L'heure des comptes a sonné pour les cinq candidats à l'élection présidentielle. Le Conseil constitutionnel leur demande de justifier leurs dépenses durant la campagne. Disposant d'un délai allant jusqu'au 18 mars prochain, les concernés s'attellent à préparer leurs dossiers. Abdelaziz Belaïd sera probablement l'un des premiers à le faire. Ayant «peu dépensé», son dossier est quasiment ficelé. Nawal Imès- Alger (Le Soir)- Les candidats à l'élection présidentielle le savaient : ils ne pouvaient dépenser sans compter ni encore moins sans rendre des comptes. Le Conseil constitutionnel le leur rappelle. Conformément aux dispositions de l'article 56 du règlement fixant les règles de fonctionnement du Conseil constitutionnel, modifié et complété, les comptes doivent être déposés auprès du greffe du Conseil constitutionnel dans un délai ne dépassant pas le 18 mars 2020. Comment les candidats et leurs staffs se préparent à respecter cette injonction ? Mustapha Heddam, porte-parole du Front El Moustakbel, dont le président était candidat, explique que la mission est très facile en raison du peu d'argent dépensé et de l'origine clairement connue des sommes mobilisées pour la campagne de Abdelaziz Belaïd. Il explique, en effet, que «la campagne de notre candidat s'est faite grâce aux moyens personnels des militants et des moyens du bord. Nous nous sommes déplacés dans nos propres voitures. Pour la location des chambres d'hôtel, ce sont souvent les militants qui ont cotisé. Idem pour la restauration.» Il ajoute : «Nous n'avons pas beaucoup dépensé et donc les comptes seront très rapidement établis. Le dossier sera vite ficelé pour être déposé probablement la première semaine de janvier alors que le délai court jusqu'à mars prochain.» Les staffs des autres candidats se sont montrés moins bavards, préférant ne pas répondre à la question alors que d'autres sont tout simplement restés injoignables. Ils vont néanmoins devoir se conformer à une obligation clairement énoncée dans la loi organique portant régime électoral. Il y est spécifié le plafond à ne pas dépasser, les sources des revenus mais également la traçabilité. L'article 190 stipule que «les campagnes électorales sont financées au moyen de ressources provenant de la contribution des partis politiques, de l'aide éventuelle de l'Etat, accordée équitablement, et des revenus des candidats». Par souci d'équité, la loi plafonne les dépenses puisque, selon l'article 19, «les dépenses de campagne d'un candidat à l'élection du président de la République ne peuvent excéder un plafond de cent millions de dinars pour le premier tour. Ce montant est porté à cent vingt millions de dinars en cas de deuxième tour». Il est aussi fait obligation aux candidats d'établir un compte de campagne électorale retraçant selon leur origine et leur nature toutes les recettes perçues et les dépenses effectuées. Des comptes qui devront être certifiés par un expert comptable ou un commissaire aux comptes agréé. L'enjeu étant double : pour le Conseil constitutionnel, il s'agit de vérifier qu'aucun financement interdit par la loi n'a été effectué alors que pour les candidats, la certification des comptes est la seule garantie pour se faire rembourser une partie des dépenses engagées. N. I.