La crise induite par la pandémie de coronavirus donne lieu chaque semaine à des études sur l'étendue de l'impact, tel que le monde n'en a pas vu depuis la crise de 1929, et des perspectives sur tout ce qui fait l'économie à travers le monde. Sur le plan des perspectives, la conjoncture ne prête pas à l'optimisme certes, mais des exceptions viennent éclairer le sombre tableau, comme c'est le cas du marché mondial du gaz naturel. «Les prix du gaz naturel vont monter en flèche.» C'est la conclusion de l'étude du marché menée par une experte des questions de l'énergie et éditorialiste d'un site spécialisé américain. Donné pour constituer le plus dynamique marché des énergies fossiles d'ici quelques années, le gaz naturel est la troisième source d'énergie mondiale après le pétrole et le charbon avec 21% de la production mondiale d'énergie primaire, alors que le pétrole s'accapare 35% du même marché. Les perspectives menées par l'experte et publiées par le site spécialisé américain Oil Price prend en compte en premier lieu le gaz américain comme référence pour attester que «les prix de référence très volatils du gaz naturel aux Etats-Unis devraient augmenter dans les mois à venir dans un contexte de baisse de la production intérieure, de hausse de la demande en hiver et de reprise des prix mondiaux du gaz en Europe et en Asie, principales destinations d'exportation des Etats-Unis pour le gaz naturel liquéfié (GNL)». L'Europe et l'Asie dont on attend, évidemment, la reprise de l'activité économique et, ainsi, comme c'est le cas pour le pétrole, revoir à la hausse la demande de gaz naturel dont le prix, selon ces perspectives, dépassera les 3 dollars/MMBtu les mois d'hiver. À titre comparatif, vendredi, à la clôture du marché du gaz, le cours était de 2,14 dollars/MMBtu. Au contexte de baisse de la demande et des prix du gaz partout dans le monde, en raison de la pandémie qui a frappé et frappe encore l'activité industrielle, devrait succéder l'arrivée de la saison de chauffage, à même de changer les fondamentaux du marché. «La demande devrait augmenter avec la baisse des températures dans l'hémisphère nord, soutenant les prix du gaz naturel aux Etats-Unis et dans le monde. Des prix plus élevés dans les principaux hubs européens et asiatiques rendront à nouveau les exportations de GNL vers ces destinations viables et rentables», argumente l'experte américaine. L'indécision ayant marqué la courbe des prix, la semaine qui vient de s'écouler, indiquait clairement qu'on était en plein dans ‘'la saison intermédiaire'', période de l'année où la demande d'électricité pour la climatisation commence à diminuer, mais la demande de chauffage n'est pas encore là. Les prix ont de la sorte réagi en accentuant une volatilité extrême, passant d'une chute de 10% à l'issue de la séance du marché de lundi à une hausse de 15% deux jours plus tard. «Les prix pour les mois à venir, au-dessus de 3 dollars, ne sont pas surprenants car l'hiver est la saison de pointe de la demande de gaz aux Etats-Unis, en Europe et en Asie du Nord», argumente la spécialiste américaine qui nous apprend que, alors que la demande devrait être élevée, la production de gaz naturel aux Etats-Unis est maintenant bien inférieure à celle de l'année dernière en raison de la faible production dans le bassin permien, où les bas prix du pétrole brut réduisent la production de gaz naturel associée. Postulat appuyé par le rapport de conjoncture de l'EIA (Energy Information Administration). Ceci devrait inciter les producteurs américains plus à exporter leur GNL, les prix en Asie atteignant des sommets sur plusieurs mois en raison d'une demande accrue et d'une offre inférieure en raison de la maintenance en Australie et des terminaux fermés après les tempêtes et les ouragans de ces dix derniers jours qui se sont abattus sur le golfe du Mexique. Des données qui ont de quoi fouetter les prix sur le marché mondial et permettre à des pays comme l'Algérie, pour ses exportations vers l'Europe, d'entrevoir une éclaircie dans ses exportations d'hydrocarbures, très impactée par la conjoncture aussi bien sur le plan de la production que des recettes. Azedine Maktour