«Trois travailleurs de l'Office national d'assainissement de Blida (ONA) sont décédés, lundi vers 10h, après une chute dans une cuve d'eaux usées, d'une profondeur de 6 mètres et appartenant au centre d'épuration de Beni-Mered, à 5 kilomètres au nord de Blida... La mort serait causée par l'inhalation des gaz toxiques dégagés par les eaux usées», selon notre correspondant local. On ne va pas refaire le monde, la vie et la mort. Mais il est des morts qui interpellent plus que d'autres. Quand elles ne répondent à aucune logique naturelle. Ne me dites pas qu'il n'y a aucune logique dans la mort, il y a une logique partout. Sinon, il y aurait autant d'octogénaires qui meurent chaque jour que de trentenaires. Sinon, il y aurait autant de gens qui décèdent dans leur chambre que sur un lit d'hôpital. Sinon, il y aurait autant de morts au Bangladesh qu'en Norvège. Normalement, naturellement donc, on ne devrait pas mourir comme ça, en allant le matin travailler dans un centre d'épuration d'eau. On ne tombe pas dans une cuve d'eaux usées d'une profondeur de six mètres pour mourir étouffés par les gaz toxiques qui s'en dégagent. Ces ouvriers, certainement de braves pères de familles, doivent être jeunes et en bonne santé. Ils ont dû échapper au Covid-19 qui a fait tant de malheurs dans la localité. Ils ont dû aussi échapper aux accidents de la route qui font des drames et des drames tous les jours. Ils sont peut-être trop jeunes pour vivre l'horreur terroriste dont la région n'est pas encore tout à fait guérie. Fin du premier acte de la tragédie. Dans une station d'épuration d'eau où il y a des cuves aussi profondes «fréquentées» par des ouvriers, il devrait y avoir des mesures de sécurité, des installations, des normes, un protocole et tout le reste. Dans des cuves où il y a autant de gaz toxiques, il doit y avoir un dispositif qui atténue les dégâts en cas d'accident. Parce qu'un accident, ça peut arriver, partout, tout le temps. Et en atténuer les conséquences, c'est éviter la mort. Parce que la mort, c'est le pire. Vous savez pourquoi ? Parce qu'elle est définitive. Fin du deuxième acte de la tragédie. Dans un pays où on meurt de tout, y compris de paresse, on devrait avoir plus de considération pour ceux qui meurent au travail. Ce n'est malheureusement pas le cas. On n'a pas entendu beaucoup de monde s'émouvoir outre-mesure pour les ouvriers de Beni-Mered. On a encore moins entendu la patrie reconnaissante pour ceux qui se lèvent le matin pour aller au labeur... et y laisser leur vie. Fin du troisième acte de la tragédie. Quand il y a mort d'hommes, un mort est un mort de trop. À Blida, il y en a eu trois, deux autres y ont échappé miraculeusement. Quelqu'un est responsable de la catastrophe. Dans un pays où personne ne rend des comptes, ça devrait... commencer. Fin du quatrième acte de la tragédie. Fin. S. L.