Alors que le ministère de la Santé se réjouit de l'imminente mise en service de la plateforme numérique pour la gestion des rendez-vous de radiothérapie, les accélérateurs de certains centres de radiothérapie sont depuis quelque temps en panne. Une situation qui pénalise les malades atteints du cancer de certaines régions et les oblige à se déplacer vers d'autres wilayas, en ces temps de pandémie de Covid-19. Rym Nasri – Alger (Le Soir) – Le ministère de la Santé a annoncé récemment le lancement d'une plateforme numérique dédiée à la prise de rendez-vous de radiothérapie au profit des malades atteint du cancer. Visant à organiser les rendez-vous pour les séances de radiothérapie et à les répartir entre les différents centres de soins à travers tout le territoire national, la mise en service de cette interface digitale est prévue au cours de ce mois de février. Inscrite dans le cadre de la numérisation du secteur de la santé, cette démarche permettra donc de réduire les délais des rendez-vous, mais aussi de rapprocher ces patients de leur lieu de résidence. Il est également question de soulager les Centres anti-cancer (CAC) du nord du pays qui n'arrivent plus, depuis quelques années, à contenir la demande et à prendre en charge tous les patients qui s'y rendent. Mais au moment où la tutelle se vante des 52 accélérateurs (équipements destinés à la radiothérapie) dont dispose le secteur, répartis à travers le territoire national, dont 42 relevant du secteur public, des spécialistes dénoncent de multiples pannes. Selon le professeur Kamel Bouzid, chef du service d'oncologie médicale au Centre Pierre-et-Marie-Curie (CPMC) à Alger, plusieurs centres de radiothérapie sont, depuis quelque temps, fermés en raison des pannes de leurs appareils. Il cite ainsi celui de Batna, d'Adrar et du CHU Oran. «Chacun de ces centres compte trois accélérateurs et ils sont tous à l'arrêt», déplore-t-il. Il s'étonne d'ailleurs que les centres actuellement non fonctionnels sont uniquement des centres publics. «Aucun centre privé de radiothérapie n'est fermé. Ils sont tous opérationnels», fait-il remarquer. Pour le chef du service d'oncologie médicale au Centre Pierre-et-Marie-Curie, la mise en place d'une plateforme numérique pour optimiser les rendez-vous des séances de radiothérapie dans les différents centres du pays ne réglera pas ce dysfonctionnement de la prise en charge des malades atteints de cancer, puisque nombre d'accélérateurs sont actuellement en panne. «Je ne vois pas l'intérêt de la numérisation et de la mise en place d'une plateforme numérique de gestion des rendez-vous de radiothérapie, alors que les accélérateurs sont en panne», dit-il. Ces pannes imposent donc aux malades atteints de cancer de se déplacer vers d'autres wilayas pour accéder à leurs séances de radiothérapie. «En ces temps de crise sanitaire de Covid-19 qui limite les déplacements, la situation va se compliquer davantage pour ces patients», note-t-il. Ry. N.