Une aventure prend fin pour les jeunes de la JS Kabylie avec cette finale perdue en Coupe de la CAF, samedi soir à Cotonou, contre le Raja de Casablanca. Et d'autres viendront assurément «grever» le chemin de Kerroum et compagnie. Très prochainement et avec une meilleure réussite. Atteindre l'ultime étape d'une compétition africaine que très peu de clubs algériens ont réussi à gagner, du moins à s'approcher du tour de sacre, est en soi un exploit. Et l'équipe kabyle qui a mis le cap depuis janvier, et ce déplacement à Niamey pour affronter l'équipe des Gendarmes du Niger, a réalisé un parcours des plus parfaits. Des plus étonnants surtout. Avec les troubles internes, le mercato « modeste », le changement d'entraîneur et la crise d'argent, rien ne plaidait pour que la JSK arrive en finale de deux coupes, une locale et l'autre continentale, et se mêler à la bataille du sommet de la Ligue 1. A revenir aux piètres sorties de l'équipe en début de saison à Tizi-Ouzou, le nul heureux face au CABBA et les défaites humiliantes face à l'USMA et le CRB notamment, l'on se croirait dans un conte de fée. Une histoire qui a mal commencé et qui a failli se terminer dans la liesse. Enfin, la défaite de samedi soir à Cotonou a donné lieu à des larmes et des regrets mais qui pouvait affirmer six mois plus tôt que cette JSK allait enthousiasmer ses fans les plus pessimistes. D'ici et d'ailleurs, à telle enseigne de déclencher une solidarité sans nulle autre commune envers une direction qui, contrairement à ses habitudes, a préféré se taire et ne pas répliquer aux critiques et aux détracteurs de tout bord... Des jeunes talentueux et revanchards A l'intersaison, les dirigeants de la JSK ont été sévèrement critiqués à propos du recrutement, du maintien de l'entraîneur tunisien Yamen Zelfani et du manque de moyens induit par la fuite des habituels sponsors du club agacés, semble-t-il, par l'incompétence de la nouvelle direction des Canaris. Si l'entraîneur Zelfani a fait ses bagages au bout de quelques matchs surtout en raison de sa non-qualification énigmatique par la DTN/FAF, et que les moyens ont été mobilisés petit à petit chez le petit supporter, au prix d'une «collecte» dans les coins reculés de la Kabylie, mais aussi dans les autres pays où se trouvent les amoureux du Jumbo Jet, il n'en était pas de même pour cette composante humaine que tout le monde supposait incapable de mériter de porter le maillot de la prestigieuse JSK. Des noms qui pour la plupart ne disaient rien, sans «carte de visite» et qui, au début du Championnat, confirmaient bigrement le «constat» fait par les «experts». C'était mal les connaître. Il fallait pour ce faire, un déclic et celui-ci s'est opéré avec l'avènement de Youcef Bouzidi. Malgré quelques approximations, l'ex-entraîneur du MO Béjaïa et de nombreux autres clubs algériens dont la JSK, a su comment transmettre sa grinta au groupe. Mais, sur un petit mois, son œuvre a paru insuffisamment convaincante aux dirigeants du club qui sont allés chercher Denis Lavagne qui avait été, pourtant, chassé par le CS Constantine en raison de ses méthodes et des résultats obtenus vers la fin de son passage. C'est avec lui que la formation kabyle a connu son vrai départ. Outre les résultats, de loin meilleurs que ceux obtenus en début d'exercice, l'équipe avait une meilleure assise défensive, un milieu productif et une ligne d'attaque plus agressive, plus percutante. Un bloc équipe qui ne laissait apparaître aucun signe de fissure, malgré des salaires impayés (quelques mini-grèves ont été menées par les joueurs) et un calendrier démentiel. Le turn-over mis en place par Lavagne a permis à l'équipe de conserver une certaine régularité et à découvrir de nouveaux jeunes visages à l'exemple de Nechat, Boualia et autre Nezla qui viendront bousculer le confort de quelques vieux briscards comme Hamroune, Raiah ou Al-Tubal. Manque d'expérience et insouciance ! Mais, dans une finale de l'envergure d'une Coupe de la Confédération, d'autres ingrédients sont nécessaires. La chance, mais aussi de l'expérience. Un vécu que le groupe de Lavagne n'a pas connu, contrairement aux joueurs de Lassaâd Chabi. Ce dernier, conscient de la qualité et des forces de son groupe, s'est même autorisé de se priver du légendaire capitaine du Raja, Mohçen Metwali. Un élément qui avait, à lui seul, battu le MC Alger à Blida l'année dernière, en Coupe arabe des clubs champions. Un battant à qui la maestria ne manque pas. Mais les Marocains ne s'en souciaient guère de ce «détail», cette absence, que les Kabyles ont tellement mis en valeur dans le cas de l'attaquant Boulahia. Mieux, suite à l'exclusion d'El-Ardjoune, un des pivots centraux de l'entrejeu de la formation casablancaise, n'a rien changé aux habitudes de l'équipe de Lassaâd Chabi. Malgré une forte poussée et une nette concentration des attaquants kabyles dans la zone de Zeniti, le sang froid et la maîtrise des joueurs du Raja ont limité la puissance et le degré de nuisance des initiatives kabyles. S'ils avaient le monopole de la possession (qui a atteint les 70% en seconde période), les Canaris n'ont eu à inquiéter sérieusement le portier marocain qu'à deux reprises. La première a abouti au but de Boulahia puis une seconde fois quand la reprise de Hamroune ira mourir dans les décors, alors que tout le monde criait à l'égalisation. Celle-ci ne viendra pas au grand dam des millions de fans kabyles. M. B. Denis Lavagne revient sur la finale perdue : «Les joueurs avaient du mal à appréhender l'enjeu» L'entraîneur français de la JS Kabylie, Denis Lavagne, a estimé que ses joueurs étaient tétanisés par l'enjeu de la finale de la Coupe de la Confédération de football, perdue face aux Marocains du Raja Casablanca (2-1), samedi soir à Cotonou (Bénin). «Nous avons assisté à une belle finale. On a mal entamé la première période contre une très belle équipe du Raja, car les joueurs avaient du mal à appréhender l'enjeu, ils étaient un peu stressés par cette finale. Ce n'est jamais facile de revenir dans le match après deux buts encaissés dans le premier quart d'heure. Les joueurs ont bien réagi après la pause, ils n'ont pas baissé les bras et sont repartis au combat avec un bon mental, mais ça n'a pas suffi», a affirmé le coach des «Canaris» à l'issue de la partie, sur la page officielle Facebook du club kabyle. La JSK a complètement raté son début de match, en concédant d'abord l'ouverture du score signée Sofiane Rahimi (5e), avant que le Congolais Ben Malango ne corse l'addition (14e). En début de seconde période, la JSK a réduit la marque par Zakaria Boulahia (46e). «On aurait mérité de revenir au score en deuxième mi-temps. Nous avons manqué de maîtrise technique au moment où nous étions à dix contre onze, pour pouvoir créer un peu plus d'occasions et égaliser», a-t-il ajouté. En dépit de cette désillusion, Lavagne n'a pas tari d'éloges sur ses joueurs qui, selon ses propos, n'ont pas démérité en réalisant une «belle performance», à l'occasion de la première finale continentale du club depuis 2002. «Nous avons réalisé un bon parcours. Comme je l'ai dit aux joueurs après le match, on ne perd jamais, on apprend. Pour moi, il s'agit d'une belle performance, les joueurs sont à féliciter et on doit les encourager, en vue notamment de la finale de la Coupe de la Ligue (face au NC Magra, ndlr)». Avant de conclure : «Il ne faut pas oublier qu'il s'agit de la première finale continentale pour les joueurs, alors que d'autres sont à leur première saison en Ligue 1 algérienne, ce n'était pas facile pour eux d'atteindre la finale. Maintenant, il va falloir bien récupérer pour repartir de l'avant». Le nouveau ministre de la jeunesse et des sports était à sa réception La JSK rentre au pays Le match du Raja terminé, la délégation de la JS Kabylie n'a pas tardé à rentrer au pays, comme prévu dans son planning. Les joueurs et accompagnateurs ont pris leur dîner et ont directement rejoint l'aéroport de Cotonou où ils ont embarqué au petit matin, hier, en direction d'Alger. A 9h, l'avion était déjà sur le tarmac de l'aéroport Houari-Boumediène où la délégation était attendue par les officiels du MJS, à leur tête le nouveau ministre, et des inconditionnels venus témoigner leur gratitude à l'équipe qui les a honorés. Quelques phrases échangées et tout ce beau monde a pris le chemin de Tizi-Ouzou où l'équipe doit renouer avec les entraînements en vue de préparer son match de mercredi soir face au NAHD, comptant pour la 31e journée. M. B.
