De Tunis, Mohamed Kettou Au 26 septembre, plus de 800 cas de contamination au coronavirus ont été détectés. Des chiffres éloquents qui illustrent clairement la gravité de la situation. Du 14 au 26 septembre, les cas de contamination ont doublé. Celui des patients en réanimation est passé de 46 à 76 alors que les personnes décédées, leur nombre a évolué de 138 à 214. On est loin... très loin des chiffres enregistrés au début du mois d'avril qui ne dépassaient pas les 30 cas. Pour rendre compte de l'état actuel de l'épidémie, une chaîne de TV a effectué un reportage sur la région de Monastir, en particulier sur les conditions d'accueil des patients. Le personnel soignant n'a pas caché son courroux face au ministre de la Santé qui leur a promis un soutien plus appuyé de son département. Au départ, les autorités sanitaires et politiques du pays ont pris le taureau par les cornes pour sauver le pays d'une pandémie qui avait fait des ravages dans plusieurs pays voisins. Ce fut une réussite puisque le nombre des contaminations est tombé à zéro, fin mai. Cela a donné des espoirs et a poussé le gouvernement à prendre, dans la précipitation, des mesures d'ouverture tous azimuts y compris l'ouverture des frontières qui serait à la base de la reprise des contaminations. Après le 27 juin, date de l'ouverture des frontières, un foyer s'est déclaré à l'aéroport de Tunis-Carthage avant de se répandre dans plusieurs régions du pays. Au départ importé à travers des voyageurs venus de l'étranger, le virus s'est, aujourd'hui, bien installé en Tunisie où les experts ne parlent plus de contaminations locales. Celles-ci sont le résultat logique du relâchement provoqué par une communication inadéquate attribuée aux responsables sanitaires dont certains avaient crié victoire très tôt. Aujourd'hui, la situation est devenue si préoccupante qu'elle a nécessité une réunion du Conseil national de sécurité sous la présidence du chef de l'Etat qui n'a pas exclu le recours aux expériences étrangères pour juguler l'épidémie. Des décisions ont été prises pour renforcer la protection des citoyens contre la propagation sans, pour autant, aller aux mesures coercitives. À ce jour, rien que des conseils adressés aux citoyens insouciants dont bon nombre nient l'existence du virus. Toujours est-il que la prise de décision sera décentralisée, comme l'a recommandé le Président Saïed. Carte blanche a été accordée aux gouverneurs pour traiter la situation en fonction de son évolution dans leur région. D'ailleurs, la contamination a touché, également, une centaine d'élèves et d'enseignants depuis le 15 septembre, jour de la rentrée scolaire malgré le système des groupes conçu et appliqué dans tous les établissements scolaires. Mêmes préoccupations dans l'enseignement supérieur, en particulier au niveau des cités universitaires où la distanciation physique sera difficile, voire impossible à réaliser. Une chose est sûre : la sortie du tunnel n'est pas pour demain. Des experts de la santé prévoient le pire avec l'arrivée de l'hiver et de l'humidité. En décembre, estiment-ils, la Tunisie devra faire face au quatrième stade de l'épidémie. Entre-temps, les Tunisiens continuent à mener leur vie quotidienne comme si de rien n'était. Ils assistent aux mariages, ne manquent pas les enterrements et s'adonnent, toujours, à leurs jeux de cartes et dominos dans les cafés sans aucun respect des mesures de protection. Faut-il retourner au confinement général ? Là, la décision du gouvernement est claire. Il faut apprendre à vivre avec le virus. M. K.