L'Etat sioniste pavoise, le Front du refus, né des accords de Camp David, a volé en éclats. Plus aucun survivant de chefs d'Etat l'ayant initié. El-Sadate est mort par balle en plein défilé militaire au Caire. La mort est tout aussi tragique pour les autres, ils seront emportés par la maladie ou assassinés par balle. L'enjeu, c'est la Palestine occupée qui va être découpée, morcelée, « bantoustanisée » et ses habitants légitimes chassés pour être casés dans les pays limitrophes, le Liban en particulier. À la défaite militaire succède celle diplomatique et politique, avec les conséquences que nous connaissons aujourd'hui, les pays arabes se présentent face à l'Etat sioniste en rangs dispersés, s'affaiblissant encore plus pour ne plus être qu'une quantité négligeable. Place aux opérations de séduction, plus question de lutte pour libérer la Palestine qui vit les pires moments de son existence séculaire. Afin de garder la haute main sur le futur des territoires conquis et ceux à prendre aux Palestiniens, la tactique de division s'avère payante. Il s'agissait de négocier – la fameuse paix séparée – séparément avec chaque Etat arabe, stratégie mise en pratique avec l'Egypte d'El-Sadate. Bien sûr, le Raïs peut se targuer d'avoir récupéré le Sinaï pourtant au prix d'une abdication flagrante, quitte à se mettre sur le dos l'ensemble du peuple égyptien, lequel a payé un lourd tribut en vies humaines ainsi que toutes les autres forces qui refusent la soumission. Depuis la guerre d'Octobre de 1973 à ce jour, soit près d'un demi-siècle, ce ne sont que lamentations sur l'honneur perdu des Arabes. A contrario, l'ennemi de toujours étend sa sphère d'influence, s'équipe, s'arme et noue de nouvelles alliances, y compris loin de sa zone géographique, tandis que de l'Europe, il en fait une affaire à solder par le biais de la Shoah et tous les autres crimes contre les juifs. Le Vatican, culpabilisé, accusé de collusion avec les nazis et les fascistes, adopte un profil bas face au pogrom palestinien à Ghaza et en Cisjordanie. Mai 2021, l'Etat sioniste-raciste tombe le masque. Il fait montre d'une bestialité qui n'a d'équivalent que les horreurs nazies. Lobbies et médias sont mobilisés pour un même combat, celui de présenter la résistance palestinienne, à travers le Hamas et le Hezbollah libanais, comme des terroristes à éliminer et qu'importe les moyens et les victimes, femmes et enfants. Il est loin le temps où monarchies et Etats arabes, se serrant les coudes, brandissaient l'arme du pétrole. Place aux salamalecs, accolades et tapis rouge. El-Qods perdue et judaïsée, capitale de l'Etat juif et désormais lieu de résidence des ambassades, c'est la voie ouverte à d'autres trahisons arabes avec les accords d'Abraham, « deux traités de paix » entre les Emirats arabes unis et Bahreïn, signés le 15 septembre 2020 et qui annoncent un échange d'ambassades et une coopération commerciale entre les Emirats et Israël. À Tel-Aviv, Benyamin Netanyahou annonce même un avenir radieux à tout le Proche-Orient. Il ne croit pas si bien dire. Cela avec la bénédiction du sulfureux ex-Président des Etats-Unis, Donald Trump. Ainsi, le 26 novembre 2020, à l'aéroport de Dubaï, a lieu le premier vol commercial de l'Etat d'Israël. Ainsi, la stratégie des accords de paix séparée s'avère concluante. Si l'étape est importante dans la pérennisation de l'occupation de la Palestine, ce n'est pas du tout une fin en soi. Les dirigeants sionistes considèrent toute la région du Moyen-Orient comme leur chasse-gardée, leur zone d'influence exclusive, et par procuration, les réserves pétrolières leurs biens par procuration. Sans la haute main sur les économies de la région, l'Etat d'Israël n'est pas fiable de l'aveu des sionistes eux-mêmes. Bâti sur la confiscation des terres de Palestine, l'Etat d'Israël doit tout le temps faire la guerre pour les garder en terrorisant leurs propriétaires légitimes. Sous les regards apeurés des monarchies du Golfe, complices par leur lâcheté. Brahim Taouchichet