Vendredi 16 octobre, un professeur d'histoire français a été sauvagement assassiné près de Paris par un jeune Russe de 18 ans. L'assassin présumé a été abattu par la police quelque temps après. Bien évidemment, on en a beaucoup parlé ici. Sans doute, on en parlera encore pendant quelques jours. On a beau dire, l'Algérie, c'est toujours un peu la France. Et la France est un peu l'Algérie. Dans un sens comme dans l'autre, l'actualité se partage de façon récurrente, pour les mêmes raisons qu'il est vain de rasséréner. Un jeune Tchétchène accueilli en réfugié a tué un prof d'histoire parce qu'il a montré les caricatures de Charlie Hebdo représentant le Prophète. Oui, dans le pays d'accueil du jeune « décapiteur » fraîchement enrôlé dans la soldatesque d'un islam assiégé par sa... paranoïa, on enseigne l'éducation civique, on peut même faire de la liberté d'expression la leçon du jour. Et le lendemain, la Déclaration universelle des droits de l'Homme. Et puis le jour suivant, la liberté de la presse. La liberté de conscience aussi ? Cela s'appelle la liberté d'initiative pédagogique ou la liberté tout court. Ici, on a commencé par les « grandes questions », comme à chaque fois que l'horreur frappe. L'horreur frappe aux autres portes. Ici, les portes, on les fracasse. Alors, les Algériens planqués de la tragédie... algérienne commencent par jouer les lieutenants Colombo : pourquoi le « présumé » assassin a été tué aussi rapidement ? Il fallait attendre. Quoi ? Un prof d'histoire étêté, ce n'est pas suffisant ? Ils en veulent combien sur la lame du Moscovite ? On connaît la chanson. C'est ici, loin des Yvelines, à Haouch-el-Gros ou Had-Echekala qu'on a écrit les paroles et composé les partitions. C'est facile de jouer les fins limiers, il suffit de quelque disponibilité à la lâcheté. On a commencé par le faire pour les horreurs en quantités industrielles d'ici. C'est tellement commode de continuer pour les « petits meurtres gentils » qui se passent là-bas ! Et puis, il ne faut pas exagérer, nous sommes tous des démocrates, des modernistes et des anti-intégristes, mais moquer le Prophète... c'est de la provocation ! On peut donc tuer ou mourir pour ça ? Mais non, c'est juste que... C'est juste que, quoi ? Rien, c'est juste que ça va un peu loin. Il aurait fallu que ça s'arrête où ? On ne sait pas. Peut-être au seuil de l'école... laïque française. D'ici, on peut tout dire sur la France, surtout quand on ne peut rien dire ici, sur... ici. Avant et maintenant. S. L.