«No east no west, Islam is the best.» C'était le credo des partisans de l'ex-FIS à l'origine d'une des pages les plus traumatisantes vécues par la société algérienne. Fort heureusement, le sursaut des patriotes aura évité le pire. Peut-on en dire autant des pauvres populations afghanes ? Kaboul est tombée aux mains de l'hydre islamiste, les Talibans crient leur détermination d'appliquer la loi fondamentale, Charia, dans toute sa rigueur. Toute référence à l'étranger, quelle que soit sa nature, vestimentaire ou autre, sera punie du pire des châtiments. Quelques centaines d'Afghans et Afghanes ont eu la chance inouïe de s'enfuir. En fait, c'est tout le peuple afghan, pris au piège, qui se retrouve dans une immense prison à ciel ouvert. Sans exagération aucune. Hier déjà une image, par la bêtise qui la prédispose, me fait rappeler la propagande de nos islamistes dans les années 90 : il y a d'abord la femme déchue de toute humanité, réduite à une machine pour les besoins de procréation exclusivement et les plaisirs charnels. Prohibition de la tenue vestimentaire occidentale, la musique, «haram». Comme pour inaugurer ce bal des vampires, des Talibans ont jugé utile de se donner en spectacle, détruisant à grands coups de haches un poste de téléviseur après lecture de versets coraniques qui, peur eux, justifieraient cet acte aussi insensé. De fait les populations afghanes se retrouvent dans la gueule du loup sans échappatoire possible. Sans doute pour asseoir leur pouvoir, les nouveaux maîtres de Kaboul régneront d'une main de fer qui fait craindre toutes les atrocités et ignominies. Les exemples de pareille situation sont légion. En Iran, au lendemain de la victoire des ayatollahs, la fine fleur des officiers supérieurs du Shah a été passée au fil de l'épée. Deux millions et demi de Cambodgiens sont morts du fait de la politique des sinistres Pol Pot, Khieu Samphân (âgé aujourd'hui de 90 ans), chefs des Khmers rouges. Retour aux sources, authenticité sont les pires prétextes de n'importe quel régime dictatorial. En Afghanistan, le syndrome iranien (présence hégémonique des Etats-Unis avec 25.000 Américains) va jouer mais c'est surtout la domination de l'Occident chrétien sur les musulmans. Le désir de vengeance en est la motivation. Le chaos qui peut s'installer dans ce pays, très pauvre et sans ressources naturelles, s'apparente à d'autres : Irak, Syrie, Yémen, Libye, Sahel, voire dans les autres régions jusqu'au Mozambique, en Afrique de l'Est. N'oublions pas les divisions dans la mouvance islamiste, notamment l'EI, Al Qaïda, Daesh et bien sûr les Talibans. Alors que les alliés occidentaux publiquement se désolent de leur échec, les Talibans triomphants sont ménagés par les pays frontaliers qui craignent un phénomène de contagion dans les républiques musulmanes et donc une instabilité destructrice. Pour l'heure, les nouveaux maîtres de Kaboul qui ne peuvent prétendre à un chèque en blanc vont donc faire bonne figure pour ne pas revivre l'épisode passé de leur échec, il y a 20 ans, sous les coups de l'armée de l'Alliance atlantique. La situation de l'Afghanistan, «talibanisé», focalisera l'attention pour longtemps, mais cela profitera-t-il à son voisin du Nord, l'Iran, sous pression depuis des années pour cause de son programme nucléaire ? Les ayatollahs peuvent espérer souffler. Jusqu'à nouvel ordre. Brahim Taouchichet