Par Arezki Metref [email protected] Dimanche 5 d�cembre : Murs de prison Enfin, une bonne nouvelle dans cette grisaille ! Mohamed Gharbi, le Patriote, celui qui a d�fendu sa dignit� de Patriote, est graci�, amnisti�, pardonn�, je ne sais pas trop comment on dit en l�occurrence, par le pr�sident de la R�publique qui a cette possibilit� dans ses fonctions. Au-del� de toute consid�ration judiciaire, son cas est d�abord politique, comme l�est cette chose qui s�appelle la �r�conciliation nationale�, plut�t embl�matique de l�inclinaison de la justice en glaive vengeur, vindicatif m�me, au service de la tendance dominante, l�islamisme. Tout cela a �t� dit et redit deux fois plut�t qu�une. Alors pourquoi en parler ? Parce que la mobilisation en faveur de Mohamed Gharbi, accrue ces derniers jours notamment par l�inclusion de jeunes, porte ses fruits. Il faut s�en r�jouir. �La justice est souvent le masque du courroux.� Jean de Rotrou. Lundi 6 d�cembre : Mama mia ! MAMA ? D�crypt�, c�est le Mus�e d�art moderne d�Alger. Note bien le mot mus�e, tu en auras besoin plus tard ! Install� dans les anciennes Galeries alg�riennes rue Larbi-Ben- M�hidi, il est pr�sent� comme le fleuron des r�alisations culturelles dont se targue le minist�re du m�me nom. Lorsqu�en 2006, il a �t� question de transformer les antiques Galeries en mus�e, un concours national d�architecture a �t� lanc�. Comme il se doit ! Il a �t� d�croch� par Halim Fa�di, m�daill� de l�Acad�mie fran�aise d�architecture. �Alger, capitale de la culture arabe� oblige, le minist�re de la Culture commande � l�architecte une structure provisoire en 2007 histoire de ne pas rater l�inauguration en grande pompe devant le monde arabe �baubi, promettant que les travaux seront r�alis�s plus tard. Mais apr�s l�inauguration en grosse caisse, walou ! L�architecte attend, il ne se passe rien. Il y avait comme du vent dans la promesse. Amer � raison devant les promesses non tenues, ce qui tend � devenir une sp�cialit�, Halim Faidi d�clare au Monde diplomatique (d�cembre 2010) : �Actuellement, il n�y a m�me pas de bureau sur site pour le directeur ni de r�serve pour stocker les �uvres. Les normes de s�curit� ne sont pas respect�es. Que se passerait-il en cas d�incendie ? Dans de telles conditions, comment esp�rer accueillir des collections venant des mus�es �trangers ? Au minist�re, on fait croire aux Alg�riens que le MAMA est un mus�e, alors qu�au mieux, ce n�est qu�une galerie.� �Personne ne peut porter longtemps le masque.� S�n�que. Mardi 7 d�cembre : Doublons Simultan�ment, la C�te d�Ivoire a deux pr�sidents et la France deux miss. Quoi de commun ? La couronne, pardi, la couronne ! Dans le pays d�Afrique dop� au cacao, les deux heureux �lus qui ont form� leurs gouvernements respectifs s'accusent mutuellement d�avoir trich�. Ouattara a l�ONU et les Etats-Unis avec lui, Gbagbo b�n�ficie du soutien de la Russie. Remake de la guerre froide ? Un conflit d�influence se poursuit � coup s�r. Et de gros sous. C�est aussi la probl�matique concernant miss France. La dissidence de Genevi�ve de Fontenay se dissimule bien s�r derri�re des valeurs, mais celles-ci sont d�abord de l�ordre du fric. L�accusation de non-respect d�un certain nombre de valeurs est �videmment un autre masque : celui qui consiste � cacher des int�r�ts sonnants et tr�buchants ! Il est curieux que Nicolas Sarkozy qui se m�le de tout ne se soit pas prononc� sur la dualit� des miss. Il a bien donn� son avis sur la C�te d�Ivoire ! �La b�tise n�interdit pas l�entreprise, au contraire, elle en masque les obstacles et fait appara�tre facile ce qui, � toute t�te un peu raisonnante, semblerait d�sesp�r�.� Maurice Druon. Mercredi 8 d�cembre : Le bonjour de Sant�Egidio ! A Boumerd�s, lit-on dans Le Soir d�Alg�rie d�aujourd�hui, les redresseurs du FLN se dressent contre Belkhadem. �Nous ne pouvons pas laisser un partisan de Sant�Egidio � la t�te du FLN et devenir pr�sident de la R�publique.� Cependant, cette d�claration de guerre louable, et m�me ponctuellement pertinente, appelle un certain nombre de commentaires. Yiwan : Tiens, comment se fait-il que Belkhadem qui, depuis 15 ans, fait quasiment la pluie et le beau temps, devienne soudainement le bouc �missaire ? Par taghanant, on aurait presque envie de prendre sa d�fense. Sine : Sant�Egidio ? Mais il est au pouvoir, l�esprit Sant�Egidio. C�est quoi, la r�conciliation nationale ? C�est quoi ces �mirs suintant de sang qui continuent � jouer les seigneurs de la guerre et � bomber le torse devant les proches de leurs victimes d�hier ? C�est quoi toutes ces concessions aux islamistes que l�on trouve normales comme si elles coulaient de source ? Ce n�est pas nouveau, Sant�Egidio au pouvoir ! Thlatha : On apprend au moins une chose pr�cieuse : c�est que pr�sident du FLN veut dire futur pr�sident de la R�publique ! Quand cet axiome a-t-il �t� v�rifi� ? Les redresseurs ne nous le disent pas. Par contre, ce qu�ils nous font voir et eux et leur Belkhadem et leur Bouteflika, c�est que la politique se r�duit aux jeux de massacres autour du pouvoir, ce qui n�a naturellement rien � voir avec les pr�occupations des citoyens. �Il n�y a rien de tel qu�un peu de v�rit� pour masquer un mensonge. � William Congreve. Jeudi 9 d�cembre : Masques africains ! Le continent noir, ce n�est pas seulement les guerres, les putschs, les d�chirements ethniques et religieux, les �lections truqu�es ou pas comme en C�te d�Ivoire pour l�un et en Guin�e pour l�autre. C�est aussi � partir du 10 d�cembre (jusqu�au 30) le troisi�me Festival mondial des arts n�gres qui s�ouvrira � Saint- Louis du S�n�gal. La premi�re �dition de ce festival date de 1966, initi� par l�un des p�res de la n�gritude, L�opold S�dar Senghor. A l��poque, le po�te qui pr�sidait aux destin�es du S�n�gal voulait qu�on c�l�bre la cr�ativit� de l�Afrique � quelques encablures des ind�pendances. Cette ann�e, un invit� : le Br�sil. Terre des m�tissages o� l�Afrique est pr�sente. C�est l�occasion de formaliser un peu l�apport de l�Afrique au monde. Culturellement, de la musique aux masques africains en passant par les danses, le continent est outrageusement pill�. �Il y a des visages plus beaux que les masques qui les couvrent. � Jean-Jacques Rousseau. Vendredi 10 d�cembre : La com�die s�appelle �We are four lions� (Nous sommes quatre lions). Elle est de l�humoriste britannique Chris Morris. De quoi parle cette com�die satirique ? De terroristes islamistes ! Mais attention, ici, ce ne sont pas des combattants martyrs, ces kamikazes illumin�s, mais une bande de bons � rien, un peu les pieds nickel�s. Un peu aussi Le dictateur de Charlie Chaplin. Chris Morris veut faire rire en partant du principe cathartique selon lequel la seule r�ponse aux attentats-suicides serait la d�rision. On ne sait pas comment les proches des victimes des attentats de Londres r�agiront� �Le cin�ma n�a jamais fait partie de l�industrie du spectacle, mais de l�industrie des cosm�tiques, de l�industrie des masques, succursale elle-m�me de l�industrie des mensonges.� Jean-Luc Godard..