L'impulsion de ce qui apparaît comme une dynamique destinée à venir à bout des différends politiques qui minent la vie du pays, avec les mesures énoncées par le président de la République jeudi dernier, laisse espérer que l'Algérie s'engage enfin sur le chemin de la rédemption, économique notamment. Si le terrain a été défriché, dans une large mesure, pour le lancement de ce qui a pris les contours d'une réforme économique globale, il n'en demeure pas moins que le pays a perdu un temps précieux, la crise sanitaire étant venue enfoncer le clou pour donner l'impression d'un immobilisme que les Algériens ne comprennent pas. Pour tout dire, comme pour étayer l'avis général, les perspectives n'annoncent pas d'embellie malgré la remontée des prix du pétrole, du moins si l'on ne se met pas illico dans l'orientation que le nouveau pouvoir s'est fixée en guise d'objectif majeur : la sortie de la dépendance aux hydrocarbures. Si l'on doit se fier à la toute dernière étude «sérieuse», menée par un think tank anglais à la réputation bien établie, Carbon Tracker pour ne pas le nommer, les autorités du pays savent à quoi s'en tenir, si besoin est encore. La révolution énergétique à laquelle le monde entier est en train de se soumettre «pourrait coûter des milliers de milliards de dollars aux pays dont l'économie dépend du pétrole durant les vingt années qui s'annoncent». Selon les conclusions de cette étude, le groupe de réflexion britannique estime que ce que perdront les pays producteurs de pétrole devrait avoisiner, d'ici 2040, l'astronomique chiffre de 13 000 milliards de dollars. En effet, le respect des objectifs climatiques énoncés par les conventions internationales mènerait à une diminution de la demande en énergies fossiles, avec des conséquences irrémédiables sur les prix du pétrole et du gaz que payeront principalement une quarantaine de «pays à risque» dont fait partie l'Algérie en raison, bien entendu, de son extrême dépendance du prix du baril. La conjoncture actuelle l'a assez bien démontré, avec les conséquences désastreuses de la baisse historique du cours du baril sur la loi de finances 2021. Le défi que constitue le lancement des réformes structurelles, plus il tarde à être mis en branle, plus il gagne en insolubilité. C'est plus qu'une simple impression pour beaucoup d'observateurs avertis, c'est un véritable danger pour la stabilité recherchée du pays par les nouveaux tenants du pouvoir qui, par la «faute» d'un exécutif peu réactif, est en train de gaspiller un temps précieux. Et dire que les feuilles de route dont se sont munis pratiquement tous les départements névralgiques sont prêtes à l'usage, des ministères préférant privilégier les «effets d'annonce» qui ne font, en définitive, que faire du tort à la stratégie arrêtée et à ses auteurs, induisant ainsi un enlisement dans l'impasse, cette impasse qui a fait que l'Algérie n'arrive même pas à réguler son marché de fruits et légumes ou décider en un temps raisonnable d'octroyer des autorisations d'importation de véhicules et, de fait, finir par susciter encore un peu plus de doute dans un pays qui n'en a vraiment pas besoin. L'Algérie n'a vraiment plus de temps à perdre, comme ne cessent d'avertir le ministre de l'Energie et son pair de la Transition énergétique. Azedine Maktour