Les niveaux de prix atteints lors de la première partie de séance, lundi, sur les deux principaux marchés pétroliers mondiaux, avec à la clé des hauts que ni le Brent ni le WTI n'ont atteints depuis mai 2018 pour l'un et octobre 2019 pour l'autre, illustrent la période faste promise par, désormais, presque tous les analystes bien que l'incertitude sur l'issue des négociations sur le nucléaire iranien laisse persister quelque doute. Une petite ombre, cette question relative au retour du pétrole iranien sur le marché, que balayent les perspectives on ne peut plus «euphorisantes» sur la demande, pour les pays producteurs notamment, dont l'Algérie, parmi les plus touchés par la baisse des revenus pétro-gaziers. «En 2022, les volumes de la demande de pétrole seront supérieurs aux niveaux de 2019, alors même que les prix augmentent considérablement. Un potentiel supplémentaire de 1,4 million de barils/jour sur le marché ne causera pas une réelle brèche dans le marché haussier actuel. Même les exportations supplémentaires de pétrole de l'Iran, si un accord sur son nucléaire est conclu, ne feront qu'atténuer certains des risques de hausse des prix», observe un analyste américain dans une contribution sur une publication online spécialisée. Il ne fait que confirmer ce qui est attendu de la part de nombreux spécialistes qui, sur la base des attentes actuelles de croissance économique mondiale, voient la demande de pétrole brut et de produits pétroliers atteindre des niveaux d'avant pandémie dans quelques mois, ceci avant même que l'Opep et l'AIE ne leur emboîtent le pas pour affirmer que la demande de pétrole va augmenter considérablement, même dans un contexte de hausse des prix. En chiffres, la demande augmentera de 5,36 millions de b/j en 2021, et de 3,07 millions de b/j supplémentaires en 2022. À la fin de 2022, la demande mondiale devrait être de 99,46 millions de b/j en moyenne. Un optimisme ambiant sur lequel n'ont pas eu d'effet même les pressions de l'AIE sur les membres d'Opep + pour ouvrir les robinets afin de ne pas permettre aux prix de «trop monter». Il faut comprendre que si l'AIE a destiné son appel aux 23 alliés Opep+ c'est parce que ceux-ci ont une capacité de production non exploitée de 6,9 millions de barils par jour, et puis du fait que l'Opep+ a renoué avec son rôle de régulateur des prix, grâce au «contrôle» imposé sur la production. Ceci dit, il faudrait ajouter que l'AIE s'attend à ce que l'offre de pétrole augmente en 2021 de 710 000 b/j supplémentaires, produit des champs des pays non-Opep, mais sans que cela perturbe outre mesure les prévisions toutes optimistes quant aux prix émises par Goldman Sachs, Bank of America et d'autres institutions encore. Des perspectives qui redonnent de l'espoir par ces temps où des pressions de plus en plus pesantes sont exercées par des groupes d'intérêt «pas très innocents» qui se sont «faufilés» parmi les militants en faveur du renouvelable. Quoi qu'il en soit, au regard de la tournure prise, la tendance du marché mondial du pétrole est en train de se muer en réelle bouée de sauvetage pour tout un ensemble de pays qui endurent des temps très durs sur le plan socioéconomique. Le cas de l'Algérie est à ce titre assez édifiant sur l'influence du marché mondial du pétrole, notamment en raison du retard pris par les réformes économiques. Heureux donc pour l'Algérie que les perspectives sur la demande soient aussi optimistes, mais encore faudrait-il que le pays arrive à surmonter ses problèmes de production, en attendant les premiers appels d'offres de Sonatrach dans le cadre de la nouvelle loi sur les hydrocarbures. Azedine Maktour