Je monte dans le taxi, le chauffeur se met à tousser. Je sursaute. Il s'excuse aussitôt ! «Ce n'est rien. Pas de souci, j'ai juste avalé de travers !» «Ah oui ? Vous avez mangé ou bu quelque chose ?» «Non, mais j'ai quand même avalé de travers. Je ne sais pas pourquoi c'est arrivé, mais rien à craindre ! Je porte une bavette. Normal !» Une fois de plus, le stupide «normal», passé dans le langage usuel et que l'on convoque à toutes les sauces pour appuyer un avis et mettre un terme aux excuses. «À quoi vous sert une bavette que vous portez sous le nez monsieur?» Je sentais que je commençais à lui courir sur le système. Mais voilà que, sur un ton sévèrement docte, l'homme se met à m'expliquer pourquoi il n'y aurait aucune raison de s'affoler, que l'Omicron n'a absolument rien de semblable au Delta qui, lui, par contre, était meurtrier. Sa bavette est de couleur noire. Comme ça, pas besoin d'en changer aussi fréquemment que quand elle est bleue et laisse deviner qu'elle n'est plus aseptisée depuis un certain temps. Certes, le fait d'en parler est, à lui seul, écœurant. Il faut pourtant décrire certains comportements adoptés face à un virus dont une majorité, celle qui refuse d'aller se faire vacciner, ne veut pas croire qu'il soit aussi menaçant que l'affirment les experts en la matière. En écoutant parler mon conducteur, j'ai essayé de comprendre pourquoi une personne qui, pourtant, semblait au fait des derniers développements, n'en retenait que ce qui l'arrangeait ? Tandis qu'il me refaisait l'actualité sous des couleurs optimistes, je me surprenais à envier le ton zen avec lequel il m'expliquait en quoi l'Omicron, agressif, était sur le point d'abandonner sa course et pourquoi je devais me détendre au lieu de m'abîmer les mains en usant à l'excès de gel hydro-alcoolique. «De toutes façons, si Dieu décide que vous serez infectée, vous pourrez toujours vous désinfecter les mains, vous serez quand même contaminée. Allah yestar est c'est tout » ! J'ai pensé, un instant, qu'il allait pester contre la cherté des tests et regretter qu'ils ne soient pas gratuits. Il a préféré aller au mécontentement divin ! M. B.
