C'est demain le Mouloud mais beaucoup ne le savent pas. Tout le monde sait comment on arrive à... savoir le jour du Mouloud. Les faits commencent avec les premières déflagrations. Ça peut commencer tôt, très tôt même, selon le nombre des affaires et les fluctuations du marché. Un observateur très averti raconte que le record en la matière remonte au début de l'an 2000 quand on a entendu l'explosion des premiers pétards du côté de Bachdjarah quatre mois et 17 jours avant le Mouloud. Certes, il y a eu une petite polémique autour de la performance puisque nos amis de l'Est soutiennent que Rahbet-Ledjmal de Constantine a fait mieux avec un record de 4 mois 17 jours et 18 secondes avant le Mouloud, mais le recours de nos amis de l'Est a été rejeté en raison d'une erreur de procédure, le courriel de la réclamation n'étant pas parvenu dans les délais. Selon les plaignants, Rahbet-Ledjmal ne devrait pas être sanctionnée pour un retard dû à une rupture d'internet mais il y a vide juridique pour ce cas de figure et quand il y a carence réglementaire, la première décision du jury doit être maintenue. De toute façon, un comité de sages entourés aidé par une équipe pluridisciplinaire composée d'un constitutionnaliste, un mufti spécialisé et un pyrotechnicien est actuellement en consultation pour étudier la possibilité d'accorder ce record ex aequo entre les deux quartiers populaires de l'Algérie éternelle. C'est important pour l'unité du pays, l'harmonie de la nation et le rayonnement de l'Islam. Sinon, les pétarades commencent selon le niveau de disponibilité et le volume à faire écouler. Plus les containers sont nombreux, plus gros, plus le contenu est sophistiqué, plus on est pressé d'allumer la mèche. La célébration de la naissance du Prophète mérite tous les sacrifices, n'est-ce pas. Mais on ne peut pas battre le record à tous les coups. Tenez, cette année par exemple, qui a entendu une explosion de pétard ? Ils sont rares, les Algériens qui ont eu ce privilège. Les sans-gêne diront même que ceux-là ont une chance de cocus, si la formule n'est pas trop grivoise pour la circonstance. Pour autant, il ne faut pas aller vite en besogne, puisque tout est relatif, comme on dit. Les étals de pétards toutes couleurs, tous calibres, toutes fonctions, tous décibels des années prospères ne sont certes plus là et on n'y peut rien. Il y a le Covid, il n'y a pas de bateaux, il n'y a pas d'avions. Il n'y a pas de containers, il n'y a même pas de «cabas». Mais il y a quand même de la marchandise résiduelle. Il y en a tellement qu'il faudra peut-être calculer le nouveau record sur d'autres bases. Un match nul ou même une défaite étriquée contre le Real Madrid vaut plus qu'une victoire contre Guingamp, non ? S. L.
