Il paraît qu'un (autre) remaniement ministériel est dans l'air depuis le retour d'Allemagne du chef de l'Etat. D'abord cette question récurrente à chaque fois qu'on est face au sujet. Pourquoi enlever tel ministre, qu'est-ce qu'il... a fait ? Les choses ont tellement été formulées - et conçues - ainsi qu'on est presque surpris. Il paraît que cette fois-ci, on va virer des ministres, plutôt pour ce qu'ils... n'ont pas fait ! C'est un peu trop beau au vu de la situation générale du pays. Il est, en effet, difficile de percevoir ce qui a bien pu changer de fondamental sur le plan politique et managérial pour oser espérer autant. Il paraît qu'Abdelmadjid Tebboune a, dès les premières heures de sa reprise des affaires, demandé à ce qu'on lui dresse un état des lieux des principaux secteurs de l'activité nationale. De son appréciation de ce compte-rendu, il aurait donc poussé quelques colères motivées par les retards, le manque d'initiative, l'absence d'audace et d'imagination dans l'action de certains ministres qui seraient du coup sur la sellette. Les infos là-dessus sont même un peu plus précises, s'appuyant sur le propos même du chef de l'Etat qui a évoqué les walis défaillants et, par ricochet, leur hiérarchie, le ministère de l'Intérieur manifestement pas très performant. Il en est de même pour le ministre des Finances, du Tourisme et d'autres encore dont l'action n'aurait pas été du goût du chef de l'Etat. Mais ce n'est pas parce que des griefs sont « situés » qu'ils sont... précis. Les ministres algériens ne sont pas habitués à l'initiative, à l'audace et l'action soutenue. Parmi eux, il y en a même qui sont convaincus, non sans raison, qu'ils ont été... nommés pour ça ! D'où la très inspirée formule qui dit qu'en Algérie, on se demande toujours pourquoi un ministre a été limogé, jamais pourquoi il a été choisi. Parce que pour cette dernière raison, les choses sont évidentes pour tout le monde. Et puisque les choses n'ont pas vraiment changé depuis le temps — très long en plus — qu'elles sont ainsi, nous reviennent donc ces images qui n'ont aucune raison de faire partie d'un passé qui a vécu. Défile alors le bal des courtisans, des prétentieux qui ont des raisons d'espérer, de ceux qui délirent et de ceux qui persévèrent. Il y en a même qui sont devenus ministres... par ancienneté dans la candidature ! Il y en a aussi qui ont fini par obtenir un maroquin... à l'usure ! Ils ont tellement travaillé au corps leurs relations dont la voix peut être écoutée par les décideurs qu'ils sont parvenus à leurs fins. C'est vrai que le « process » est devenu un peu plus compliqué depuis quelque temps. Non pas parce que les choses ont évolué mais parce que, depuis un moment, on ne sait plus qui est dans les bonnes grâces de qui, même si on sait quand même qui décide de quoi. Il y a toujours une petite — ou grosse — dose de mauvaise foi quand nos compatriotes soutiennent qu'un remaniement est un « non-événement. Ça les excite et ça les amuse comme pas possible, en ce moment plus que jamais : il pleut, il neige, il vente et le coronavirus guette. S. L.