Joueur, Fawzi Moussouni était un attaquant au pied gauche remarquable qui a fait les beaux jours de la JS Kabylie et de l'EN, notamment lors de la CAN-2000. Reconverti au métier d'entraîneur, il a su imposer sa force de caractère mais comme il n'a pas un tempérament de coach docile, il est actuellement sans club après avoir quitté le SCM Oran qui évolue en division amateur. Entretien sans filtre avec un technicien qui ne cultive pas la langue de bois. Le Soir d'Algérie : Avant l'apparition du Covid-19, vous étiez le coach du SCM Oran. Qu'en est-il aujourd'hui ? Fawzi Moussouni : Non, j'ai arrêté et je n'ai rien compris. Je crois qu'on n'aime pas les gens corrects. Pourtant, j'ai fait un bon parcours avec ce club et avec l'apparition du Covid-19, tout s'est arrêté. Et vous n'avez pas repris. Pourquoi ? Je voulais me séparer de quelques joueurs, non pas par jalousie mais parce que je considérais qu'ils n'avaient pas un niveau acceptable. Il y avait de bons éléments qui étaient sur le banc des remplaçants et d'autres tout juste moyens qui étaient titulaires. Alors, j'ai décidé de changer tout cela et j'ai obtenu de bons résultats. Mais quand vous changez un ordre établi, cela ne plaît pas à tout le monde et, finalement, on s'est séparés à l'amiable. Et maintenant que vous êtes libre, avez-vous reçu des propositions ? Pour le moment, non. Bon, il y a ceux qui me disent qu'il y a tel ou tel club sans entraîneur et je leur réponds que j'attends des contacts officiels. Souhaitez-vous entraîner en Ligue 1 ou en Ligue 2 ? Je ne veux pas entraîner un club de Ligue 1 parce que vous ne pouvez pas travailler avec vos propres idées. Il y a toujours un président qui vous dira ce qu'il faut faire. D'ailleurs, citez-moi un seul club de Ligue 1 où on peut être libre d'appliquer sa méthode sans que l'on interfère dans votre travail. La JSK où vous avez joué et que vous avez dirigée ou le CRB ? Vous croyez que le CRB va faire appel à moi ? Et pourquoi pas ? Non. Ces dirigeants ne le feront pas pour la simple raison que si vous n'allez pas dans leur sens, vous devenez un indésirable. Alors vous préférez travailler en Ligue 2 ? Oui et même dans le palier inférieur, en division amateur. Je dois dire que j'ai reçu des propositions verbales de certains clubs de Ligue 2, mais sans plus. Comme joueur, vous aviez totalisé 10 sélections, mais si vous n'aviez pas eu cette dispute avec Djadaoui, le sélectionneur de l'époque, vous auriez pu dépasser ce chiffre ? Djadaoui, on l'a monté contre moi et il a fait de la «zkara». Mais qui l'a monté contre vous ? Des gens du ministère de la Jeunesse et des Sports et de la FAF. Plus tard, Djadaoui est venu s'excuser auprès de moi et je n'ai pas hésité à lui dire qu'il n'avait pas été un homme avec moi et que sans Nacer Sendjak, il n'aurait jamais été le sélectionneur de l'Algérie. A l'époque, on ne voulait pas de moi parce que je ne voulais pas tremper dans leur système. On vous a plutôt reproché votre mauvais caractère ? Mais en quoi avoir un mauvais caractère quand on réclame ses droits. Si j'avais vraiment un mauvais caractère, je n'aurais jamais fait carrière au sein de l'USMA ou de la JSK et ces deux grands clubs historiques ne m'auraient jamais accepté. En outre, je n'ai jamais frappé ou insulté quelqu'un. Par contre, j'étais intransigeant sur mes droits et je n'ai pas pour habitude de me taire sur les anomalies de notre football. Quelles anomalies ? Je vous cite un exemple. Les entraîneurs des clubs de l'élite sont toujours les mêmes. Ils n'hésitent pas à se compromettre avec les joueurs et les managers. C'est la «tchipa» qui règne. Ils n'hésitent pas à ramener leurs fils pour les nommer en tant que managers et ils travaillent avec certains journalistes. Moi, quand un président de club ne me paye pas, je lui demande de me régler sinon je pars sans pour autant l'insulter. Que pense l'ancien international que vous êtes de l'EN de Belmadi ? Belmadi a su instaurer une discipline et les joueurs ont adhéré à sa méthode. Pour moi, Belmadi est un peu le Simeone algérien. Quand un entraîneur est aimé par ses joueurs, et c'est le cas de Belmadi, il ne peut que réussir et, en plus, il a le président de la FAF qui est avec lui. Avez-vous été séduit par cette équipe nationale ? Oui, comme tout le monde, et j'ai remarqué que chaque joueur qui rentre apporte ce qu'on attend de lui, à part deux ou trois postes. Lesquels ? Je pense au milieu avec Belaïli, l'axe défensif et le côté droit où l'absence de Atal est flagrante. Mais nos capés jouent avec la «h'rara» et il y a un esprit de famille remarquable. Avec cela, cette EN peut aller très loin. En Coupe du monde, par exemple ? Tant que c'est Belmadi qui est le seul maître à bord, l'EN ira très loin et tant que personne ne s'immisce pas dans son travail, il n'y aura pas de problème. Il a su imposer sa personnalité. Le Championnat de la nouvelle saison sera composé de 20 clubs. Qu'en pensez-vous ? On a eu du mal à gérer un championnat à 16, alors je ne vois pas comment on va pouvoir le faire avec 20 clubs. Et puis à quoi bon avoir un championnat sans aucune base. Pendant combien de temps l'Etat continuera à financer alors qu'on n'a pas de stades. Tant qu'on ne reviendra pas à la formation, on ne pourra pas avancer. Propos recueillis par Hassan Boukacem