Le climat humide accompagné d'averses, tout au long de la semaine écoulée ainsi que durant la semaine en cours, a chamboulé complètement les prévisions fanfaronnes des fellahs quant à une saison exceptionnelle en termes de récoltes pour la tomate industrielle. Selon le secrétaire général du bureau de wilaya de l'UNPA (Union nationale des paysans algériens), M. Saci Labadlia, joint par téléphone, « cette météo capricieuse n'est pas propice pour le développement des plants de la tomate industrielle et, également, les autres cultures, à savoir les arbres fruitiers et la vigne. Je vous annonce, sans ambages, que déjà, nous avons recensé plus de 500 hectares réservés à la tomate industrielle qui ont été touché, de plein fouet, par les deux maladies, à savoir le mildiou et l'alternaria tomatophila. Ce qui représente 10% du total de la superficie réservée à cette culture stratégique pour le pays et qui entre, directement, dans la production du DCT et TCT (double et triple concentré de tomates). Un produit alimentaire stratégique pour notre pays. Nous avons au niveau de notre wilaya 5 000 ha de superficie réservés à la tomate industrielle. Au niveau de l'Est algérien, ce sont 22 000 ha qui ont été plantés (El Tarf, Guelma, Annaba et Skikda)». Et d'ajouter pour mieux étayer ses propos : « Il faut savoir que le mildiou est une maladie cryptogamique (ou fongique) qui peut entraîner de grandes pertes si elle n'est pas contrôlée. Le mildiou peut se propager sous forme d'épidémie fulgurante à cause de son caractère épidémiologique explosif. Pire, le confinement est un autre handicap qui a ralenti considérablement notre approvisionnement en fongicides anti-mildiou du fait, que les principaux fournisseurs de ce traitement se trouvent au niveau d'Alger. Ce sont, particulièrement, les superficies situées dans les communes de Ben M'hidi, Besbès, Dréan, Asfour, Zerizer et Chebaïta-Mokhtar qui sont les plus touchées par la propagation des deux maladies .» Interrogé sur le montant des pertes, notre interlocuteur martèlera que « nous sommes tenus de mettre en place un plan de sensibilisation et d'information tous azimuts pour inculquer, d'une façon irréversible, à nos agriculteurs la culture des assurances. Je vous annonce, et c'est un scoop, que nous avons réussi au niveau de notre wilaya à inscrire l'assurance « inondation » sur la nomenclature des risques assurés par la CRMA (Caisse régionale de mutualité agricole) et ce, pour la saison hivernale de l'année 2020-2021. Nous militons avec constance et dans le même sens pour une assurance concernant les maladies des cultures à l'image du mildiou et l'alternaria. La CRMA est tenue d'être au diapason des mutations profondes que connaît le secteur de l'agriculture. Nous évoluons dans un secteur qui n'est pas figé». Nous apprenons, par ailleurs, que la DSA (Direction des services agricoles) a pris toutes les dispositions idoines pour lutter contre la propagation des deux maladies en mobilisant, entre autres, l'ensemble des agronomes de ses services et les cadres et chercheurs du centre technique de prévention des maladies touchant les plantes d'El Kous (Ben-M'hidi). La DAS a procédé, dans la foulée, au recensement des fellahs qui ont subi des pertes dans le dessein d'une hypothétique compensation par les pouvoirs publics. Quoi qu'il en soit, les efforts de l'UNPA et de la DSA sont en train de donner des résultats probants, nonobstant les contraintes, les contingences objectives et les aléas du temps. El Tarf peut se hisser à un niveau enviable en matière de production agricole du fait qu'elle possède les meilleures terres d'Algérie, jadis la plaine de Bône. Daoud Allam