abdelmadjid Tebboune. Puis d'Azzedine Mihoubi. Dans la foulée, il y a eu quelques «indices» qui se sont un peu trop vite transformés en certitudes. Enclenchés avec la défection du directeur de campagne de Tebboune, «confirmés» avec l'arrestation de son principal soutien financier, ces «indices» étaient censés se «confirmer» dans le dernier virage avec la rencontre de Mihoubi avec quelques diplomates. Puis, il y a eu les résultats qui ont ramené les choses aux premières «prévisions». La semaine a été pénible. L'idée est dans l'air depuis plusieurs élections présidentielles. Cette fois encore, il a été question d'un deuxième tour, envisagé, paraît-il, pour crédibiliser le scrutin et démentir autant que faire se peut les accusations de fraude. L'idée a été rapidement battue en brèche cette fois-ci en raison du contexte, particulièrement explosif. Pour beaucoup d'observateurs, et ils ne manquent pas d'arguments, le pouvoir ne peut pas se permettre le luxe d'une prolongation face à la rue. L'argument de contradiction qui consistait à dire qu'un deuxième tour donnerait du temps pour un possible arrêt du processus n'a pas tenu la route et ça vient de se confirmer. La semaine a été pénible. La conférence de presse de Mohamed Charfi pour l'annonce des résultats devait être sans surprise. Il y en a eu quand même quelques-unes, comme les fréquentes envolées du président de l'Autorité des élections qui, à aucun moment, ne s'en est tenu à ses compétences. L'autre fait saillant de cette conférence de presse est l'absence de questions gênantes, le micro passant systématiquement d'une journaliste «félicitant le peuple algérien pour l'élection de M. Tebboune» à un autre sollicitant Charfi pour une «réponse à ceux qui crient à la fraude» ! Plus… pénible encore, la longue, lente et laborieuse énumération des résultats de chaque candidat dans chaque wilaya, heureusement interrompue parce que plus personne ne suivait. La semaine a été pénible. En suivant les résultats de l'élection, ses taux de participation, ses scores pour chaque candidat, ses nuances, ses lectures et ses commentaires, on a failli oublier qu'hier, on était vendredi. S. L.