Lourdement condamnés en première instance par le tribunal de Sidi-M'hamed, les deux anciens ministres de la Solidarité nationale, Djamel Ould Abbès et Saïd Barkat, ont vu leur procès en appel, qui devait s'ouvrir hier à la cour d'Alger, reporté au 29 novembre en cours. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Le report a été annoncé par la juge de la sixième chambre criminelle de la cour d'Alger, sur demande de la défense de Djamel Ould Abbès en raison de son infection par le Covid-19 à la prison d'El-Harrach. Les deux anciens ministres sont poursuivis pour détournement et dilapidation de deniers publics, conclusion de marchés en violation de la législation, et abus de fonction lorsqu'ils étaient à la tête du ministère de la Solidarité nationale et de la Famille. Leur procès au tribunal de Sidi-M'hamed a permis de dévoiler une mécanique diabolique de siphonnage des deniers publics. Ainsi, l'argent destiné aux couches défavorisées et aux sinistrés des catastrophes naturelles a été détourné sans état d'âme. Dans sa plaidoirie lors du procès en première instance, la partie civile avait fait état d'un montant dépassant les 1850 milliards de centimes, dont ont bénéficié 4 associations présidées par l'ancien ministre de la Solidarité, Ould Abbès, sachant que le recours à ces associations et organisations en tant qu'intermédiaires pour superviser l'acquisition des outils et les opérations de solidarité avait pour seul objectif d'éviter le recours aux marchés publics. Le montant couvrant l'acquisition des 1200 ordinateurs destinés aux lauréats du bac, session 2008, a atteint 680 milliards de centimes, dont 226 appareils ont été remis à l'Onec (Office national des examens et concours), et le reste distribué à des personnes qui n'ont aucun lien avec les catégories bénéficiant des aides de l'Etat. Le représentant de la partie civile a fait état de 9 bus remis à la wilaya de Ghardaïa après les inondations, sur un total de 157 autres acquis, indiquant que même les confréries (zaouïas) en avaient bénéficié. Quelque 1 200 milliards de centimes ont été dilapidés par l'Association de solidarité, de paix et de perspectives (présidée par Ould Abbès) pour motif d'organiser un plan bleu et des colonies de vacances au profit des enfants du Sud, mis finalement à la disposition d'autres familles, dont des enfants de cadres du ministère, sachant que la loi de ces associations ne confère aucune mission d'organiser ce type d'opérations. Le procureur de la République avait dressé un réquisitoire sans appel contre les accusés. Djamel Ould Abbès et Saïd Barkat ont été condamnés à des peines respectives de 8 ans et 4 ans de prison ferme avec une amende d'un million de DA chacun. Les autres accusés dans l'affaire, l'ancien secrétaire général du ministère de la Solidarité nationale, Bouchenak Khelladi, a été condamné à 3 ans de prison ferme, assortie d'une amende d'un million de DA, l'ancien chef du protocole, Djellouli Saïd, à 2 ans de prison ferme dont une année avec sursis et une amende d'un million de DA, et l'autre ancien secrétaire général du même ministère, Ismaïl Benhabilès, à une année de prison ferme et une amende de 500 000 DA. Le fils de Djamel Ould Abbès, El Ouafi (en fuite à l'étranger), a été condamné à 10 ans de prison ferme, assortis d'une amende d'un million de DA avec émission d'un mandat d'arrêt international à son encontre. K. A.