Ses oncles étaient les célèbres miniaturistes Omar et Mohamed Racim. Chez Ali Ali-Khodja, la couleur est tout, elle est l'œuvre elle-même. A l'occasion de la commémoration du 10e anniversaire du décès de l'artiste peintre Ali Ali-khodja, la galerie algéroise Seen Art de Dély Ibrahim abrite du 14 mars au 12 avril 2020 une exposition d'exception autour de ses œuvres, intitulée «Jardin mystique». Ali Ali-Khodja est né le 13 janvier 1923 dans une famille de la bourgeoisie algéroise. Il a eu comme chance et aussi comme «handicap» d'avoir pour oncles les célèbres miniaturistes et enlumineurs Omar et Mohamed Racim. Ce nom, prédestiné «Racim» qui veut dire «peintre» ou «dessinateur», connu et respecté dans le monde des arts appliqués et des arts plastiques en général, était synonyme autant de prestige que de légitimité en matière artistique. Dès l'âge de 12 ans, ses oncles l'orientent naturellement vers une carrière artistique classique et l'incitent à se poser en héritier (de leur art) et à se faire un nom d'artiste dans leur lignée en perpétuant leur art. Mais, dès les premières années de sa carrière artistique, Ali Ali- Khodja renonça à la miniature et décida de se faire un nom par lui-même et par ses propres efforts et son propre art. Cette démarche, difficile, impliquait aussi la rupture avec la miniature et la tradition artistique familiale. S'il a renié la miniature, il en a néanmoins conservé ce qui en fait son originalité, c'est-à-dire la préciosité et l'abondance des couleurs. Il a l'air d'un orfèvre lorsqu'il peint, car son travail est méticuleux. Les paysages ou les êtres vivants qu'il représentait au départ ne sont pour lui que des prétextes pour des compositions toutes en équilibre où se profilait déjà le parti pris de la couleur qui distingue ses dernières œuvres. Aussi, chez Ali Ali-Khodja, la couleur est tout, elle est l'œuvre elle-même. Elle est si présente que les formes, car elles existent, disparaissent, captivées comme le regard, par tant d'éblouissement. Ali Ali-Khodja est décédé le 7 février 2010 à Alger. «Je ne comprends pas qu'on puisse peindre sans se remettre en question, sans agir contre les idées préconçues, l'immobilisme… Il y a une évolution de la vie. D'ailleurs, mon oncle Mohamed me disait : ‘‘Si j'avais été de ta génération, j'aurais fais autre chose.'' Il était très ouvert. Il achetait chaque semaine Sciences & Vie que je lisais après lui avec avidité. Comme j'étais asthmatique et qu'il n'y avait pas de pénicilline à l'époque, j'étais souvent obligé de rester à la maison, et là j'en profitais pour plonger dans des encyclopédies qui m'ouvrait de nouveaux horizons. Au fond, aussi bien Mohamed que Omar étaient partagés entre les contraintes de l'art appliqué et leur désir de libérer leur expression. Mohamed plus que son frère, sans doute parce qu'il avait voyagé et séjourné à Paris. Il m'a beaucoup aidé à m'épanouir et à m'en sortir», avait dit Ali Ali-Khodja au sujet de sa quête artistique. Kader B.