Après le discours, les actes. La transition énergétique qu'entend mener l'Algérie se prépare à voir se succéder, enfin, des actes concrets pour donner corps à une mue intégrale dans la diversification de l'offre d'énergie ainsi que dans nos habitudes de consommation. Si l'on doit se fier à une étude, vieille d'à peine quelques mois, du cabinet Rystad Energy, il est dit que la puissance de centrales d'énergie renouvelable croîtra de manière significative en Afrique en passant des 12,6 GW enregistrés en 2019 à 51,2 GW d'ici quatre ans. Les principaux acteurs de cette croissance seront entre autres l'Afrique du Sud, l'Egypte, le Maroc et l'Algérie qui se place en tant que pays où l'on devrait enregistrer la croissance la plus importante, puisque son parc de renouvelable devrait passer des 500 MW actuels à près de 2,9 GW en 2025. Cela se fera grâce au projet de Tafouk 1 d'une capacité totale de 4 GW, dont 2,4 entreront en service d'ici à 2025. Cela devrait incessamment commencer avec le programme qui sera lancé ces toutes prochaines semaines, en juin fort probablement, pour la réalisation de 1 000 MW de centrales solaires. Certes, cela paraît peu pour un pays avec un immense potentiel solaire, mais cela prend d'ores et déjà des allures d'investissement «fondateur» dans l'œuvre de longue haleine qui s'annonce pour la transition énergétique du pays. Selon certaines sources, en dehors du lancement de l'appel d'offres ces toutes prochaines semaines, l'Algérie a prévu de lancer entre 2022 et 2024 trois autres appels d'offres similaires chaque année. Le premier appel d'offres, sera divisé en 10 lots de 100 MW ouverts aux investissements étrangers. Il faut savoir que jusque-là, sur les 22 000 MW du programme d'électricité solaire projeté, l'Algérie n'a produit que 400 MW. C'est dire si le retard est gigantesque, mais comme le soulignent de nombreux spécialistes de la question, ainsi que des institutions internationales à l'instar de la Banque mondiale, l'Algérie a tout le potentiel pour rattraper son retard. Pour ce faire, le pays compte mettre tous les atouts de son côté, à commencer par le facteur humain. C'est dans cette perspective que le ministre de la Transition énergétique et des énergies renouvelables, Chems Eddine Chitour, a annoncé en milieu de semaine dernière la création prochaine d'un institut spécialisé dédié exclusivement à la transition énergétique pour la formation du personnel requis, dont le pays manque cruellement, comme il le soulignait il y a quelques mois le Commissariat aux énergies renouvelables et à l'efficacité énergétique (CEREFE) dans un de ses rapports. Il est évident que l'Algérie ne pourra sortir que progressivement de sa dépendance à près de 100% du gaz pour la production de son électricité c'est pour cela que le premier appel d'offres pour la production de 1 000 MW de centrales solaires prend une importance majeure dans le programme mis en œuvre dans l'optique de concrétiser «dans les 7 à 8 ans maximum la transition énergétique en Algérie», comme le confiait il y a quelques semaines le professeur Chitour. Il reste, pour concrétiser cet objectif, à éclaircir la question de l'investissement et du financement des projets dans le domaine de l'énergie renouvelable, en ces temps où les finances publiques se sont fortement amenuisées. Les 1 000 MW de centrales solaires permettront au pays d'économiser 1,5 milliard de mètres cubes de gaz et l'idée du professeur Chitour est d'orienter l'économie réalisée sur cette consommation de gaz vers le financement de ces centrales solaires. Azedine Maktour