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Les 20 Août glorieux. Qu'en reste-t-il ?
Publié dans Le Soir d'Algérie le 19 - 08 - 2021


Par le Pr Chems Eddine Chitour
Ecole polytechnique, Alger
«Quand trop de sécheresse brûle les cœurs,
Quand la faim tord trop d'entrailles,
Quand on rentre trop de larmes,
Quand on bâillonne trop de rêves,
C'est comme quand on ajoute bois sur bois sur le bûcher,
À la fin, il suffit du bout de bois d'un esclave,
Pour faire,
Dans le ciel de Dieu,
Et dans le cœur des hommes
Le plus énorme incendie !»
(Mouloud Mammeri,
immense écrivain)
D'une façon rituelle, nous fêtons, dans l'indifférence des citoyens et des citoyennes, et surtout des jeunes, deux évènements importants de la révolution de Novembre : les 20 Août 1955 et 1956. Il faut croire que l'histoire de l'Algérie se rappelle à nous par des dates cultes. J'ai, dans une précédente contribution, traité les mois de mai funestes de l'Algérie en parlant des enfumades de mai 1845 puis d'une tentative de génocide en mai 1945.
Si on devait résumer le 20 Août 1955, le poème de Mammeri décrit d'une façon magistrale le trop-plein de douleur de sang, de larmes, de brimades accumulés en 132 ans d'un esclavagisme sans état d'âme d'un pouvoir colonial qui pensait être chez lui pour mille ans.
Pour avoir une idée du ressentiment, Jean Daniel, dans son ouvrage Le temps qui reste, ne dit pas autre chose. Il écrit à peu près ceci : «Quand on pense à la haine des Français occupés pendant 4 ans par l'Allemagne, pensons à ce qu'a éprouvé le peuple algérien en 132 ans de brimades.»
Le 20 Août 1955
On aura tout dit de cette insurrection attribuée à Zighoud Youcef et à son adjoint, Lakhdar Bentobal. La Révolution s'essoufflait ; Didouche Mourad est mort le 18 janvier. Le contact avec Alger est rompu. «L'Algérie, écrit Ghada Hamrouche, est passée par un terrible joug colonial jalonné de répressions, de massacres, mais aussi marqué par la bravoure et le don de soi pour que les survivants à cette atroce guerre pour l'indépendance puissent un jour respirer la liberté et la dignité tant convoitées. De ces journées phares, où se sont mêlées bravoure et barbarie, surgit le 20 Août 1955. Mieux qu'une insurrection, plus qu'une offensive, le 20 Août 1955 est indéniablement le tournant de la guerre de Libération nationale. Le 20 Août 1955 a transformé la Révolution algérienne, proclamée le 1er Novembre, en une véritable guerre (...)»(1)
«Les tueries commises contre la population musulmane étaient aveugles et ne faisaient aucune distinction. La réponse des autorités françaises était comparable à celle de 1945 lors des Massacres de Sétif, Guelma et Kherrata et une application concrète du principe de responsabilité collective. De plus, le maire de Philippeville, Benquet-Crevaux, constitue des milices armées tandis que des unités spéciales de parachutistes et de légionnaires investissent le centre-ville. Selon un soldat français présent, «toutes les mitraillettes et les mitrailleuses étaient alignées devant la foule de prisonniers qui se mirent à hurler. Mais nous avons ouvert le feu ; dix minutes plus tard, c'était pratiquement fini. Il y en avait tellement qu'il a fallu les enterrer au bulldozer. Les sources divergent quant au nombre des victimes». «Ainsi, Claire Mauss-Copeaux affirme que 26 militaires ont été tués, et que 96 civils dont 71 Européens ont été massacrés. les officiels français annonceront 1 273 Algériens morts.»(2)
Pour Lakhdar Bentobal, il y eut 12 000 victimes : «Le prix que nous avons payé était très lourd. Après le 20 Août, pas moins de 12 000 morts ont été inscrits sur nos registres avec le nom et l'adresse de chacun d'eux, car leur famille devait recevoir une allocation. C'est la raison pour laquelle nous avons insisté pour que le recensement soit exact.»(1)
Le Docteur Omar Merzoug reprend les chiffres donnés par Bentobal : «Une enquête menée par le FLN estime à 12 000 le nombre de victimes musulmanes pour 71 morts européens. D'après des sources françaises, 7 500 Algériens seraient morts entre le 20 et le 25 août. Si l'on ajoute le nombre de victimes algériennes exécutées après le 25 août, on parvient à plus de
10 000 morts ; ce qui rend crédible le chiffrage du FLN. C'est assez dire que la riposte et la répression furent disproportionnées.»(3)
Il ajoute que le 20 Août a donné un second souffle à la Révolution : «Survenus dix mois après le début de la ''Toussaint rouge'', les massacres du 20 Août 1955, dans le Constantinois, représentent un tournant majeur de la guerre de Libération nationale. L'opinion prévaut que c'est à dater de ces ''événements'' et de leurs conséquences immédiates que la guerre d'Algérie a pris un visage véritablement tragique. Ces mêmes milieux, qui se donnent une posture de victime exclusive, n'évoquent jamais les représailles aveugles, mille fois plus cruelles, auxquelles se sont livrés les colons et les militaires français sur la population musulmane.»(3)
La justification de l'explosion
Omar Merzoug justifie le comportement des villageois qui ont été amenés à ces extrémités du fait du comportement inhumain du pouvoir colonial : «En réalité, écrit-il, imaginer qu'après le bain de sang de Sétif, de Guelma et de Kherrata, les communautés française et algérienne, présentes sur le sol algérien, puissent vivre en paix était une vue de l'esprit. Cela faisait longtemps que les exactions des Français et des Européens d'Algérie avaient rendu vaine toute communauté de destin. Pour le comprendre, il faut partir de ce fait irrécusable et générateur de tous les excès : la violence française a été première sur la terre algérienne. Le peuple algérien a été exposé à des tueries, à des massacres, à des enfumades et à des emmurements. Dans un second temps, ce furent les pillages, les spoliations des terres, l'exploitation et l'asservissement, la dépersonnalisation et la négation identitaire. Pour ces raisons, les massacres d'Août 1955 peuvent être lus sur le plan anthropologique comme un immense retour du refoulé. La violence du colonisé s'explique par un ensemble d'indignités, d'humiliations, de pertes humaines et matérielles. Si on y ajoute le racisme endémique des Européens d'Algérie à l'égard des «indigènes», la misère, le chômage et la faim, on a un tableau à peu près complet de ce que subirent, pendant plus de cent ans, les Algériens sur leur propre terre. Toute cette violence endurée, s'exprimant par à-coups, et ne trouvant jamais droit de cité, a fini par déborder, se nourrissant, au jour le jour, des petites vexations comme des grands massacres. Il y a en effet deux niveaux de compréhension de l'événement, un niveau qui relève du temps long depuis 1830, et un second qui concerne l'histoire immédiate, celle qui a cours depuis les massacres de très grande ampleur de mai 1945.»(3)
«Que les humanistes, prompts à donner des leçons de morale mettent tous les éléments dans la balance. Que leur protestation déroge pour une fois au principe du ''deux poids, deux mesures'' et à cet autre qui veut que la vie d'un musulman vaille cent fois moins que celle d'un Européen. Qu'ils veuillent bien se souvenir de la féroce répression qui a suivi le 20 Août 1955 : des villages rasés, les populations algériennes lynchées, des groupes d'«anges exterminateurs» sillonnant les rues des villes et donnant libre cours à leur colère et à leur vengeance. (...) Le 20 Août 1955, ce sont des masses musulmanes, conscientisées qui savaient qu'elles luttaient contre un adversaire qui les a toujours méprisées et humiliées, un colonialisme qui les jugeait comme une «race» tout juste bonne à ramper. Dans cette perspective, les massacres du 20 Août sont à saisir comme un événement politique s'inscrivant dans la revendication indépendantiste au point d'en être inséparable. À partir de cette date, aucun retour en arrière n'est possible. C'est à partir de là que le FLN accède véritablement à l'exclusivité de la représentation nationale. Le ralliement des anciens membres du Comité central du MTLD et de Ferhat Abbas est à cet égard révélateur.»(3)
«Enfin, comme chez les nazis, on instaure le règne de la responsabilité collective. Il s'agit de rendre la population d'un douar collectivement responsable de tous les dégâts commis, arrachage des poteaux du téléphone ou du sabotage des ponts. Depuis la mort de Didouche Mourad, mort au combat en janvier 1955, c'est Zighoud Youcef qui a pris, avec l'aide de Bentobal, la tête de la région. La puissance de la répression coloniale est telle que Zighoud et Bentobal sont complètement coupés des autres régions. Les chefs du Constantinois décident de se lancer dans une action le 20 Août, jour anniversaire de la déposition du sultan marocain. Le FLN avait enjoint à ses militants de ne s'en prendre qu'aux militaires, aux colons armés et à leurs séides. Sur proposition de Bentobal, l'opération doit avoir lieu en plein jour pour en décupler l'effet psychologique. Le peuple entier était invité à la révolte et pas seulement les hommes en armes. Il est encadré par les soldats de l'ALN en uniforme. L'heure H est fixée à 12h. Il est prévu que l'opération dure trois jours. Au Congrès de la Soummam, les massacres du 20 Août ont fait débat. (...) Abane Ramdane a défendu l'action des responsables incriminés. S'il est des guerres justes, il n'y a pas en effet de guerre propre.»(3)
Le Congrès de la Soummam du 20 Août 1956
Un moment capital qui a structuré la révolution fut la tenue, dans des conditions difficiles, du Congrès de la Soummam. «Organisé par Abane Ramdane et Larbi Ben M'hidi, le Congrès de la Soummam, déterminant, avait pour but l'adoption d'une charte structurant l'ossature du mouvement de l'insurrection : diviser l'Algérie en wilayas et zones, et doter l'organisation en structures militaires et administratives. Le Congrès de la Soummam fait figure de jour historique de la Révolution algérienne. La charte adoptée à son issue a doté la Révolution des structures qui lui manquaient — division de l'Algérie en six wilayas ou états-majors —, consacré le FLN comme seul représentant du peuple algérien et, surtout, le fondement de la primauté du politique sur le militaire (...) Au lendemain des événements du 20 Août 1955, dont il n'avait aucune information, Abane avait entamé un échange épistolaire avec les dirigeants des différentes zones et des responsables à l'extérieur, au Caire, pour la tenue d'une réunion des responsables de la révolution. Zighoud Youcef donna son accord. (...) Ben M'hidi, représentant de l'Oranie (président de séance), Abane Ramdane, représentant le FLN, Omar Ouamrane, représentant l'Algérois, Krim Belkacem, représentant la Kabylie, ayant assuré la prise en charge logistique, Zighoud Youcef, représentant le Nord-Constantinois, Lakhdar Bentobal, adjoint de Zighoud. (...) L'absence du représentant des Aurès est due au fait qu'avec la mort de Ben Boulaïd, la Zone 1 traversait une crise de pouvoir.»(4)
Il est vrai que la tenue dans des conditions hostiles eu égard à la férocité du pouvoir colonial mais aussi de pouvoir fédérer des chefs avec des ambitions différentes était une gageure : «Pouvons-nous imaginer un seul instant que tenir une réunion pareille relève du miracle de Dieu et d'une volonté de fer unique de ces nationalistes aux nerfs d'acier que rien n'a fait reculer, candidats à la mort avec le seul espoir, celui de voir ce pays martyrisé, violé, bafoué, humilié, volé, libéré du joug colonial. Ces grands héros, ces hommes d'un courage unique et d'une témérité exceptionnelle incomparable ont donné leurs vies pour qu'un jour l'Algérie devienne indépendante.»(4)
La philosophie de la Plateforme
Nous avons pris le soin de lire la Plateforme et nous proposons l'essentiel des décisions prises qui, selon nous, sont d'une hauteur de vue remarquable que nous aurions gagné à adopter après l'indépendance. Nous lisons : «L'Algérie, depuis deux ans, combat avec héroïsme pour l'indépendance nationale. La révolution patriotique et anticolonialiste est en marche. L'Armée de libération nationale se bat pour une cause juste. Les harkas de goumiers, recrutés parmi les chômeurs souvent trompés sur la nature du ''travail'' pour lequel ils étaient appelés, disparaissent dans le maquis. L'ALN tenant en échec la force colossale de l'armée colonialiste française, renforcée par les divisions ''atomiques'' prélevées sur les forces de l'Otan. (...) L'action de l'ALN a bouleversé le climat politique en Algérie. Elle a permis au peuple algérien une nouvelle prise de conscience de sa dignité nationale.»(5)
Non au culte de la personnalité
«Dans un délai extrêmement court, le FLN a réussi le tour de force de supplanter tous les partis politiques existants depuis des dizaines d'années. C'est le résultat de la réunion des conditions indispensables suivantes : le bannissement du pouvoir personnel et l'instauration du principe de la direction collective composée d'hommes propres, honnêtes, imperméables à la corruption, courageux, insensibles au danger, à la prison ou à la peur de la mort. La condamnation définitive du culte de la personnalité, c'est une lutte nationale pour détruire le régime anarchique de la colonisation et non une guerre religieuse. C'est une marche en avant dans le sens historique de l'humanité et non un retour vers le féodalisme. C'est enfin la lutte pour la renaissance d'un Etat algérien sous la forme d'une république démocratique et sociale et non la restauration d'une monarchie ou d'une théocratie révolues.»(5)
L'apport de la jeunesse et des élites
«La jeunesse algérienne a les qualités naturelles de dynamisme, de dévouement et d'héroïsme. De plus, elle se caractérise par un fait rare. Très nombreuse, elle représente près de la moitié de la population totale. C'est donc pour le FLN un levier inflexible d'une puissance et d'une résistance formidables. Le ralliement des intellectuels à la patrie algérienne, le fait que la «francisation» n'a pas réussi à étouffer leur conscience nationale, la rupture avec les positions idéalistes individualistes ou réformistes sont les preuves d'une saine orientation politique. (...) Nous saluons avec émotion, avec admiration, l'exaltant courage révolutionnaire des jeunes filles et des jeunes femmes, des épouses et des mères ; de toutes nos sœurs moudjahidate qui participent activement, et parfois les armes à la main, à la lutte sacrée pour la libération de la Patrie.»(5)
La lucidité du FLN historique
«La Révolution algérienne n'a pas pour but de ''jeter à la mer'' les Algériens d'origine européenne, mais de détruire le joug colonial inhumain. La Révolution algérienne n'est pas une guerre civile, ni une guerre de religion. La Révolution algérienne veut conquérir l'indépendance nationale pour installer une République démocratique et sociale garantissant une véritable égalité entre tous les citoyens d'une même patrie, sans discrimination.»(5)
L'appel aux communautés chrétienne et juive
«Mais le déchaînement de la haine antisémite qui a suivi les manifestations colonialo-fascistes a provoqué un trouble profond qui fait place à une saine réaction d'auto-défense. Ceux-là n'avaient pas la mémoire courte. Ils n'ont pas oublié l'infâme souvenir du régime de Vichy. En dépit du silence du Grand Rabbin d'Alger, contraste avec l'attitude réconfortante de l'archevêque se dressant courageusement et publiquement contre le courant et condamnant l'injustice coloniale, sans puiser dans l'histoire de notre pays les preuves de tolérance religieuse, de collaboration dans les plus hauts postes de l'Etat, de cohabitation sincère, la Révolution algérienne a montré, par les actes, qu'elle mérite la confiance de la minorité juive pour lui garantir sa part de bonheur dans l'Algérie indépendante.»
La place de la langue arabe et de l'islam
La langue arabe, langue nationale de l'immense majorité, a été systématiquement étouffée. Son enseignement a disparu dès la conquête par la dispersion des maîtres et des élèves, la fermeture des universités, la destruction des bibliothèques, le vol des donations pieuses. La religion islamique est bafouée, son personnel domestiqué, choisi et payé par l'administration colonialiste.
L'impérialisme français a combattu le mouvement progressiste des Oulémas pour donner son appui total au maraboutisme. La ligne de démarcation de la Révolution ne passe pas entre les communautés religieuses qui peuplent l'Algérie, mais entre, d'une part, les partisans de la liberté, de la justice, de la dignité humaine et, d'autre part, les colonialistes et leurs soutiens, quelles que soient leur religion ou leur condition sociale.
La nécessité d'une unité maghrébine
«L'Algérie libre et indépendante, brisant le colonialisme racial fondé sur l'arbitraire colonial, développera sur des bases nouvelles l'unité et la fraternité de la Nation algérienne dont la renaissance fera rayonner sa resplendissante originalité. Mais les Algériens ne laisseront jamais leur culte de la Patrie, sentiment noble et généreux, dégénérer en un nationalisme chauvin, étroit et aveugle. C'est pourquoi ils sont en même temps des Nord-Africains sincères, attachés, avec passion et clairvoyance, à la solidarité naturelle et nécessaire des trois pays du Maghreb. L'Afrique du Nord est un TOUT par : La géographie, l'histoire, la langue, la civilisation, le devenir.» «La Révolution algérienne est un combat patriotique, dont la base est incontestablement de caractère national, politique et social. Elle n'est inféodée ni au Caire, ni à Londres, ni à Moscou, ni à Washington. Elle s'inscrit dans le cours normal de l'évolution historique de l'humanité qui n'admet plus l'existence de nations captives.»
À lire ces dispositions généreuses, j'ai peine à croire que nous étions capables de cela. Je ne reconnais actuellement plus mon pays, ballotté entre le sacerdoce du FLN révolutionnaire. Nous avons régressé par rapport à ce que nous rêvions pour cette Algérie. Le Congrès de la Soummam est éminemment moderne, l'appliquer nous permettrait d'être en paix avec nous-mêmes, avec cette Algérie millénaire faite de tolérance, d'empathie et de solidarité. Qui a plus que jamais besoin de la mise en place d'un récit national pour consolider l'algérianité et le vivre-ensemble pour enfin commencer à faire ensemble, en regardant vers le futur et en donnant des raisons d'espérer à la jeunesse en lui proposant une utopie mobilisatrice, capable de mettre en œuvre une nouvelle révolution, celle du savoir et du compter-sur-soi.(6)
C. E. C.
1. 1http ://www. algerie 360. com /algerie/guerre-dindependance-tout-se-joua-le-20-aout-1955/
2.Claire Mauss-Copeaux http://ldh-toulon.net/l-insurrection-du-Constantinois-20.html
Omar Merzoug http://www.lequotidien-oran. com/ index. php? news=5172024
4.http://www.reflexiondz.net/CONGRES-DE-LA-SOUMMAM-DU-20-AOUT-1956-Emergence-d-une-Nation_a30770.html
5.Le Congrès de la Soummam 20 aout 1956
6. Chems Eddine Chitour https://www.lexpressiondz.com/chroniques/l-analyse-du-professeur-chitour/quen-reste-t-il-223317


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