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Mon voyage en Chine(5)
Publié dans Le Soir d'Algérie le 14 - 01 - 2021

La Chine, mai 1975... Un continent. La nation la plus peuplée de la terre. Dans ce vaste pays asiatique, le chemin de fer est encore considéré comme le principal moyen de transport. C'est une véritable toile d'araignée qui relie les principales villes avec des nœuds importants autour des métropoles telles que Pékin ou Shanghai. Au programme du jour : une escapade en Corée du Nord, avant notre retour à Pékin pour regagner l'Algérie via Paris.
Tiré par une grosse et vieille locomotive à vapeur, le train file à toute allure dans la nuit chinoise. Des traînées de fumée sombre s'étirent derrière les vitres étanches. Une douce atmosphère règne à l'intérieur des compartiments ornés avec le raffinement extrême-oriental. Une musique exotique et douce coule des haut-parleurs placés au plafond. Cette locomotive d'un autre âge, le décor début du siècle et les broderies dorées qui rehaussent le velours rouge donnent à ce train l'aspect d'un musée ambulant...
Les villes traversées en coup de vent sont totalement désertes. Baignés par la lumière blafarde des lampadaires, seuls les bâtiments publics, alignés dans un ordre parfait de part et d'autre de jardins nets et fleuris, surgissent de l'obscurité rapidement, avant d'être happés par la nuit noire... Les voyageurs, bercés par les mélodies, tombent un à un dans les bras de Morphée. Les couloirs, tout à l'heure débordants de vie, sont maintenant déserts et l'on n'entend plus que le bruit saccadé des roues glissant sur les rails.
À minuit, la musique s'arrête. Les derniers clients du wagon-bar s'apprêtent à rejoindre leurs couchettes. Ce fut une soirée magnifique : on a très bien mangé, le service est digne des meilleurs « 4 étoiles ». J'ai vu énormément de wagons-bars, mais comme celui-là, jamais. La décoration, la compétence et la gentillesse des serveurs, la musique, l'éclairage, la qualité du menu, tout cela vous fait oublier que vous êtes dans un train. Et c'est aussi l'avis d'Eric, un ingénieur français des travaux publics qui se rend en Corée du Nord.
La cinquantaine à peine dépassée, un léger embonpoint qui lui va à merveille, de grosses lunettes en écaille qui lui donnent un air d'intellectuel blasé, une chevelure abondante, Eric tire calmement sur son cigare, tout en sirotant un café qui ressemble à tout sauf à du café (les Chinois sont très forts en thé, mais le café demeure leur point faible). Eric prend tout son temps. Le gérant et les serveurs du wagon-bar s'affairent autour de nous. Ils nous indiquent qu'il est l'heure de partir ; mais sans trop d'insistance, en gardant leur sourire de toujours.
Eric fait partie de ces Français qui, à force de vivre dans les contrées lointaines et exotiques et de chérir le dépaysement, en sont arrivés à profiter de la moindre occasion pour fuir leur pays et reprendre l'aventure aux quatre coins du monde. Ce n'est pas le gars qui rêve de perpétuer un ordre vieux d'un siècle et de jouer au Blanc vivant comme un roi dans les colonies lointaines. Bien au contraire, ces voyages sont pour lui : « Le meilleur moyen de connaître les peuples, de vivre leurs réalités et leurs préoccupations, de se faire une autre idée sur ces gens que celle présentée par la presse. Ce ne sont pas des êtres bizarres, comme on nous le répète. Ils ont une autre culture, d'autres coutumes, voilà tout !»
Eric travaille quatre mois à la Guadeloupe, deux mois au Mexique, se paye un voyage en Chine, puis se débrouille un contrat de coopérant quelque part en Afrique, pousse jusqu'en Egypte, y visite ses pyramides et se fait engager en Irak...
Le train ralentit. Nous entrons dans la ville de Ngan-Tong, dernière cité chinoise de notre parcours. Un million d'habitants, des usines, un grand port : mais ne vous méprenez pas, en Chine, c'est tout juste un « bourg ». Les formalités de police et de douane ne sont pas plus lourdes qu'ailleurs, mais ce qui nous retarde dans cette gare du bout du monde, ce sont les manœuvres du train. Ici, on lâchera le gros de la rame et seuls deux wagons « internationaux » poursuivront jusqu'en Corée du Nord où le train se recomposera à nouveau à la première gare.
Nous profitons de ce contretemps pour faire un tour dans cette gare romantique aux tuiles rouges. Tout y est vieillot, mais d'une propreté remarquable. Le buffet est une véritable merveille de l'art architectural début de vingtième siècle. Eric, un connaisseur en la matière, ne s'y trompe pas : « Ce qui fait la force des Chinois, c'est de reprendre beaucoup de choses de l'Occident tout en les adaptant à leurs besoins propres, avec un style typiquement asiatique... » Dans cette gare située au dernier point du territoire chinois, l'activité tourne au ralenti : la majorité des voyageurs sont descendus en cours de route et seuls quelques rescapés échouent dans cette station.
À quelques dizaines de mètres, se dresse l'immense pont métallique qui enjambe majestueusement le Ya-Lou, le fleuve séparant la Chine de la Corée du Nord. Au-delà, les lumières de Sinuiju, sœur jumelle de Ngan-Tong, scintillent dans la nuit et semblent nous inviter à remonter dans le train. Trois coups de sifflet et le train, plus léger, s'ébranle à nouveau. Le pont nous semble interminable ... Et puis, une autre gare, d'autres formalités de police et de douane, d'autres manœuvres et une nouvelle virée au buffet local.
Eric visite, pour la première fois, la Corée du Nord. Il est invité par un ami, ingénieur comme lui, qui travaille dans un chantier à l'est de Pyongyang. Il est tout heureux d'être enfin dans le pays « du matin calme ». Il attendra jusqu'aux premières lueurs de l'aube pour ne pas rater le spectacle grandiose de ces champs de pommiers rouge et or, caressés par les rayons de l'astre naissant. Il admirera les vallons et les forêts, les cimes dans la brume, les prés fleuris et ne manquera aucun détail dans cette véritable féerie de lumières et de couleurs qui s'étale devant nos yeux. Eric n'est plus avec moi : il se laisse aller à ses rêveries... Oubliés les rigueurs du froid parisien, les inconséquences de la société de consommation, le divorce qui traîne, la maladie de la vieille mère. Tout cela est bien loin.
La banlieue de Pyongyang happe soudainement le train. Nous nous attendions à revoir le triste spectacle des banlieues encombrées de grues et de cheminées. Mais, surprise : les jardins succèdent aux jardins, des cygnes blancs fleurissent dans les lacs et les canaux. Eric aura toute la journée pour dormir. S'il ne lui vient pas, toutefois, l'idée d'aller voir de plus près ces parcs fleuris. Hélas, il sera toujours accompagné par un agent de sécurité coréen. Nous-mêmes n'avons pu échapper à une armée de barbouzes qui surveillaient les entrées de l'hôtel que grâce à un diplomate algérien qui tenait à nous inviter chez lui. Le stratagème réussit et nous nous retrouvâmes dans une ambiance typiquement algérienne. Mais il fallait baisser le son du chaâbi d'El Ankis ! Ah yantia, à des milliers de kilomètres de la Grande-Poste, c'était quelque chose ! La police fait des rondes et intervient quand elle entend une sonorité non locale, c'est-à-dire autre chose que les chants révolutionnaires et les discours de Kim Il Sung ! Le diplomate raconte : « J'ai acheté un poste transistor de Hong Kong pour capter les radios japonaises mais une fois, je m'étais oublié en poussant au maximum le son d'un morceau de rock. La police atterrit aussitôt chez moi et l'on me demanda de baisser la tonalité de ma radio. Il faut vous dire que les seuls postes radio vendus ici et autorisés sont ceux qui ne captent que les stations locales ! Les étrangers sont dispensés de cette obligation mais ils doivent écouter les émissions venues d'ailleurs discrètement. »
M. F.


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