Le véhicule d'occasion revient, encore une fois, au-devant de la scène. Après les déclarations successives du ministre de l'Industrie sur le gel de l'autorisation d'importation des voitures de moins de trois ans, avant de revenir avec des précisions sur le caractère provisoire de cette décision, c'est au tour de la présidence de la République d'annoncer l'inscription de cette question au menu du Conseil des ministres prévu dimanche dernier mais annulé à la dernière minute. C'est sans doute dans le cadre de la préparation de la loi de finances 2021 que cette question devrait être examinée et étudiée, d'autant que la réinstauration de cette disposition, abandonnée depuis des années, a été prévue par la loi de finances 2020 préparée par le gouvernement de Bedoui. Une décision qui avait, rappelons-le, suscité beaucoup de réactions de la part des citoyens et qui n'a cessé d'être critiquée par Ferhat Aït Ali lui- même. Ce dernier a, à maintes fois, relevé son inadaptation à la conjoncture économique et financière du pays et surtout le peu d'attractivité pour le citoyen au revenu moyen.
Une option onéreuse et peu attractive En plus du ministre, beaucoup d'intervenants, d'observateurs et de professionnels ont souligné que la limitation de cette disposition aux seuls véhicules de moins de trois ans ne serait d'aucun intérêt pour le client local sachant que le coût final serait bien supérieur au véhicule neuf assemblé localement dont le prix était déjà au-delà de tout entendement, en dépit des multiples avantages fiscaux et parafiscaux dont bénéficiaient des opérateurs triés sur le volet. Le coût du véhicule de moins de trois ans comprend en premier un prix relativement élevé en raison du peu de kilométrage parcouru et d'un état général très acceptable. En deuxième lieu, c'est la parité du dinar par rapport à la devise dans le marché parallèle qui alourdit encore davantage la facture. En troisième lieu, ce sont l'ensemble des frais supplémentaires liés au déplacement, au séjour, à la transaction, l'immatriculation, l'assurance et au transport. Et viendrait se greffer en quatrième position, une fois le véhicule débarqué à Alger, le paiement des droits et taxes exigibles pour le dédouanement. Soit, approximativement, un surplus de 20 à 40% comparativement au prix du neuf du même modèle proposé par les détenteurs du monopole de l'assemblage. Par conséquent, le véhicule de moins de trois ans n'était guère compétitif dans la situation du marché automobile d'avant 2019. Seul le véhicule neuf... Aujourd'hui, la situation a complètement changé. En plus de la remise en cause et l'arrêt total de toute l'activité d'assemblage telle que conçue et décidée par Bouchouareb et ses mentors, on ajoute l'absence de toute importation directe durant tout l'exercice 2020. Le marché est alors alimenté par la seule offre du véhicule d'occasion dont la cote est gérée par des revendeurs organisés en lobby à travers les principaux marchés du pays. Les prix ont atteint des niveaux jamais enregistrés auparavant. Des véhicules sont vendus bien plus chers que leur prix à l'état neuf. Une situation regrettable et préjudiciable aux seuls intérêts du citoyen algérien qui voit son rêve d'acquérir un moyen de mobilité pour ses besoins et ceux de sa famille s'éloigner encore plus. Certes, le Trésor public a subi de gros dommages causés par cette parodie d'industrie automobile honteusement orchestrée par l'ancien régime, mais la responsabilité pleine et entière incombe aux seuls responsables de cette grave dérive dans la gestion des affaires du pays et cette historique dilapidation de l'argent du peuple. Ce dernier subit déjà de plein fouet les retombées d'une crise économique et financière qui n'en finit pas. Une situation aggravée par une pandémie planétaire qui a paralysé toutes les activités et fragilisé les systèmes économiques aussi vulnérables que le nôtre. Une normalisation du marché automobile dans notre pays, avec une reprise des importations en attendant l'émergence d'une véritable production nationale, dans le cadre des nouvelles dispositions réglementaires, ne saurait intervenir avant le début de l'année prochaine. Et c'est uniquement ce retour tant attendu vers la disponibilité du véhicule neuf qui pourrait reléguer au second plan, dans l'ordre des priorités du citoyen, l'intérêt pour un véhicule de moins de trois ans dont l'acquisition est aussi onéreuse que rocambolesque. B. Bellil