La nouvelle est tombée récemment. À la faveur du déconfinement progressif de la population, le gouvernement a décidé de lever la mesure du congé exceptionnel rémunéré accordé aux femmes élevant des enfants en bas âge. Si certains parents ont résolu le problème de la garde de leurs enfants par des membres de leurs familles, d'autres cherchent encore une solution, surtout lorsqu'on sait que les établissements scolaires n'ouvrent leurs portes que le 4 octobre et que les crèches ne peuvent accueillir que 50% des effectifs, afin de respecter le protocole sanitaire et éviter un rebond de l'épidémie du Covid-19. Une rentrée sociale inédite Jamais une rentrée scolaire et sociale n'avait suscité autant d'interrogations et de contrariétés. Le Covid-19 a affecté tous les secteurs et bouleversé notre mode de vie. Pour faire face à cette rentrée inédite sur fond d'appréhensions, les mamans actives se rongent les sangs. Souhila, 39 ans, mère de deux enfants de 4 et 9 ans est désemparée : «La nounou qui gardait mon fils l'année dernière refuse de le prendre cette année à son domicile par peur de choper le virus. Je suis à la recherche d'une femme qui pourrait me le garder, mais ce n'est pas encore gagné. Même souci avec mon aîné qui ne reprend l'école que le 4 octobre et que je ne peux pas laisser seul à la maison. Je dois impérativement trouver une solution. Mon congé annuel s'achève dans une semaine et je n'ai toujours pas résolu ce problème de garde.» Pas d'alternative pour Zineb,36 ans. Elle a dû emmener sa fille de 6 ans au bureau. «Mon patron s'est montré compréhensif vu la situation exceptionnelle que nous traversons. Bavette sur le visage, ma petite passe les matinées avec moi, à faire des coloriages pendant que je travaille. Heureusement, ma sœur qui travaille à mi-temps la récupère vers 13h. On s'organise comme on peut en attendant l'ouverture des établissements scolaires, le 4 octobre prochain. Mais là aussi, j'ai peur que les conditions sanitaires ne soient pas respectées dans son école et qu'elle attrape ce satané virus. Regardez ce qui se passe en France. Plusieurs écoles ont été fermées quelques jours seulement après la rentrée à cause des contaminations ! Cette situation est vraiment anxiogène», déplore cette mère de famille. À la guerre comme à la guerre ! Pour d'autres mamans, pas question de confier leur progéniture à n'importe qui par ces temps de pandémie. «Le virus circule toujours», confie Sabrina (41 ans). «Certes, les professionnels de la santé nous ont assuré que les enfants ont moins de risques d'être contaminés, mais moi je suis loin d'être rassurée. J'ai trois enfants âgés de 3, 7 et 10 ans. J'ai préféré déposer un congé de maladie, le temps de voir comment la situation évoluera dans les jours à venir. À la guerre comme à la guerre ! La santé de mes enfants passe avant tout», conclut-elle. Meriem, 27 ans, mère du petit Anis âgé de 2 ans, a repris le chemin du travail sans grande motivation. «Mon mari prend la voiture, car il travaille loin. Il ne peut donc pas me déposer. Avec cette rentrée dans cette situation exceptionnelle, nous avons dû prendre le taureau par les cornes. Habituellement, je prends le métro pour rejoindre mon lieu de travail. Impossible cette année puisque ce moyen de transport est toujours fermé au public. Je dois avouer que même s'il était fonctionnel, je ne prendrais pas le risque de me retrouver en promiscuité avec d'autres usagers dans un espace non aéré. J'ai donc sollicité un chauffeur de taxi qui me dépose au travail le matin et me ramène le soir. Pour la garde de mon petit garçon, j'ai dû solliciter ma voisine, qui a accepté de me le garder contre rémunération. C'est un budget conséquent mais je n'ai pas le choix. Je ne vais quand même pas démissionner à cause de cette épidémie !», lance Meriem. Comment continuer à travailler tout en s'occupant de ses enfants ? Casse-tête de cette rentrée inédite, chez les couples qui travaillent. Hassna (34 ans) a dû trouver une solution de rechange. «Je refuse catégoriquement de mettre mes deux enfants de 3 et 5 ans à la crèche tant que l'épidémie n'est pas vaincue», confie-t-elle. «Avec mon mari, nous ne savions plus à quel saint nous vouer. C'est ma mère qui a finalement volé à notre secours. Elle a proposé de nous garder les enfants toute la semaine. Elle habite à Zemmouri et nous, complètement à l'opposé de la ville, à Koléa. Les enfants restent chez leur mamie la semaine et rentrent chez nous le week- end. C'est difficile d'être séparés d'eux, mais nous restons en contact par vidéo tous les soirs, en espérant un retour à la normal très bientôt.» La rentrée sociale a sonné le glas du retour au travail pour les mamans après six mois d'une mesure spéciale qui leur a permis de rester auprès de leurs enfants en bas âge. Une nouvelle organisation du quotidien s'impose, pour tenter de passer cette épreuve inédite d'une rentrée pas comme les autres. Soraya Naili