-Chérie ! Je t'appelle pour t'inviter au resto ce soir. J'ai réservé une table en Cité U ! -Grand fou ! Tu n'aurais pas dû. Tu vas finir par te ruiner ! Mohamed Charfi a été très clair, je le cite : «Le financement de la campagne électorale sera sous la LOUPE de l'Anie.» Eh ouais ! Tout est là et tout est dit par le patron de l'Autorité nationale indépendante des élections. La LOUPE ! C'est le nœud gordien, la LOUPE ! La LOUPE qui est un instrument grossissant, dois-je le rappeler ? Maintenant, ce n'est pas tout de savoir que tout passera sous la LOUPE de l'Anie. Il faut creuser plus avant cette question fondamentale de la LOUPE. Qui fournit la LOUPE ? Fabrique-t-on des LOUPES chez nous en Dézédie ? Sinon, la LOUPE fait-elle partie de la liste des produits encore autorisés à l'importation ? Auquel cas, qui sont les plus gros importateurs de LOUPES sur le marché ? Peut-on importer n'importe quel modèle de LOUPES, étant entendu qu'il en existe une quantité astronomique, du gadget à la plus perfectionnée, la LOUPE atomique ? Qui, chez nous, est habilité à juger de la conformité des LOUPES importées ? Est-il envisagé le lancement d'une usine locale de montage de LOUPES, ou du moins du gonflage de sa partie la plus importante, le verre grossissant ? La possibilité d'importer des LOUPES de moins de 3 ans, des LOUPES d'occasion a-t-elle été évoquée par les décideurs en LOUPES ? Un verdict rendu par l'Anie grâce à une LOUPE importée neuve, ou de moins de 3 ans ou montée ici même aura-t-il même valeur aux yeux embués du Conseil constitutionnel ? Ou bien alors, le Conseil constitutionnel exigera-t-il de disposer de son propre parc à LOUPES ? Ne faudrait-il pas, du coup, créer une Commission nationale d'homologation et d'homogénéisation des LOUPES ? On le voit à travers ces questions, l'affaire n'est pas mince ! De près comme de loin ! L'essentiel étant d'y voir plus clair. Moi, pour y voir plus clair, j'ai définitivement et depuis belle lurette abandonné ma LOUPE, faisant plus confiance en mon thé que je fume pour rester éveillé à ce cauchemar qui continue. H. L.
