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Je pense à demain
Publié dans Le Soir d'Algérie le 17 - 06 - 2020

Je ne sais pas de quoi sera fait demain. Je suis admiratif de ceux qui, un trop de plein de certitude dans la tête, n'y pensent même pas. Oui, je suis admiratif de ceux qui n'ont en eux aucun doute. Ils sont dans la possession, sans vergogne, d'aujourd'hui. Et de demain. Ils ne se font aucun souci. Ils ont cette sentence à la bouche : « Demain, il fera jour. » Ils ne font aucun cas d'un faux-pas, d'un scepticisme du moment, d'une peur quelconque, d'une mauvaise rencontre ou d'une erreur humaine. Oui, je reste admiratif. Ils rejettent d'une main, indolemment, toute question existentielle. Le Covid-19 ? Pschitt ! Ça n'existe pas. C'est une invention pour se débarrasser des vieux. La bavette ? Pour quoi faire ? Elle ne protège de rien, encore moins de ce virus. Puis, le destin est là, il faut y souscrire. Le gel ? Boff, je ne vais pas enrichir davantage les pharmaciens. Le Hirak ? Les pauvres hirakistes ne font que gesticuler, le pouvoir est trop fort. Ils se casseront la voix, puis rentreront chez eux. Les arrestations ? C'est du chiqué, il n'y a rien de vrai. L'argent ? Travailler ? Pourquoi ? « Eux » n'ont pas travaillé ; pourtant, ils sont riches comme Crésus. L'Algérie ? Quoi, l'Algérie ? Ben, l'Algérie, c'est l'Algérie ! C'est tout ! Il n'y a pas autre chose à dire. Vivement l'khardja, n'importe où kho, là-bas mieux qu'ici, comme ça , à moi la belle vie, les filles, les soirées, la bière, la beauté partout, c'est ça, là-bas. Curieusement, je persiste à être admiratif. Je sais que c'est paradoxal ; c'est comme ça. Je me rappelle de cette expression bien de chez nous qui dit : « A trop réfléchir (trop s'en faire, c'est selon), tu finiras poussière. » Mais le Président a parlé. Ah, bon ! Tu as suivi son intervention ? Pour quoi faire ? Les présidents disent toujours la même chose. Chez nous, c'est « plus » pire ! C'est juste un jeu de rôle. Tout de même, il s'agit du Président, du pays (lebled), l'avenir, la politique ! Tu es naïf (niyya n'ta), il n'y a ni pays, ni avenir, ni politique ; on a vu la « boulitik » des présidents... Le pétrole du Sahara, ils l'ont bu... Tu viens me parler du bled... Khorti, kho, khorti... Je ne veux pas réfléchir, je veux vivre. Puis, toi, tu fais quoi dans la vie ? Je suis journaliste. Maintenant, je comprends le but de ton baratin ; tu veux « remplir » ta feuille de choux ; tu n'y es pas ; n'touma, vous êtes complices ; comme on dit : « Le journal supporte un quintal de mensonges (k'dheb), il ne supporte pas un kilo de sardines. » Rouh tetfelssef wahdek, je n'ai pas de temps à perdre avec toi. Yakhi jernani, yakhi !
Si je pouvais transcrire ce paragraphe en daridja, le ton ressortira à propos. J'ai fait comme j'ai pu. L'essentiel est de marquer l'opportunité, ou pas, de la rencontre. Et du débat. Je précise que j'étais masqué. Et mon interlocuteur ne l'était pas. Je suis parti de cet intermède la gorge serrée. Je n'arrive pas à m'habituer à ce cynisme ambiant. Je ne sais pas si je peux utiliser ce qualificatif. Qui en est responsable ? Les parents ? L'école ? Le parti unique ? Les enseignants ? Les présidents de la République algérienne ? Les mosquées ? La rue ? Les oligarques ? Le shit ? L'euro ? Les ministres ? L'opposition ? A moins que ce soit moi le responsable ! El mouhim, c'est ça le tissu, tu prends ou tu laisses (dites-le en daridja).
On va continuer sur la lancée, si vous le voulez bien. Il y a bien un début de « déconfinement ». Il n'y a rien de changé dehors. Les gens vont et viennent. Voilà, c'est tout ! Oui, les boutiques rouvrent graduellement. Mon café préféré est toujours fermé. Je reporte toujours ma dégustation de thé maison. Et mon conclave avec mes cinq potes ; ils me manquent ; je ne les ai pas vus depuis mars ; on est de drôles de potes ; on se parle en bigophone de temps à autre ; on a toujours le même sujet ; corona, par-là ; Covid-19, par-ci ; confinement et « déconfinement » ; et puis, rien d'autre !
Je suis sorti aujourd'hui. J'ai pensé me payer une pizza « quatre fromages ». J'ai mis mon masque. Arrivé devant la pizzeria, je change d'avis. J'ai eu peur, il faut le dire. J'y ai vu des clients sans bavette. J'ai vu autre chose, également. Avec le recul, je me suis marré. Il y a bien ceux qui mettent le masque correctement, au point de ne pas reconnaître des connaissances. D'autres masquent leur cou, comme si ce virus s'attrapait par cette partie du corps ; sérieux, j'ai bel et bien vu des gens, au lieu d'enlever carrément la bavette, faire descendre ce bout de tissu, ô combien important, au niveau du cou. Il y en a ceux qui mettent la bavette juste sur le menton. Sérieux, je les ai vus. C'est une façon de se donner bonne conscience. Puis, il y a ces automobilistes qui accrochent leur bavette au niveau du rétroviseur intérieur, comme un chapelet (ki tesbih). J'ai vu de mes yeux vu ce type de comportement. Attention, je n'émets aucun jugement de valeur ; chacun voit « son » corona à sa porte.
Je veux juste dire que cette épidémie n'est pas une simple grippe. Il n'y a pas de tisane qui tienne, ni de vitamine C. Il s'agit d'une maladie mortelle. Même une fois guéris, il y en a qui échappent heureusement, les séquelles mettent du temps à se résorber. Je veux juste dire qu'il faut prendre au sérieux cette infection. Puis, son degré de contagiosité est incroyable. Aussi, les recommandations doivent être de rigueur, jusqu'au jour où un vaccin sera mis à la disposition de tous. Je veux juste dire qu'il faut également penser à autrui. C'est une cause commune, qui concerne la collectivité, toute la collectivité. Je veux juste dire que la bavette se met sur la bouche et le nez, nulle part ailleurs (suivez mon regard !).
Le président de la République a parlé. C'est une tradition à perpétuer. Sauf que j'ai eu la désagréable impression que la « derdacha » était orientée, canalisée, contrôlée à l'avance. Les journalistes n'avaient pas le loisir de poser les questions brûlantes de l'heure. Le Hirak, par exemple. Les arrestations, autre exemple. On est resté confiné (tiens, ça n'en finit pas) au problème de l'épidémie, de son suivi et des conséquences probables. Personnellement, je suis resté sur ma faim. Un simple communiqué de la présidence aurait fait meilleur effet. Il faut mettre en relief le fait que le Président a utilisé les langues arabe et française. Il a manqué dans cette rencontre un journaliste qui aurait posé ses questions en tamazight. J'ai ressenti cette absence, ce manque, comme une injustice, d'autant qu'il a été de la révision de la Constitution. Le fond de cette conférence de presse, je le laisse aux spécialistes de la chose.
Je laisse René Depestre clore cet espace de parole : « Depuis quinze ans ou depuis des siècles/Je me lève sans pouvoir parler/La langue de mon peuple/Sans le bonjour de ses dieux païens/Sans le goût de son pain de manioc/Sans l'odeur de son café du petit matin/Je me réveille loin de mes racines/Loin de mon enfance/Loin de ma propre vie. »
Y. M.


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