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LETTRES D�ESPOIR
Au pays du matin calme Par Ma�mar FARAH [email protected]
Publié dans Le Soir d'Algérie le 19 - 10 - 2006

La locomotive � vapeur vient de s�arr�ter p�niblement, en gueulant de toute la force de ses roues agripp�es aux rails luisants de cette gare d�un autre �ge. La rame, frein�e brutalement, se cambre comme une jument dont on vient d�interrompre soudainement la folle cavalcade.
La brume matinale, m�l�e aux fum�es d�gag�es par la locomotive, donne aux quais d�serts un air irr�el� Des vitres embu�es, on peut distinguer la silhouette rectiligne d�une grande b�tisse aux lignes archiconnues : le fameux style socialiste chinois. C�est le mois de mai 1976 et nous sommes � Ngan-Tong, derni�re ville chinoise avant la Cor�e. Au bout de longues man�uvres qui d�lestent la rame de plusieurs wagons, nous reprenons place dans ce qui reste du train : deux voitures �internationales� aux cabines luxueuses. Ngan-Tong est la destination finale de la majorit� des voyageurs, tous de nationalit� chinoise. A quelques dizaines de m�tres, se dresse l�immense pont m�tallique qui enjambe majestueusement le Ya-Lou, le fleuve s�parant la Chine de la Cor�e du Nord. Au del�, c�est Sinuiju, s�ur jumelle de Ngan-Tong, premi�re �tape cor�enne. Nous y sommes et celui qui a donn� � ces contr�es le nom de �pays du matin calme� ne s�y est pas tromp�. Nos yeux sont submerg�s de beaut� pure : les lueurs matinales qui inondent les champs de pommiers rouges conf�rent aux valons qui s��tendent � perte de vue une apparence f��rique. Le rouge et or prend possession d�une nature qui s��veille � la vie, dans un fr�missement printanier qui nous r�servera d�autres surprises, au fur et � mesure que nous approchons de la capitale. Une banlieue est g�n�ralement un lieu de d�solation, une croissance hideuse, une tumeur gris�tre accroch�e au ventre de la cit�. Non, ce n�est pas le cas ici ; ce ne sont que jardins enchanteurs, lacs o� baignent de beaux cygnes blancs, verdure r�p�t�e � l�infini, parcs multiples, etc. Le r�gime a fait de Pyongyang une vitrine de son id�ologie. Jamais capitale n�a �t� aussi li�e � un homme, aussi marqu�e par sa pr�sence, son omnipr�sence m�me. Kim Il Sung est partout. Ses portraits sont accroch�s � chaque coin, ses statues sont dress�es dans tous les parcs. C�est �sa� ville, l�image de son pouvoir, le reflet de ses conceptions architecturales : un style propre � lui, qui n�existe nulle part au monde. Cette capitale ne ressemble en rien aux villes asiatiques qui l�entourent et n�a rien des cit�s somptueuses, mais aust�res et froides, du socialisme triomphant. En plein centre de cette capitale tranquille, se dresse une statue gigantesque, ph�nom�nale, d�mesur�e, celle du �leader respect� et bien-aim� : Kim Il Sung. Quand je me suis mis � c�t� de cette statue, mes 185 cm semblaient bien ridicules puisque je d�passais � peine les souliers de ce Kim Il Sung en bronze ! Paradoxalement, l�homme semble d�une modestie incroyable, � l�oppos�e de l�image que l�on se fait de lui en parcourant Pyongyang. Nous nous en sommes rendu compte lors de l�audience qu�il avait accord�e � notre d�l�gation. Homme simple, recevant dans un bureau d�pouill�, il sait mettre ses h�tes en confiance en leur parlant de leurs propres pays, en posant des questions sur le climat, les habitudes de vie. Mais il sait aussi se transformer en �rudit. Il sera autant � l�aise pour vous parler des prouesses de l�agriculture cor�enne que des derni�res �ruptions solaires et de leurs cons�quences. Il citera telle encyclop�die ou telle revue scientifique japonaise avec une rare ma�trise des noms, des dates et des lieux ! Mais cet homme affable et tranquille est � la t�te du r�gime le plus ferm� du monde. Un petit exemple : l��tranger ne peut pas circuler librement � Pyongyang. Log�s dans un h�tel situ� au fond d�un immense parc, nous sommes rapidement attrap�s par des vigiles, chaque fois que nous essayons de quitter l�endroit ! Et tout de suite, l�on nous propose de nous servir de guides � travers la cit� o�, finalement, il n�y a rien � voir hormis les sites arch�ologiques, les mus�es et les �difices officiels. Une seule fois, nous avons pu semer nos gardes du corps en combinant le coup avec l�attach� d�ambassade qui voulait simplement nous inviter chez lui� Au cours de notre s�jour, l�un des barbouzes nous colle tellement � la peau, s�invitant m�me dans nos chambres lorsque nous nous regroupons dans l�une d�elles, qu�il est devenu encombrant� Une nuit, pour nous en d�barrasser, j�invente un stratag�me. Je prends ma vieille machine � �crire portable, je tape rapidement quelques questions, puis je lui refile le papier :
� Camarade, tiens ! Ce sont des questions pour une interview du leader respect� et bien-aim� Le gars, ne sachant pas quoi faire, appelle au t�l�phone l�un des nombreux responsables qui se succ�dent dans les �chelons du syst�me. Tous sont pi�g�s, car il s�agit d�une affaire importante qui les d�passe. J�insiste pour que le camarade aille tout de suite traduire les questions. Quand il sort, mes amis sont aux anges : nous sommes enfin entre nous ! J�avais totalement oubli� cette affaire. Bien plus tard, et alors que j��tais � la r�daction nationale d� El Moudjahid, le directeur m�appelle en urgence. Je trouve un Na�t- Mazi aux sourcils bien fronc�s :
� C�est quoi cette affaire d�interview ? Tu ne m�en as jamais parl�. Tu sais que Kim Il Sung entame une visite en Alg�rie et, ce matin, l�ambassade de Cor�e m�a fait parvenir un pli dans lequel il y a une interview que tu aurais faite au pr�sident cor�en ! Je mets du temps avant de me souvenir de cette nuit agit�e o� nous voulions rester entre nous ! Mince alors ! Non seulement le texte a �t� traduit et transmis, mais ils ont attendu l�occasion propice pour l�exploiter. Cependant, il y avait un hic : mes questions auraient �t� remani�es :
� Ce n�est quand m�me pas de toi, �a : �Leader respect� et bien-aim�, vous avez guid� la r�volution cor�enne vers les grands succ�s qui forcent l�admiration du monde entier�� Le v�ritable �hic� est que j�avais commis cette litt�rature ! Au moment o� je voulais tendre un pi�ge � notre garde du corps pour qu�il nous laisse en paix, j�avais mis le turbo dans mes questions, histoire de les cr�dibiliser � ses yeux. A ce moment-l�, je ne pensais pas que cette plaisanterie allait d�boucher sur une vraie interview dont je garde d�ailleurs le texte dans une belle �dition au rouge pourpre rehauss�e par des caract�res dor�s. Ceci �tant, et au moment o� cette affaire, vieille de 30 ann�es, resurgit dans ma t�te, j�ai jet� un coup d��il au livret et, hormis cette premi�re question alambiqu�e, je me suis aper�u que le reste tenait la route. Hasard ou r�p�tition de l�histoire, dans l�une de ces questions, je m�inqui�tais du bruit de bottes de l�imp�rialisme am�ricain en Cor�e. Ce � quoi r�pliquait Kim Il Sung : �Si les imp�rialistes am�ricains d�clenchent une nouvelle guerre en Cor�e, tout le peuple cor�en y ripostera r�solument et an�antira ces agresseurs jusqu�au dernier �� Et surtout, ces mots graves que devraient m�diter Bush et son �quipe avant de tenter quoi que ce soit sur le plan militaire : �Dans cette guerre, nous n�aurons � perdre que la ligne de d�marcation, mais nous aurons � gagner une patrie r�unifi�e��
M. F.
(*) Kim Il-Sung, p�re de l�actuel pr�sident, est n� le 15 avril 1912. Il est mort le 8 juillet 1994. Sa personnalit�, forg�e dans la gu�rilla communiste lors de la guerre contre l�occupant japonais, s�affirmera dans la direction du pays tout au long des cinquante ann�es o� il exer�a un pouvoir sans partage. Il r�ussit � transformer un pays arri�r� en une nation moderne. Gr�ce � un effort exceptionnel en mati�re d�industrialisation, le taux de croissance arriva jusqu�� 10% dans les ann�es 60, avant de p�ricliter dans les ann�es 90. Cependant, son r�gne sera marqu� par le culte de la personnalit� et l�absence de libert�s d�mocratiques.


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