Le diplomate Noureddine El Djoudi a mis en avant le rôle de l'Organisation de l'unité africaine dans le processus de décolonisation du Sahara Occidental. Intervenant lors d'une conférence organisée par l'association Mechaâl Echahid, l'ancien secrétaire général adjoint de l'OUA et doyen des ambassadeurs algériens a rappelé que le Maroc de Hassan II avait reconnu en 1981 le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. Tarek Hafid - Alger (Le Soir) - Il a été question du dossier du Sahara Occidental, hier, lors d'une conférence organisée par l'association Mechaâl Echahid à l'occasion de la Journée mondiale de l'Afrique. Une opportunité pour l'ambassadeur Noureddine El Djoudi, ancien secrétaire général adjoint de l'Organisation de l'unité africaine (OUA), de revenir sur l'implication des Etats africains dans ce dossier. Selon lui, bien plus que l'Organisation des Nations-Unies, l'OUA a été précurseur en matière de droit à l'autodétermination du peuple sahraoui. Pour le démontrer, l'ambassadeur est revenu sur le sommet qui s'est tenu à Nairobi en juin 1981 et auquel il avait participé en qualité de SG-adjoint. «La roi Hassan II avait signé un accord dans lequel il reconnaissait ce droit aux Sahraouis. Le document précisait que le peuple du Sahara Occidental aura les choix suivants : l'indépendance ou l'intégration au Maroc», explique le diplomate. Mais Hassan II n'allait pas tarder à prouver qu'il était passé maître dans la manipulation. «Lors de la cérémonie de signature de cet accord, nous avons constaté que le roi du Maroc avait laissé paraître un petit rictus. Il était évident qu'il préparait quelque chose. Effectivement, une fois le congrès terminé, il est rentré à Rabat d'où il a déclaré que s'il devait y avoir un référendum, il devait être consacré à la confirmation de l'appartenance du Sahara au Maroc», a ajouté Noureddine El Djoudi. Il aura fallu attendre 1991 pour que le Maroc et le Front Polisario signent un nouvel accord sous l'égide de l'ONU pour l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara Occidental. Accord que les Nations-Unies ont été incapables de mettre en œuvre trente ans après. «Conférence tamtam» Noureddine El Djoudi a tenu à préciser que sous Hassan II, le Makhzen s'est toujours comporté avec dédain envers les Etats du continent. «Pour le roi, les rencontres de l'OUA étaient des conférences tamtam». Mais c'est l'entrée, en 1982, de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) au sein de l'Organisation de l'unité africaine qui a provoqué une fracture avec le Maroc. « Edem Kodjo, le secrétaire général de l'époque, faisait face à une grande pression des Marocains. Je lui avais conseillé de se contenter d'appliquer les statuts et le règlement de l'OUA, afin que chaque Etat puisse voter. Finalement, le vote a eu lieu, et la RASD est devenue membre à part entière de l'organisation.» Une entrée qui avait fortement déplu au Maroc qui avait décidé de se retirer de l'OUA. Ce pays a attendu l'année 2017 pour intégrer à sa demande l'Union africaine, l'Organisation de l'Unité africaine ayant été dissoute en juillet 2002. Pour le doyen des ambassadeurs algériens, «cette entrée dans la nouvelle organisation continentale est intervenue sur conseil des Français et des Israéliens, notamment André Azoulay, le principal conseiller de Mohammed VI. Tous considéraient que le retrait du Maroc de l'OUA décidé par son père Hassan II a laissé le champ libre à l'Algérie et au Front Polisario», a assuré Noureddine El Djoudi. T. H.