En prêtant serment aujourd'hui, Abdelmadjid Tebboune entame ainsi de manière officielle son mandat présidentiel. Tous les regards seront alors braqués sur sa première prise de parole en tant que Président et les décisions qui marqueront son mandat. S'il est attendu sur plusieurs fronts, c'est certainement la position qu'il adoptera par rapport au mouvement populaire en cours qui sera scrutée. Nawal Imès- Alger (Le Soir)- Arrivé au palais d'El-Mouradia dans une conjoncture politique des plus tendues, Abdelmadjid Tebboune fera face, au lendemain de son intronisation officielle, à de nombreux défis. Pour les relever, son mandat devra, d'entrée de jeu, être marqué par des décisions courageuses. L'opinion publique l'attend sur au moins un dossier brûlant, celui des détenus d'opinion, incarcérés pour avoir pris part à des manifestations. On prête au nouveau Président l'intention de les libérer. Ira-t-il jusqu'au bout ? Le jour même de l'annonce des résultats par l'Autorité nationale des élections, Tebboune tendait la main à ce qu'il qualifie de «Hirak béni», plaidant pour un dialogue constructif. La réponse des acteurs de la société civile et des partis politiques a été quasi-unanime : pas de dialogue sans le préalable de la libération des détenus. En accédant à cette demande, le Président pourra amorcer un début de dialogue rompu depuis plusieurs mois. Il pourra, par la suite, se consacrer à ce qu'il qualifie de chantiers prioritaires. En première position, arrive la révision de la Constitution. Tebboune la veut «profonde» pour, dit-il, établir une stricte séparation entre les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire tout en renforçant les pouvoirs de contrôle du Parlement. Il s'engage à mettre en place des contre-pouvoirs et à consacrer l'immuabilité de la limitation du mandat présidentiel à un mandat renouvelable une seule fois. Ces dispositions feront l'objet de larges consultations, promet-il, et seront proposées au peuple via un référendum. Dans le même sillage, c'est la loi électorale qui connaîtra également des changements. Cette dernière, remaniée juste avant la programmation de l'élection présidentielle, sera à nouveau amendée pour, dit-il, introduire des dispositions permettant une plus grande participation des jeunes à la vie politique et la séparation définitive entre l'argent et la politique. Là où Tebboune compte également frapper les esprits, c'est en composant son gouvernement. Il promet une présence plus visible des jeunes. Des ministres âgés de 25 ans y feront leur entrée, avait-il promis en animant, vendredi dernier, une conférence de presse. Tebboune sera également attendu sur le volet économique. Après des mois de crise politique, le secteur économique est fortement impacté. Les investisseurs tant nationaux que les partenaires de l'Algérie sont en attente de signaux rassurants. En la matière, le candidat avait dans son programme fait part de sa volonté de mettre en place un «nouveau modèle économique» basé sur la diversification de la croissance et de l'économie de la connaissance, la valorisation de la production nationale manufacturière agricole, industrielle et de service par une incitation fiscale, la limitation des importations et la mise en œuvre d'une nouvelle politique d'industrialisation. Quelles en seront les mesures phares ? Tebboune n'en a rien dévoilé pour le moment. Face à l'urgence de redresser l'économie, mais surtout de réinstaurer un climat de confiance à tous les niveaux, le voile sera certainement rapidement levé sur des décisions phares. N. I.