Le procès d'Issad Rebrab a été reporté au 31 décembre prochain. La décision du tribunal a été notamment motivée par l'absence du représentant de la partie adverse. Il est 12 heures passées, ce mercredi, lorsque Issad Rebrab est appelé à la barre par la juge qui vient de clôturer l'étude du dossier de plusieurs prévenus de droit commun, arrêtés en possession de psychotropes ou de plusieurs grammes de drogue dure. Les affaires se déroulent rapidement et toutes sont renvoyées au 31 décembre prochain. Une date, explique la juge, qui permettra aux prévenus d'être fixés rapidement car le mercredi prochain est un jour férié. L'homme d'affaires est assis non loin d'un jeune homme arrêté lors d'une manifestation du Hirak. Visage détendu, il garde le regard fixé sur les membres de sa famille présents. Des membres de Cevital se trouvent aussi dans la salle. La juge commence par appeler les témoins. Sur les huit personnes convoquées, deux sont absentes. Le représentant de la société Evcon, partie adverse dans l'affaire qui doit être jugée, est également absent. La voix claire, le ton pesé, il demande à être assisté par un interprète. «Ma langue maternelle est le tamazight et ma langue universitaire est le français. Je porte les conséquences du colonialisme.» La juge lui explique alors qu'il peut s'exprimer en arabe dialectal, mais le patron de Cevital insiste : «Il y a des termes techniques qui seront utilisés, je ne pourrai pas me défendre si je ne les comprends pas.» La juge déclare alors : «Nous allons contourner ce petit problème. Il n'en est pas un en réalité car il s'agit du passage de l'arabe vers le français ou tamazight. Nous n'avons pas besoin d'un interprète.» S'adressant aux avocats qui se trouvent dans la salle, elle demande à un volontaire s'exprimant en tamazight et non constitué dans l'affaire de bien vouloir effectuer la traduction. La juge demande cette fois au prévenu s'il est prêt à être jugé. Issad Rebrab rétorque : «La partie adverse doit être présente.» La cour décide alors de se retirer pour étudier la situation. La séance est levée et ne reprend que quelques minutes plus tard. Cette fois, les avocats prennent la parole pour demander la mise sous liberté provisoire de leur client. «Issad Rebrab présente toutes les conditions nécessaires pour que cette demande soit acceptée. C'est un homme d'affaires connu. Il génère des emplois (…) il n'a pas acheté de jet privé pour s'enfuir. Il reste à la disposition de la justice et se présentera lorsque cette dernière le convoquera (…) Trois demandes similaires ont été rejetées. Cette nouvelle demande interpelle la conscience de la justice», plaide le collectif de défense. La juge s'adresse au procureur, représentant du ministère public. Ce dernier livre immédiatement sa décision : «Demande rejetée.» Consternation et déception au sein de la famille. Son fils cadet baisse la tête. L'espoir suscité par des évènements inattendus survenus tout récemment s'est envolé. Il découlait essentiellement des déclarations faites par Bédoui et six de ses ministres au cours d'une rencontre entre Omar Rebrab, fils du patron de Cevital, et ces derniers. Ces responsables s'étaient alors engagés à débloquer les projets bloqués depuis de longs mois. Le groupe Cevital et la famille Rebrab ont également insisté sur la conclusion des huit expertises favorables à Rebrab et présentées à la justice. Abla Chérif